Le consommateur, moteur d’installation en agriculture périurbaine
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S’installer en agriculture, un collectif de consommateurs en poche, c’est s’assurer un chiffre d’affaires, des prêts bancaires… Et des fidèles prêts à épauler en cas de pépins. Témoignage de Marc Bianchi, installé en maraîchage biologique depuis 2015 à Saint-Augustin, dans le nord de la Seine-et-Marne.
Un parisien de 45 ans, le profil idéal du futur agriculteur ? Bruni par le soleil, ongles noirs et mains calleuses, Marc Bianchi l’incarne parfaitement. Il s’est installé depuis deux ans à peine comme maraîcher dans l’agglomération parisienne sur quatre hectares d’un paysage « vallonné, joli et silencieux ». De l’agriculture, il en a déjà vécu ses aléas : « deux premières années furieuses ! » La rupture d’anévrisme de Boris, son associé, en 2015, les inondations du printemps 2016. De l’agriculture, il en vit sa complexité : « une quarantaine d’itinéraires techniques de légumes à maîtriser pour pouvoir fournir des paniers diversifiés au consommateur».
« Une Amap ça n’a pas de prix »
Il livre chaque semaine 65 paniers à deux collectifs de consommateurs en Amap, Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. Regroupant consommateurs et paysans autour d’une charte, l’Amap les engage à partager sans intermédiaire la production pour une période donnée avec un prix fixé. Marc Bianchi ne changerait cela pour rien au monde. Signer avec une Amap c’est une récolte déjà vendue au moment des semis ! C’est une commercialisation assurée qui rassure le producteur et la banque, « traditionnellement frileuse de prêter à des installations en maraîchage : c’est grâce à l’Amap que ma banque m’a accordé un prêt de 60 000 € ». Au-delà du confort économique, Marc Bianchi y a tissé une belle relation de confiance : « mes clients sont de véritables partenaires, des consommateurs capables d’accepter une rupture temporaire de contrat et de venir me donner un coup de main sur le terrain au plus fort des crises » Sophie Carnuccini, adhérente d’une Amap, participe elle aussi aux chantiers de « son » agricultrice en cours d’installation. « Notre mobilisation est spontanée. Certains weekends nous venons avec nos pique-nique chez notre maraichère. Nous retroussons nos manches pour l’aider à monter une serre, semer quelques légumes… C’est une très belle relation que l’on créé depuis trois ans : nous voulons continuer à avoir ses légumes et elle ses clients ! »
De l’agriculture et ses suées, Marc Bianchi en tire aujourd’hui tout son sens : « produire à manger est un métier avec une utilité sociale. Après plusieurs entreprises, plusieurs métiers, quinze ans de vie professionnelle où chaque matin on se demande pourquoi on y va, j’ai trouvé le maraîchage et mes consommateurs ».
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