Agriculture et numérique
Cheick Saidou/agriculture.gouv.fr

20 avril 2022 Info +

Une feuille de route pour développer le numérique dans l’agriculture française

Le 28 février 2022, dans le cadre du Salon international de l’agriculture, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, ont présenté la feuille de route du Gouvernement qui comprend 7 axes de travail pour le déploiement de l'innovation et du numérique en agriculture.

L’agriculture française est engagée dans la 3e révolution agricole pour construire une agriculture plus souveraine, tout en étant toujours plus durable et plus résiliente. Le numérique est un pilier de cette 3e révolution agricole, avec la robotique, la sélection variétale et le biocontrôle. Combiné à la robotique, le numérique permet notamment de réduire la pénibilité de certaines tâches pour les agriculteurs et d'améliorer le bien-être animal.

Le numérique est un atout pour apporter des réponses aux grands enjeux agricoles :

  • résilience économique ;
  • adaptation au changement climatique ;
  • atténuation des émissions de gaz à effet de serre ;
  • prévention et gestion des épidémies animales avec un effet potentiel sur la santé humaine (One Health).

Cependant le numérique est aussi porteur de risques, ceux liés à la cybersécurité, mais aussi celui de voir des agriculteurs, et plus généralement l’agriculture française, devenir captifs d’outils dont les concepteurs auront leur logique propre, distincte de celles des agriculteurs et des attentes des citoyens.

Pour que le numérique soit au service des agriculteurs et de 3e révolution agricole, ainsi que de la performance sanitaire en France et en Europe et qu’il permette une meilleure information des consommateurs, l’État accompagne le développement du numérique dans l’agriculture française à travers 7 axes de travail.

Les 7 axes de la feuille de route « Agriculture et numérique »

1. Numérique et formation dans l’enseignement et le conseil agricole

Les métiers des secteurs agricoles, forestiers et alimentaires s’appuient de plus en plus sur des outils numériques et demandent donc des compétences adaptées pour maîtriser ces outils. Conduite entre novembre 2019 et février 2020, la consultation nationale sur l’évolution des diplômes de l’enseignement agricole a ainsi conclu au nécessaire renforcement de la compétence numérique dans les diplômes du niveau bac pro au niveau BTS en particulier. Cette ambition passe à la fois par un développement du numérique dans les pratiques pédagogiques, qui apporte aux apprenants une familiarité avec le numérique et ses enjeux, et par l’introduction des enjeux et outils du numérique dans les référentiels de formation. Les établissements d’enseignement agricole, publics et privés, adaptent leur offre de formation.

Les chambres d’agriculture développent des outils pour accompagner la transition numérique des agriculteurs en place. L’opérateur de compétences de la filière, OCAPIAT, et le fonds d’assurance formation des agriculteurs, VIVEA, sont aussi mobilisés pour répondre aux besoins de formation continue des travailleurs agricoles.

2. Mobiliser la R&D pour gérer des systèmes agricoles et alimentaire qui se complexifient

La recherche agricole fondamentale et appliquée s’appuie depuis longtemps sur la production et l’analyse de données, y compris la géomatique. Au cours de la dernière décennie, l’évolution des technologies pour le recueil de données (capteurs in situ, images satellitaires, analyses de génomique…) a permis des innovations de rupture telles que la sélection génomique en élevage bovin, le phénotypage haut débit des cultures ou la mise à disposition d’outils d’aide à la décision s’appuyant sur des images satellitaires pour la gestion de la fertilisation.

Aujourd’hui, le défi est de s’appuyer sur les outils du numérique pour aider les agriculteurs, les filières et les territoires à concevoir et gérer des systèmes agricoles et alimentaires qui se complexifient pour répondre à un besoin de performance sociale, économique, environnementale et sanitaire, tout en s’appuyant sur les principes de l’agroécologie pour réduire l’utilisation d’intrants et en s’adaptant à un contexte de changement climatique.

3. La gestion des données au cœur du développement du numérique en agriculture

La gestion des données est un enjeu majeur : la maîtrise de l’utilisation de ces données par les agriculteurs n’est pas garantie juridiquement en dehors des dispositions contractuelles entre eux et leurs fournisseurs. Cette absence de garantie peut être pour les agriculteurs un frein à l’adoption d’outils numériques.

