La campylobactériose
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La campylobactériose est une zoonose bactérienne transmise principalement par voie alimentaire. La campylobactériose est la zoonose d’origine alimentaire la plus fréquemment signalée dans l’Union européenne. En France, on estime l'incidence à environ 842 cas/100 000 habitants par an. Chez l'Homme, la campylobactériose n'est pas une maladie à déclaration obligatoire. En revanche, dans l'hypothèse de cas groupés liés à la consommation d'un même aliment, il existe une déclaration obligatoire de toxi-infection alimentaire collective.
Présentation générale de la campylobactériose
Agents pathogènes
Bactérie du genre Campylobacter.
Espèces les plus fréquemment rencontrées : Campylobacter jejuni (81%),
Campylobacter coli (15%) et Campylobacter fetus (2%).
Quelques caractéristiques de Campylobacter :
- Multiplication en condition micro-anaérobie.
- Réservoir principal de C. jejuni : tube digestif des oiseaux sauvages et domestiques.
- Autres réservoir primaires : tube digestif des bovins, porcins (essentiellement C. coli), animaux de compagnie (chats, chiens).
Transmission à l’Homme
Ingestion d’aliments contaminés crus ou peu cuits, tels que la viande de volaille insuffisamment cuite, ou d’aliments prêts à consommer ayant été en contact avec des produits ou ustensiles eux-mêmes contaminés. Transmission directe par contact et manipulation d'animaux porteurs de la bactérie.
Maladie
- Chez l’animal
Les deux espèces principalement retrouvées chez l'animal, Campylobacter jejuni et Campylobacter coli, ne sont pas, ou peu, pathogènes pour les animaux ; le portage est principalement asymptomatique.
Certaines espèces de Campylobacter telles que Campylobacter fetus peuvent être pathogènes pour les animaux et être impliquées dans des problèmes d'infertilité ou d'avortement.
- Chez l’Homme
L’infection est le plus souvent modérée et spontanément résolutive dans la majorité des cas.
Les symptômes apparaissent après deux à cinq jours d'incubation, la plupart du temps sous forme d’entérite associant diarrhée (pouvant être sanglante), fièvre, maux de tête ou vomissements.
Des formes plus sévères peuvent être observées chez les populations sensibles (très jeunes enfants, personnes âgées).
Les complications sont rares mais peuvent être graves (bactériémie, hépatite ou pancréatite, arthrite, syndrome neurologique de Guillain-Barré).
En savoir plus :
- Dossier "Campylobacter", Santé publique France
- "Présentation de la campylobactériose, maladie, agent responsable et rôle de l'Anses", Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
- Fiche de danger "Campylobactériose", Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
- Cours de bactériologie Campylobacter, Centre national de référence
- "Les zoonoses expliquées par l'EFSA", Autorité européenne de sécurité des aliments
- Chapitre "Campylobacter", organisation mondiale de la Santé.
ACTEURS ET MODALITÉS DE LA SURVEILLANCE DE LA CAMPYLOBACTERIOSE EN France
La directive 2003/99/CE oblige les États membres à disposer de dispositifs de surveillance sur un certain nombre de zoonoses, de manière obligatoire (annexe I.A) ou selon la situation épidémiologique (annexe I.B). Ces données sont compilées annuellement au niveau européen par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). La campylobactériose et ses agents responsables appartiennent à l’annexe I.A.
Surveillance chez l’animal
Démarche volontaire des éleveurs, pas de surveillance réglementaire, ni de plan de lutte dans le secteur vétérinaire : la maîtrise de cette contamination se fait surtout par le biais de pratiques de biosécurité (notamment respect des mesures d’hygiène des locaux et du matériel afin de diminuer les risques de propagation de l’agent pathogène s'il est présent dans l’élevage, et d'éviter toute introduction de l’agent pathogène dans l’élevage).
Surveillance et contrôle des denrées alimentaires
- Contrôles officiels
Poursuivant l’objectif de garantir la sécurité des aliments conformément au règlement (CE) n°178/2002, la direction générale de l’Alimentation (DGAL) et la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) mettent en place régulièrement des plans de surveillance et de contrôle des aliments (PS/PC) ; des contrôles officiels sont effectués également dans les aliments ou dans l'environnement dans le cadre du suivi des établissements ou d’alertes, en cas d'investigation de cas humains groupés et des contrôles aux postes d'inspection aux frontières de l'Union européenne.
Les contrôles officiels sont effectués par des agents des directions départementales en charge de la protection des populations (DdecPP).
Les analyses officielles sont effectuées par un réseau de laboratoires agréés par l’État. Ce réseau est animé par le Laboratoire national de référence (LNR).
- Autocontrôles effectués par les opérateurs de la chaîne alimentaire
Pour les exploitants agroalimentaires, la surveillance se fonde sur l'analyse des risques de chaque entreprise, conformément au règlement (CE) n°852/2004 et au respect des critères microbiologiques du règlement (CE) n°2073/2005 pour les denrées alimentaires.
