« Être moteur du changement, c'est aussi le rôle d'un lycée agricole »
Partager la page
Hélène Debernardi est directrice de l’établissement public d'enseignement agricole du Pas-de-Calais, qui regroupe trois exploitations. Si celle de Saint-Omer est en maraîchage bio depuis 10 ans déjà, les deux autres – celles de Tilloy-lès-Mofflaines et de Radinghem – sont engagées depuis plusieurs années dans une démarche globale qui inclut la réduction des produits phytosanitaires. La recette : une remise à plat complète de chaque système.
« Par l'intermédiaire de ses exploitations agricoles, notre établissement souhaite être moteur sur le territoire pour valoriser des pratiques nouvelles utiles aux agriculteurs. Ainsi, nous travaillons avec les représentants des branches professionnelles afin de répondre collectivement aux questions qui se posent. En tant qu'établissement d'enseignement agricole, notre rôle est aussi d'être un lieu d'expérimentation, de tester les différentes options techniques pour les professionnels et d'accompagner cette évolution de l'agriculture.
Une réduction de 50% des phytos en moins de 10 ans
Sur le site de Tilloy-lès-Mofflaines, par exemple, nous avons, en moins de 10 ans, réduit de 50% l'utilisation des produits phytosanitaires, glyphosate inclus. L'exploitation, membre des réseaux Dephy Fermes et Expe, a beaucoup évolué depuis 2009. Il s'agit aujourd'hui de grandes cultures (céréales, pomme de terre et betterave) avec un objectif "zéro herbicide" en combinant la réduction du travail du sol.
C'est un objectif. Nous faisons le maximum pour ne pas utiliser de glyphosate, et nous y arrivons parfaitement depuis 2 ans. Nous privilégions le désherbage mécanique, l'allongement des rotations, les intercultures innovantes… Même si on constate parfois une baisse de rendement, on met en avant la marge brute, qui peut être maintenue avec le moindre recours aux produits phytosanitaires notamment.
Un système plus économe, moins dépendants des intrants
Sur le site de Radinghem, où nous avons un élevage de vaches laitières et de brebis, nous n'utilisons plus de glyphosate depuis 2016. Là aussi, c’est un approche système avec une recherche d’autonomie alimentaire des élevages, une plus grande place donnée à l’herbe, et une réduction générale des intrants, avec réduction du travail du sol. Aujourd'hui, sur ce site, nous avons un système plus économe et moins dépendant des intrants.
Pour faire évoluer une exploitation, cela nécessite une remise à plat globale de son système. Il faut prendre en compte tous les paramètres et faire bouger tous les leviers à sa disposition. Les freins ? Ils sont économiques, mais aussi techniques. C'est là où, en tant que centre de formation, nous avons toute notre place et notre légitimité. »
Voir aussi
Plan de sortie du glyphosate : le dispositif
01 février 2019Transition agroécologique
Le centre de ressources : des solutions concrètes pour sortir du glyphosate
01 février 2019Presse
Écophyto : réduire et améliorer l'utilisation des phytos
01 février 2021Transition agroécologique
« Sans glyphosate, j'appréhende différemment le vivant, la terre et le végétal »
29 novembre 2018Production & filières
« Le glyphosate ? Jamais on ne reviendra en arrière »
30 novembre 2018Transition agroécologique
« L'exploitation est zéro phyto, les élèves le savent et l'acceptent très bien ! »
30 novembre 2018Transition agroécologique