« Le glyphosate ? Jamais on ne reviendra en arrière »
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Mathilde Jacqueline est viticultrice en Savoie avec son père. 6 hectares qui dominent le lac du Bourget… et qui n'ont pas vu un seul herbicide depuis 2008 ! Un choix évident – mais pas sans conséquence – pour cette perfectionniste, amoureuse de son terroir, qui mise tout sur la qualité de sa production. Aujourd'hui en conversion bio, le vignoble est en perpétuelle évolution.
« L'exploitation a été créée par mon père il y une trentaine d'année. Dès le début, il a travaillé en raisonné de manière très poussée. Mais il a constaté une stagnation de la qualité de ses vins. Il s'est alors remis en question, et a mis en place une nouvelle stratégie : d'abord l'arrêt du glyphosate dans les années 2000 et, en 2008, il décide d'arrêter toute utilisation d'herbicides. Je suis arrivée en 2014, l'année où nous avons entamé la conversion bio du domaine. Nous avons aussi recours à la biodynamie pour stimuler la vigne avec ses défenses naturelles, notamment avec la phytothérapie (tisanes de plantes, huiles essentielles...).
Nos motivations ? D'abord, préserver l'environnement. Nous sommes très attachés à notre lac entouré de forêts. C'est aussi l'envie de faire des vins de qualité, sans oublier l'aspect santé : quand on fait de l'ébourgeonnage, on a vraiment les mains dans le glyphosate !
Tout cela a demandé beaucoup de travail, beaucoup d'essais. On a énormément cherché, et être dans le réseau Dephy nous a donné confiance, nous a permis de progresser.
Des résultats concrets sur la qualité du sol, du vin… et du travail
Ce qui comptait pour nous c'était vraiment le sol, lui trouver un équilibre, une meilleure texture, une plus grande diversité floristique. Aujourd'hui, on voit le résultat : quand il pleut, nos parcelles sont bien drainées, quand celles de nos voisins sont inondées.
Actuellement, nous faisons un rang sur deux et nous laissons l'herbe aller jusqu'aux ceps. Nous griffons en bas des ceps avec un petit tracteur. Ça fonctionne bien, mais nous sommes obligés d'en faire certains à la pioche. Et pour nos parcelles en coteaux, nous avons investi dans un treuil. Avec le temps, nous avons amélioré nos pratiques. En 2014, on faisait 1 rang ou 2 en 1h ou 2h, aujourd'hui, on peut gérer la parcelle en une matinée. C'est plus de travail, mais nous sommes gagnants en termes de qualité de travail et de qualité de produit.
C'est vrai qu'il y a une baisse de rendement, mais comme nous faisons de la vente directe, nous valorisons mieux nos vins. Avec l'œnotourisme, c'est important d'expliquer ce que nous faisons et de pouvoir être fiers de son travail. Cette année, les rendements ont remonté, nous avons fait une très belle récolte ! »
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