Le bien-être et la protection des chevaux
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La filière équine regroupe à la fois les chevaux, les poneys et les ânes. Elle est très complexe en raison des nombreux usages qui sont faits des équidés (loisir, sport, enseignement, courses, élevage, travail agricole, viande). Les chevaux de selle et les poneys constituent la grande majorité des équidés présents en France.
En 2018, la France comptait environ 1,2 million d'équidés présents sur le territoire pour 140 000 détenteurs Cependant, l'effectif du cheptel équin français est en baisse depuis quelques années. Même si ce cheptel est principalement jeune, le nombre de chevaux âgés (de plus de 20 ans) est en hausse. En France, l'équitation se classe comme le 4ème sport national en 2017, bien que ce sport connaisse dernièrement une baisse quant au nombre de licenciés.
Comment se caractérise la filière équine en France ?
Les équidés présents sur le territoire français sont répartis en plusieurs catégories selon leur activité (chiffres obtenus suite à une enquête de l'Observatoire économique et social du cheval) :
- 68% des équidés sont destinés au loisir (33%), au sport (27%) et à l'enseignement (8%). Ils sont représentés par les chevaux de selle, les poneys et les équidés dits ONC (origine non constatée). À noter que le CSO (concours de saut d'obstacles) est la discipline équestre qui compte le plus grand nombre de cavaliers français ;
- 13% des équidés sont destinés aux courses. Ils sont représentés par les chevaux de course (trotteurs et galopeurs) ;
- 12% des équidés sont des reproducteurs (étalons et poulinières) destinés à l'élevage ;
- 5% des équidés ne sont destinés à aucun usage particulier, ils sont alors appelés « équidés d'agrément » ;
- 2% des équidés sont destinés au travail (principalement aux travaux agricoles). Ils sont représentés par les chevaux de trait et les ânes.
En France, divers acteurs, professionnels ou particuliers, interviennent dans l'élevage d'équidés.
Focus sur la filière viande chevaline
Il existe 2 filières bouchères chevalines distinctes : une filière de jeunes chevaux de trait (autour de 2 ans) également appelés « poulains lourds », majoritairement présente en France, et une filière de chevaux de courses réformés, c'est-à-dire des chevaux qui ne sont pas (ou plus) performants lors des courses ou qui ont terminé leur carrière. C'est cette viande qui est habituellement consommée en France mais l'offre est insuffisante pour répondre à la demande française. De ce fait, 80% de la viande chevaline consommée en France est importée.
Ces dernières années, la production française de viande chevaline est en diminution constante du fait de la diminution de la demande à l'étranger. En 2017, on compte une baisse de 23% du nombre d'équidés abattus en France. Parallèlement, la consommation française de viande chevaline est elle aussi en baisse. En 2013 en France, on compte une diminution de 15% du nombre de foyers qui achètent de la viande de cheval. Parallèlement, de plus en plus de chevaux de courses se voient offrir une seconde vie en étant réformés pour le loisir au lieu d'être envoyés à l'abattoir.
Quelle est la réglementation qui encadre l'élevage d'équidés ?
Tous les animaux d'élevage sont protégés par la directive européenne 98/58/CE relative à la protection des animaux dans les élevages, transposée en droit français par l'arrêté ministériel du 25 octobre 1982 modifié.
À la différence d'autres espèces animales, il n'existe pas de réglementation proposant des critères spécifiques de bien-être pour l'élevage et la détention des équidés.
Le bien-être des équidés doit être respecté aussi bien au repos qu'au travail. Le transport d'équidés est également soumis au règlement (CE) n°1/2005 du Conseil du 22 décembre 2004, relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes.
Comment évaluer le bien-être des équidés au repos ?
Il existe plusieurs manières d'évaluer le bien-être d'un animal au repos. Parmi elles, on peut citer l'utilisation d'indicateurs de bien-être, basés sur les 5 libertés individuelles, qui traduisent les besoins fondamentaux des animaux. Pour évaluer le bien-être des équidés, le protocole AWIN (Animal Welfare Indicators) a été élaboré.
Le tableau suivant récapitule les 31 indicateurs de bien-être utilisables chez les chevaux permettant d'évaluer les 12 critères des 4 grands principes du programme AWIN.