Il est pourtant nécessaire de faciliter la mise à la disposition des chercheurs et innovateurs des données qui leur sont nécessaires, d’une façon qui leur permette de les croiser et de construire les services numériques de demain, par exemple des outils d’aide à la décision pour les agriculteurs. Aussi, les organisations professionnelles agricoles françaises essaient d’impulser un label lié au respect du code de conduite de l’utilisation des données agricoles, qui a été élaboré au niveau européen. L’État soutient ce principe d’une labellisation des producteurs de services numériques.

Il est par ailleurs nécessaire de disposer d’infrastructures numériques permettant d’échanger des données facilement et de manière tracée, ainsi que d’outils permet tant de connaître et de respecter les destinataires à qui l’agriculteur autorise que des données soient transmises. L’État soutient des initiatives comme les NumAlim et Agdatahub.

4. Accompagner les entreprises de l’AgriTech

De nombreuses innovations technologiques multiplient les opportunités de transition des systèmes agricoles vers des pratiques plus respectueuses des ressources naturelles et plus performantes dans leur usage, faisant apparaitre un point de convergence entre transition agroécologique, besoin d’in- novation des équipements et exploitation de la transition numérique.Afin d’optimiser les effets de la transition de l’agriculture française vers des systèmes de production agroécologiques, le Gouvernement se mobilise pour répondre à un besoin d’agroéquipements et de technologies numériques permettant de relever les défis de la 3e révolution agricole (robotique, véhicule autonome, capteurs, logiciels, IA, drones, e-santé animale, etc.). Plus largement, l’accompagnement de la transition agroécologique et des pratiques associées passe par un soutien accru à l’innovation et au numérique, via le développement de l’expérimentation en conditions réelles pour aboutir à une solution adaptée à une diversité d’utilisateurs finaux de pratiques et d’outils innovants.

5. Lever les freins réglementaires pour les créateurs d’équipements agricoles

L’adéquation de ces nouvelles technologies numériques avec les réglementations environnementales et de sécurité doit être assurée. De plus, le déploiement du pilotage par la donnée, visant à fournir une solution adaptée à chaque exploitation, est particulièrement nécessaire. Le partage des données, dans des conditions de sécurité garanties par des solutions souveraines et de confiance, permet de favoriser leur valorisation à large échelle ainsi que les échanges d’expériences, dans une logique de diffusion des pratiques vertueuses.

6. Créer de la valeur par le numérique dans la chaîne alimentaire

Le numérique permet d’améliorer de manière très variée les relations entre les producteurs et les consommateurs. C’est le cas dans le cadre des missions régaliennes de l’État (sécurité de l’alimentation) où sont en cours de création d’une part un nouveau système plus efficace de suivi des animaux d’élevage (traçabilité) qui permettra un suivi amélioré à moindre coût, d’autre part, un site internet améliorant la rapidité et la qualité de l’information sur les retraits de produits. C’est aussi le cas grâce à des outils, généralement portés par des initiatives privées, d’information du consommateur sur les produits, que l’État soutient par exemple en produisant ou en soutenant la création de bases de données qui peuvent alimenter ces outils. Enfin, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et les Chambres d’agriculture ont créé le site fraisetlocal.fr destiné à permettre la découverte facile par les consommateurs de producteurs qui pratiquent la vente directe.

7. Soutenir la French AgriTech à construire les outils dont les agriculteurs ont besoin

Le développement du numérique en agriculture passe aussi par l’existence d’outils, souvent créés par des start-ups, qui permettent de développer de nouveaux usages ou de mettre en œuvre de nouvelles méthodes sur les usages existants, au bénéfice des agriculteurs, de la transition agroécologique, de la relation entre les producteurs et les consommateurs, etc. Pour accélérer le développement de l’innovation agricole au service de la souveraineté alimentaire de la France, le Gouvernement, en lien avec l’écosystème qui la compose, de lancer la French AgriTech, afin de soutenir les start-ups françaises de l’agriculture (AgriTech) et de l’alimentation (FoodTech) et faire de la France le fer de lance mondial de l’innovation en agriculture. Pour leur part, les chambres d’agricultures développeront un « agristore » qui donnera plus de visibilité auprès des agriculteurs aux outils créés par la French AgriTech.

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