Les gaspillages et les pertes de la « fourche à la fourchette » - Production, distribution, consommation – Document de travail n°7
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Du fait de la croissance démographique et des changements de comportements alimentaires, la demande alimentaire mondiale pourrait, selon les sources, encore augmenter de 40 %à 70 %d’ici à 2050. Une pression très forte pèsera donc sur la production agricole dans les décennies à venir. Or, celle-ci est déjà très contrainte : non seulement par les limites de la biologie, de l’agronomie et des aléas naturels, mais aussi par les impacts prévisibles du changement climatique et de l’urbanisation sur les surfaces agricoles et la disponibilité en eau.
Au-delà de l’accroissement de la production agricole, la réduction des pertes et des gaspillages constitue un levier important pour accroître l’offre disponible pour l’alimentation. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le volume total de nourriture perdue ou gaspillée chaque année équivaudrait à plus de la moitié de la production céréalière mondiale (1,3 milliard de tonnes en 2009-2010). Les pays industriels et les pays en développement (PED) gaspillent grosso modo les mêmes quantités de nourriture, soit respectivement 670 millions et 630 millions de tonnes. Mais les enjeux sont différents : dans les pays en développement certains agriculteurs n’ont même pas les moyens de protéger leur production par une bâche ou un sac, alors que dans les pays développés on gâche sans même s’en apercevoir. Il s’agit donc d’un élément-clé dans l’équation de la sécurité alimentaire mondiale.
La problématique des pertes et gaspillages n’est pas récente. L’homme a une longue expérience de préservation et de protection des ressources alimentaires, tant en termes de stratégies de conservation que de lutte contre les nombreux ravageurs, et cette expérience a contribué à sa survie. Il faut toutefois attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que la lutte contre les pertes et gaspillages alimentaires fassent l’objet d’une mobilisation plus collective au niveau international. Suite à la Conférence mondiale de l’alimentation organisée en 1974, le premier programme ambitieux de la FAO, baptisé Prevention of food losses, a ainsi été mis en place pour les pays du Sud. Dans les sociétés modernes et riches du Nord, cette préoccupation a émergé plus tardivement, au tournant du millénaire, en même temps que celle sur l’obésité, et plutôt pour évaluer la surconsommation. De nombreuses publications scientifiques américaines, britanniques et suédoises, relayées par des associations de consommateurs belges ou suisses, ont alors mis en avant la question du gaspillage de nourriture. Cette question a été particulièrement médiatisée par deux rapports en 2011 : celui de la FAO, Global Food Losses and Food Waste et celui du Foresight britannique, The Future of Food and Farming : challenges and choices for global sustainability.
Les Documents de travail présentent, en une vingtaine de pages, des travaux inédits réalisés sur les domaines d'intervention du ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt. De nature technique et stratégique, ils adoptent des approches prospectives ou évaluatives et associent souvent des méthodes qualitatives et quantitatives. Ils comportent des éléments de diagnostic, de comparaison internationale, et éclairent les grands enjeux de politiques publiques. L’objet de leur diffusion est de stimuler le débat et d’appeler commentaires et critiques.