À noter que des formations sont aujourd'hui accessibles aussi bien aux professionnels qu'aux particuliers concernant les bonnes pratiques en matière de bien-être et protection des équidés.
Comment évaluer le bien-être des équidés au travail ?
Le bien-être des équidés est également à prendre en compte avant, pendant et après le travail. Cependant, il n'existe pas encore de grilles d'évaluation du bien-être des équidés au travail comme celle vue précédemment au repos. Il est donc de la responsabilité de chaque propriétaire et détenteur d'équidé de bien observer son équidé au cours des séances de travail afin de détecter un éventuel état de mal-être.
L'IFCE (Institut Français du Cheval et de l'Équitation), a établi une série de recommandations quant à l'évaluation du bien-être chez les équidés lors du travail :
- Avant le travail : un pansage régulier et correctement exécuté avant le travail permet déjà de savoir si le cheval souffre d'une douleur particulière. De plus, le pansage participe à l'amélioration du bien-être du cheval et à l'entretien d'une bonne relation Homme-animal.
- Pendant le travail : une fois en selle, plusieurs indices, comportementaux ou non, permettent de détecteur une douleur, un stress ou un inconfort comme la présence éventuelle d'une boiterie, d'une raideur, des mouvements de têtes inhabituels, des grincements de dents etc. Aujourd'hui, divers objets connectés présents sur le marché permettent de mesurer certaines constantes physiologiques (comme la fréquence cardiaque) ou encore d'avoir des informations sur les séances de travail permettant ainsi de détecter un état de mal-être chez les équidés.
- Après le travail : après la monte, il faut effectuer une observation de l'ensemble du cheval pour voir s'il ne s'est pas blessé et pour détecter la présence éventuelle d'une blessure sur une zone de frottement avec le harnachement. Il est donc important d'avoir un harnachement correctement ajusté et régulièrement entretenu pour prévenir ces blessures.
La lutte contre le dopage est également un point à prendre en compte dans le bien-être des équidés de sport. Le dopage est une modification des capacités et des performances sportives de manière artificielle. Cela a donc des répercussions sur le bien-être des équidés.
En France, de nombreux contrôles sont effectués lors des courses et des compétitions équestres chez les équidés de sport. Bien que la lutte contre le dopage soit importante en France, des réflexions sont toujours en cours afin de trouver des moyens de détection des nouvelles méthodes de dopage. C'est le cas, par exemple, de la névrectomie chirurgicale, qui consiste à retirer le fragment d'un nerf du pied du cheval sportif pour ainsi l’insensibiliser. Cette pratique est réalisée par un vétérinaire en traitement curatif de certaines affections douloureuses du pied des équidés. Ces derniers sont alors exclus des compétitions et courses hippiques.
Deux guides de bonnes pratiques sur la protection des chevaux et des ânes ont été rédigés entre 2018 et 2019 par un groupe de travail d’initiative volontaire, issu de la plateforme européenne "Bien-être animal" ( lien : https://ec.europa.eu/food/animals/welfare/eu-platform-animal-welfare_en ). Divers experts des États membres ont participé à leur rédaction. Ces guides présentent les bonnes pratiques à respecter afin d'assurer le bien-être des chevaux, des ânes et de leurs hybrides; ils n'ont pas pour objectif de remplacer la réglementation, mais de la compléter. Ils sont mis à la disposition de tous les détenteurs européens .
Télécharger ces guides (version française) :
Une bonne gestion de la fin de vie des équidés
En France, le nombre de chevaux âgés (de plus de 20 ans) ne cesse d'augmenter ces dernières années. Les propriétaires de chevaux sont aujourd'hui de plus en plus prêts à offrir une retraite à leur équidé. Pour assurer leur bien-être en fin de vie, l'IFCE (Institut Français du Cheval et de l'Équitation) a là encore établi plusieurs recommandations à suivre :
- Alimentation et habitat : l'équidé âgé doit avoir une alimentation adaptée à son âge et à sa condition physique pour prévenir certaines maladies chroniques auxquelles il est particulièrement sensible comme le SME (syndrome métabolique équin) ou le syndrome de Cushing. Il est important que le cheval âgé vive avec ses congénères et de préférence en extérieur, toujours dans l'objectif de diminuer le risque de maladies chroniques.
