« Regards sur nos assiettes », un film documentaire de Pierre Beccu
Partager la page
Sorti le 9 septembre 2015, ce film documentaire suit l'enquête de six étudiants sur l'alimentation, les manières de consommer et de produire. De leur assiette au sol, ils arpentent le territoire pour trouver les réponses là où ils consomment. Sans aucun à priori, armés de leur seule curiosité, ils découvrent l’innovation et le bons sens des expériences positives au coin de chez eux. En étudiant les impacts de nos choix de consommateurs, ils posent aussi la question de la quête de sens et de la place des jeunes dans le monde à construire.
Ces jeunes ont réalisé leur propre film, après une formation sur le langage cinématographique et les techniques de tournage. Ils ont étudié en amont les impacts de notre consommation alimentaire sur tous les aspects de la vie. Il s’agit donc d’un documentaire de création qui s’adresse d’une façon responsable et souvent drôle à toutes les générations, plus particulièrement aux jeunes. Les étudiants proposent une approche qui laisse toute sa place au spectateur, au gré de la curiosité et des rencontres, en participant pleinement au monde à construire.
Tout part d’un atelier réalisé en 2010 par des étudiants en géographie et ingénierie d’espace rural à Annecy (Haute-Savoie, Rhône-Alpes), dans le cadre d’un « projet professionnel ». Cet atelier a évolué vers un documentaire grand public qui a d’abord été diffusé sur France 3 sous le titre “Les Pieds dans le plat” en version 52 minutes.
L’enquête menée par les étudiants nous montre des expériences de production et de distribution viables économiquement, qui vont dans le sens d’une valorisation globale du territoire et de ses acteurs. Aucune idée n’est imposée, ce qui permet de se faire sa propre opinion.
Grâce au côté ludique du support pédagogique, les jeunes font partager leurs connaissances sur de nouvelles méthodes de culture, d’élevage. Ils transmettent aux petits et grands avec leurs propres mots, se les approprient. L’envie d’apprendre est renforcée des deux côtés, ceux qui transmettent (les jeunes) et ceux qui reçoivent (la famille par exemple).
Le film est sorti le mercredi 9 septembre 2015 en salles. Retrouvez la programmation en cliquant ici.
Affiche du film. - ©BasCanalProductions
Les étudiants mènent l’enquête
“L’alimentation est un sujet qui nous concerne tous. L’acte de manger qui paraît en soit anodin impacte beaucoup ce qui se passe autour de nous. Chaque denrée que l’on consomme est issue du sol et du travail d’un agriculteur. Comment ces denrées ont-elles été produites ? Où et dans quelles conditions ? Quel est le sens aujourd’hui du métier d’agriculteur ? Le sujet de l’alimentation soulève de nombreuses questions et enjeux. Il faut alors garder à l’esprit que c’est le consommateur qui a le pouvoir. Coluche résume très bien cette idée : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas ». Si nous avons participé à cette aventure, c’est pour essayer de répondre à ces questions, à notre échelle, à l’entroit même où l’on consomme. Et ça bouillonne ! C’est fou le nombre d’initiatives locales qui existent en faveur d’une agriculture de proximité. Sur tout le territoire, il y a des femmes et des hommes qui repensent notre façon de faire nos courses, qui cherchent à recréer du lien entre consommateur et producteur, qui défendent une alimentation de qualité. “Regards sur nos assiettes” met en relief certaines de ces alternatives et le lien social qu’elles peuvent créer. Le but étant de faire comprendre que nous avons le choix de notre alimentation en montrant des solutions. Nous voyons ce film comme un récit documentaire mais aussi comme un outil pédagogique qui permet de reproduire notre démarche sur d’autres territoires. Car nous le savons, l’alimentation est un sujet qui nous concerne tous.”
Florian Revol – Etudiant
Note du Réalisateur
La transmission
Le point de départ est un atelier de cinéma réalisé à partir de 2010 avec 6 étudiants en Géographie d’Annecy (Haute-Savoie), qui souhaitaient étudier les impacts de notre consommation alimentaire sur différents aspects de la vie. Rapidement, leur curiosité et la pertinence de leur regard m’ont paru de nature à dialoguer avec les interrogations de nos concitoyens. J’ai proposé aux jeunes de faire évoluer l’atelier en film grand public, et de transformer l’outil pédagogique en objet de cinéma.
Nous sommes tombés d’accord très vite sur le fait que les la majorité des films sur le sujet étaient plutôt anxiogènes et que dans la nouvelle ère qui s’ouvre, les jeunes devaient apporter une parole nouvelle. A partir de là, je leur ai laissé les clés du contenu.
Toutes les rencontres de spécialistes, d’associations, de producteurs, de transformateurs ont été initiées et organisées par les étudiants eux-mêmes.
Le trajet de l’assiette au sol a été retenu, avec le principe des questions importantes à se poser : Qu’y a-t-il dans mon assiette? Est-ce que je me nourris bien? Comment c’est fait? D’où ça vient? Qui cela fait-il vivre? Quelle est la relation entre ce que je mange et ce qui m’entoure? Pour ne pas risquer de se perdre dans une thématique aussi large, il a été décidé de trouver au maximum les réponses à côté de chez soi, là où nous dépensons notre argent. Les arnaques et les scandales naissent de ce flou que la longueur des circuits, le nombre d’intermédiaires et les gros budgets de communication contribuent à entretenir. C’était une façon de relier la nourriture elle-même, les informations et les réflexions sur la nourriture.
Les étudiants ont rencontré des patrons de grandes surfaces, de supérettes, des négociants sur les marchés, des responsables de groupements et des producteurs. Ils ont déniché et valorisé des expériences innovantes. Ils ont formulé les questions qui leur paraissaient les plus pertinentes pour avancer dans une meilleure relation citoyenne à l’alimentation. Pour finir, ils ont permis d’engager la réflexion sur les défis directs qui se posent à nous.
J’ai apporté mes outils et mon expérience. Les jeunes ont exprimé quelque chose de profond, de sincère, de fort, en rapport avec le monde qui les entoure, raconté une histoire qu’ils sont les seuls à pouvoir raconter, de cette façon là du moins. De cette unicité est née leur légitimité, fondamentale pour braver les difficultés et aller au bout. Le désir de film s’est transformé en énergie. Ils ont travaillé dur, non pas pour faire partie d’un projet, mais pour constituer et construire leur propre projet. Ils ont été formés, ont tourné et monté des séquences entières. Ils ont géré l’histoire jusqu’à l’écran.
Le film est également l’aboutissement de 15 années d’ateliers cinéma, dans lesquels j’invite des groupes d’enfants et des jeunes à vivre l’expérience de la fabrication d’un film de A à Z. Je crois qu’il est possible d’engager un processus de création avec les jeunes générations qui aille bien au-delà de la simple éducation artistique, sans pour autant les amener à se considérer artistes ou cinéastes. Selon la longueur du dispositif, la difficulté de la narration, les intérêts pour les aspects techniques, les jeunes sont réalisateurs ou non, mais ils mettent toujours en oeuvre une curiosité et une capacité de comprendre qui donne vraiment espoir.
Pierre Beccu
Bande annonce "Regards sur nos assiettes" from bascanal on Vimeo.