Réduction des pesticides : « Être moteur de changement »
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Rencontre avec Christine Klein, directrice de l’exploitation du lycée agricole de Rouffach et Wintzenheim (Haut-Rhin) qui forme, depuis 150 ans, les viticulteurs de la région. Par ses expérimentations et son engagement dans l’économie locale, ce lycée joue un rôle essentiel pour fournir au réseau des anciens élèves des références et outils pour modifier leurs pratiques.
Par ses expérimentations et son engagement dans l’économie locale, le lycée agricole joue un rôle essentiel pour apporter au réseau des anciens élèves des références et outils pour modifier leurs pratiques. Depuis 2014, l’exploitation du lycée participe à un projet de recherche très important pour la région, financé par l’Agence de l’eau et le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace, associant de nombreux partenaires dont l’Inra et la Chambre d’Agriculture d’Alsace.
Le lycée a mis en place une parcelle expérimentale de 30 ares (0.3 hectares) où deux types de désherbage sont pratiqués : d’un côté avec des herbicides dont le glyphosate, de l’autre avec une combinaison d’outils mécaniques qui passent entre les ceps de vignes et dans les rangs pour enlever les mauvaises herbes. L’objectif est de comparer les deux techniques sur trois plans : environnemental (qualité de l’eau, vie du sol, biodiversité), agronomique (suivi sur vigne, raisins, moûts et vin) et socio-économique (temps de travail, organisation du travail et coût).
Par exemple, le désherbage mécanique - qui permet d'éviter le transfert d'herbicides dans le sol et dans l'eau - peut, la première année, diminuer de manière importante le rendement de la vigne. « Les racines qui sont en surface sont détruites par l’outil de grattage du sol, ce qui limite l’absorption des nutriments. Ces racines se reconstituent ensuite plus en profondeur, mais pendant ce temps (2 ans), il faut être attentif aux carences et apporter les éléments manquants (azote) à la vigne », explique Christine Klein. « La parcelle expérimentale permet d’observer et de trouver des solutions pour arriver à un équilibre ».
L’exploitation du lycée mène d’autres essais dans l’objectif de convertir en agriculture biologique les 14,5 hectares de cépages traditionnels alsaciens, Crémant et Gewurztraminer. « Lorsqu’il y a une maladie sur la vigne, nous utilisons un logiciel d’optimisation des doses (Optidose) qui analyse toutes les données de la parcelles (stade de développement, climat) et indique la bonne dose à appliquer. Nous appliquons dorénavant cet outil aux traitements bio, comme le cuivre qui est un métal aux propriétés fongicides naturelles, mais dont il ne faut pas abuser. Nous avons réussi à réduire de 1kg par hectare le recours au cuivre », se réjouit Christine Klein.
Accompagner les agriculteurs dans la conversion à l’agriculture biologique
« Les viticulteurs qui souhaitent se convertir à l’agriculture biologique manquent de connaissances pour mener à bien leurs changements de pratiques. Le lycée agricole, membre du réseau Dephy depuis 2012, donne l’exemple et peut être moteur de changement.
La parcelle expérimentale du lycée, mais aussi celle de l’Inra qui compare une production biologique avec une production raisonnée, permet de simuler les effets d’une éventuelle conversion et rassurer les viticulteurs », souligne-t-elle. Au-delà de l’objectif de conversion au bio, ces expérimentations apportent des connaissances scientifiques sur la qualité de l’eau des nappes phréatiques, la vie du sol et la biodiversité. « Nous analysons et comparons la qualité des eaux qui ruissellent et qui s’infiltrent dans les parcelles, grâce à un dispositif de collecte (gouttière de récupération en surface et plaques lysimétriques en profondeur) », explique Ève Durocher, ingénieure agronome et animatrice du projet.
*Ce projet est réalisé en partenariat avec de nombreux acteurs du monde viticole et scientifique : l’Inrae, la chambre d’agriculture d’Alsace, l’Association pour la relance agronomique en Alsace (ARAA), le laboratoire d’hydrologie et de géologie de Strasbourg (Lhyges), RITTMO Agroenvironnement, le syndicat des professionnels de l’agriculture bio en Alsace (OPABA), l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) et l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA).
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