Redonner sa place à l'agriculture : le projet alimentaire du cirque de Mafate (La Réunion)
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Le Projet alimentaire territorial (PAT) « Planté pour manzé » de Mafate fait partie des 31 lauréats de l’édition 2018-2019 du Programme national pour l'alimentation. Ce PAT, porté par le Parc national de La Réunion, veut redynamiser un territoire où l’agriculture a été peu à peu abandonnée avec le développement croissant du tourisme depuis les années 80.
La beauté de l’île de La Réunion attire plus de 500 000 visiteurs par an dont environ 100 000 à Mafate. Cœur habité du Parc national de la Réunion, ce lieu isolé fait partie des « Pitons, cirques et remparts », inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Ici pas d’hôtels, pas de routes, mais 140 km de sentiers escarpés et des gîtes qui font le bonheur des randonneurs. « Le cirque de Mafate est constitué de plusieurs îlets séparés par de grandes failles et accessibles, parfois, par 4 ou 5 heures de marche. Historiquement, c’est un lieu refuge, où les habitants ont toujours dû s’adapter aux conditions du milieu du fait de l’isolement et de la difficulté d’accès », décrit Jean-Philippe Delorme, le directeur du Parc national de La Réunion. Jusqu’au début des années 80, Mafate était un espace très autonome dans sa production agricole, qui avait su organiser une agriculture très inventive, très adaptative mais avec la demande touristique et la facilité d’approvisionnement par l’hélicoptère, une partie de la population a basculé sur l’économie touristique, abandonnant l’agriculture.
Redynamiser les cultures vivrières et développer les circuits courts
Le Projet alimentaire territorial part d’un constat : le recul des superficies agricoles cultivées et une alimentation largement issue d’un approvisionnement sur littoral. Le recours à l’héliportage pour l’acheminement des denrées a peu à peu entraîné une standardisation de l’offre alimentaire des gîtes. « L’alimentation locale est devenue très normée et n’a rien à voir avec le lieu. Il faut ré-ancrer l’offre alimentaire dans le territoire à travers une agriculture redynamisée », explique Jean-Philippe Delorme. Intégrer l’économie agricole à l’économie touristique reste un grand défi mais l’objectif majeur est de développer une production alimentataire locale de qualité. « Avec ce PAT, nous travaillons sur le circuit court, la professionnalisation agricole, la redynamisation de la culture vivrière sur un plan alimentation-santé-territoire. Il y a une agriculture mafataise à réinventer en revalorisant une tradition culinaire et un savoir-faire perdu », souligne le directeur du Parc national.
Recréer du lien entre les activités et redonner à chacun un rôle sur le territoire
Des études et des actions sont menées en partenariat avec les habitants du cœur habité et les institutions qui œuvrent sur ce territoire afin de connaître le potentiel agricole. Des actions sont menées auprès des habitants et scolaires du cirque afin de les sensibiliser aux variétés lontan (cultures dites oubliées), à l’alimentation durable, à l’agroécologie… afin que Mafate évolue vers un éco-territoire, une référence en termes de tourisme durable.
Le Projet alimentaire territorial doit recréer à terme du lien entre les habitants du cirque mais aussi entre les activités afin de redonner un rôle à chacun sur le territoire. Il s’agit d’un outil qui peut permettre, comme le démontre l’exemple mafatais (sur la restauration scolaire par exemple), une relocalisation de l’alimentation dans les territoires ultramarins, objectif central visé par le Livre Bleu Outre-Mer, issu des Assisses des Outre-mer.
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