- Une surveillance renforcée : il est très important de prendre le temps d'observer un équidé âgé au quotidien. Ces derniers étant plus sujets aux maladies chroniques et aux infections, tout signe anormal (physique, alimentaire ou comportemental) doit alerter le propriétaire ou le détenteur d'équidés et contacter son vétérinaire, en particulier en cas d'amaigrissement du vieux cheval.
- Un suivi de santé régulier : des contrôles réguliers du vétérinaire sont importants chez l'équidé âgé. En fonction de l'état de santé du cheval, le vétérinaire va décider de la fréquence des soins préventifs. De plus, il est important de faire vérifier l'état de la dentition 2 fois par an et d'avoir un suivi régulier du maréchal-ferrant.
Le moment de l'euthanasie de l'équidé âgé est un choix difficile qui doit être pris après réflexion avec son vétérinaire pour éviter à l'animal trop de souffrances, consécutives à une maladie chronique par exemple.
Les équidés étant reconnus comme des animaux de rente par le Code rural, tout équidé est potentiellement destiné à l'abattoir. C'est au propriétaire de l'équidé de décider du devenir de son animal. S'il le souhaite, il peut à tout moment et de manière irréversible choisir de l'exclure de la filière bouchère par simple demande auprès de son vétérinaire qui l'enregistrera alors sur le livret d'identification de l'équidé. Néanmoins, cette décision définitive peut entraîner maltraitance et abandon de l'équidé exclu de la consommation si son propriétaire ne lui fournit pas les soins nécessaires jusqu'à la fin de sa vie. Il est de la responsabilité de chaque propriétaire d'équidé de s'occuper de son cheval tout au long de sa vie et d’en prévoir le coût (équarrissage notamment).
Les engagements de la filière et les perspectives pour l'avenir
En 2016, une Charte pour le bien-être équin comprenant 8 mesures relatives au bien-être des équidés a été élaborée et signée par l'ensemble des professionnels de la filière équine avec l'objectif de mettre à disposition de tous les professionnels un guide de bonnes pratiques pour le bien-être des équidés. Ce guide est actuellement en cours d'évaluation par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) en vue de sa validation par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Il vise l'application directe des engagements de la Charte pour le bien-être équin par l'ensemble des professionnels de la filière équine afin d'optimiser leurs pratiques quant au bien-être et à la protection des équidés.
Le guide de bonnes pratiques pour le bien-être des équidés, qui sera prochainement accessible, va permettre de garantir la mise en place des 8 mesures essentielles au bien-être des équidés de la Charte afin que chaque acteur, professionnel ou particulier, de la filière équine soit sensibilisé aux bonnes pratiques quant au bien-être des équidés et optimise ses pratiques.
Par ailleurs, des formations en relation avec la Charte de bien-être des équidés devraient être accessibles aux propriétaires, éleveurs et détenteurs d'équidés d'ici fin 2019.
À l'issue des États généraux de l'alimentation, un plan de filière a été rédigé et prévoit la poursuite du dialogue avec les associations de protection animale, notamment sur les solutions permettant d'assurer aux chevaux une fin de vie décente. Ce plan prévoit également l’amélioration des conditions d’abattage des chevaux avec la mise en œuvre dans tous les abattoirs en France d'un guide de bonnes pratiques d’abattage des chevaux d’ici 2022, qui est en cours de rédaction. Ce guide de bonnes pratiques vient compléter les conditions d'abattage déjà réglementées et contrôlées.
La filière envisage également une baisse du recours aux viandes d’importation et une hausse de la part de la production nationale. Elle veut offrir au consommateur français une production nationale de viande chevaline. Pour cela elle cherche à développer une filière de production nationale, dans toutes ses composantes et ses races, à destination des marchés français et export. Cela devrait permettre d’aider à préserver les 9 races de chevaux de trait actuellement présentes en France.
Enfin, aujourd’hui plusieurs labels qualité existent pour les établissements équestres. La FFE (Fédération Française d'Équitation) a notamment mis en place une charte qui garantit les engagements des établissements équestres dans une démarche qualité dont certains concernent le bien-être et la protection des équidés.
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