Une solution pour aider les vignerons à décarboner leur activité
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En Nouvelle-Aquitaine, près de 5 500 hectares de pieds de vigne, trop vieux ou malades, sont arrachés chaque année. Une jeune entreprise girondine, Vinea Énergie, s’est penchée sur le sujet et propose un débouché aux viticulteurs, avec de nombreux bénéfices, économiques et environnementaux, à la clé.
Alice Shaw et son mari, Romain Guillaument, sont toujours à la recherche de nouvelles idées. Elle travaille dans le vin depuis près de quinze ans, lui est chercheur en physique. C’est en juin 2020, à la suite d’échanges avec des amis viticulteurs autour de Bordeaux, qu’ils ont imaginé Vinea Énergie, start-up et « nouvelle filière » pour permettre la limitation des émissions de carbone dans la viticulture.
« Nous sommes partis d’un double constat », détaille Alice Shaw. « Du côté des viticulteurs, le manque de débouchés pour leurs pieds de vigne arrachés, qui les oblige à les brûler à l’air libre faute d’autre solution*. Et de l’autre, le besoin local en bois pour le chauffage ou l’amendement des sols. Il nous a paru logique de faire le lien entre les deux, en y intégrant une réflexion forte sur l’empreinte carbone. »
Le bois transformé localement en biocombustible
La première étape de cette nouvelle activité, c’est un service de ramassage directement sur l’exploitation. « Il suffit que le viticulteur nous contacte, et on vient chez lui collecter les pieds de vigne », précise Alice Shaw. « On lui propose aussi une attestation de ramassage, qui lui permet de prouver ce qu’il a fait de ses déchets, et un équivalent du CO2 qu’il n’a pas rejeté dans l’atmosphère. »
La deuxième « brique » de ce projet, c’est la transformation locale de ce bois en biocombustible sous forme de plaquettes. « La vigne a un pouvoir calorifique comparable à celui du chêne », précise Alice Shaw, « ce qui la rend très intéressante pour les systèmes de chauffage. » Elle explique aussi que l’entreprise est entrée dans le développement d’un futur combustible 100% vigne, à fort rendement énergétique, qui devrait être lancé en 2023.
Limiter l’empreinte carbone et lutter contre le changement climatique
Le ramassage et la transformation des pieds permet de limiter grandement l’empreinte carbone des viticulteurs concernés, participant ainsi à lutter contre le dérèglement climatique. « On encourage les viticulteurs à décarboner leur activité », confirme Alice Shaw. L’autre atout du projet est qu’il est pensé en local : « On raisonne en circuit court. On a des plateformes dans le bordelais et en Charente, le ramassage se fait dans un rayon de 45 min, la vente des produits dans un rayon de 100 km. L’idée est que l’économie soit circulaire. On veut que les pieds de vigne servent directement dans le territoire où ils ont été arrachés. »
Pour l’instant implantée uniquement en Nouvelle-Aquitaine, Vinea Énergie a l’ambition de se développer ensuite dans le Languedoc, puis dans le reste des vignobles français. Alice Shaw en est persuadée : « Il y a une vraie prise de conscience des viticulteurs. Ils ont envie de faire autrement, plutôt que de répéter ce qui s’est toujours fait. »
* L’interdiction du brûlage à l’air libre des déchets verts ne concerne pas les résidus agricoles. Toutefois, cette pratique est déconseillée et peut être interdite temporairement par les préfets, notamment lors d’épisodes de pollution.
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