Campylobacter est à intégrer dans les plans de maîtrise sanitaire des entreprises, en particulier des abattoirs de volailles, et génère des mesures de gestion en cas de non conformité.
En savoir plus :
- "Enquête sur la contamination des carcasses de poulets de chair en France en 2008", Bull. Epid. Santé Anim. Alim., Anses/DGAL n°41
- "Campylobacter dans les filières de production animale", Bull. Epid. Santé Anim. Alim., Anses/DGAL n°50
- "Réflexion autour de la surveillance épidémiologique des aliments", Bull. Epid. Santé Anim Alim., Anses/DGAL n°77
- "Zoonoses et animaux d'élevage", Civ. Viande, science et société
Surveillance chez l’Homme
La campylobactériose n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. En revanche, dans l’hypothèse de cas groupés dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire, il existe une déclaration obligatoire de toxi-infection alimentaire collective. Le recensement des déclarations obligatoires est effectué par Santé publique France.
En France, le nombre annuel de cas de campylobacteriose d'origine alimentaire est estimé entre de 236 000 et 795 000 cas (valeur médiane: 390 000 cas).
La surveillance des campylobactérioses humaines en France est effectuée par le Centre national de référence (CNR) des Campylobacter et Hélicobacter. Elle repose sur un réseau stable de laboratoires de bactériologie hospitaliers volontaires et de laboratoires d’analyses de biologie médicale de ville qui envoient les souches qu’ils isolent. ; les objectifs de la surveillance sont multiples :
- Décrire les caractéristiques épidémiologiques et suivre les évolutions spatiotemporelles des infections à Campylobacter survenant chez l’Homme ;
- surveiller la résistance aux antibiotiques (une acquisition progressive de résistance à certains antibiotiques utilisés en médecine humaine et vétérinaire comme les fluoroquinolones est observée) ;
- détecter les cas groupés d’infections.
Santé publique France assure le suivi épidémiologique et le recueil des caractéristiques cliniques des malades à travers la déclaration obligatoire et la réalisation d’une enquête alimentaire en lien avec les cellules d'intervention en région placées auprès des agences régionales de santé.
Santé publique France transmet annuellement les données de surveillance humaine au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
En savoir plus :
- Dossier Campylobacter, Santé publique France
- Données épidémiologiques humaines, Santé publique France
- "Estimation de la morbidité des infections d'origine alimentaire en France", thèse de doctorat de l'Université Paris-Saclay, 2016
- Rapport annuel d’activité 2014 Laboratoire national de référence Campylobacter, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
- Cours de bactériologie Campylobacter, Campus de microbiologie médicale
- "Importants niveaux de résistance de Campylobacter", Autorité européenne de sécurité des aliments
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS POUR LA PRÉVENTION DE LA CAMPYLOBACTERIOSE
Exigences pour les acteurs de la chaîne alimentaire
La prévention de la contamination des aliments repose sur la combinaison de mesures de maîtrise à tous les stades de la chaîne alimentaire.
Recommandations aux producteurs primaires
Appliquer rigoureusement les bonnes pratiques d’élevage et les vides sanitaires ; de surcroît, dans la filière poulet de chair, certaines pratiques comme le détassage sont à déconseiller.
Exploitants du secteur alimentaire
- Respecter les bonnes pratiques d’hygiène.
- Assurer la formation des employés, notamment dans les abattoirs et les ateliers de transformation de viande.
- Mettre en place un plan de surveillance pour vérifier la maîtrise sanitaire du procédé de fabrication, en particulier lors de manipulation de denrées à base de volailles.
- Maîtriser les températures aux étapes de transformation, de stockage et de distribution (destruction à partir de 65°C ; les températures de réfrigération ralentissent la croissance de la bactérie, mais sans l'inhiber).
- Maîtriser les procédés de fabrication impactant la croissance de la bactérie.
En savoir plus :
- Recommandations des filières professionnelles au travers de leur guide de bonnes pratiques d'hygiène
- Fiche de danger "Campylobactériose", Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
- "Enquête sur la contamination des carcasses de poulet", Bull. Epid. Santé Anim.Alim., Anses/DGAL n°41
- "Bilans en filières avicole, porcine et bovine", Bull. Epid. Santé Anim. Alim., Anses/DGAL n°50
- Chapitre Campylobacter, organisation mondiale de la Santé
Recommandations aux consommateurs
- Se laver les mains avant de préparer un repas ainsi qu’après avoir été en contact avec des animaux ou avec une personne atteinte de diarrhée.
- Respecter les bonnes pratiques d'hygiène en cuisine, notamment se laver les mains et laver les ustensiles de manière régulière, ainsi que la séparation des aliments crus et cuits sont nécessaires pour éviter les contaminations croisées ; laver soigneusement les fruits et légumes avec de l’eau potable avant de les consommer.
- Vérifier régulièrement que la température du réfrigérateur est correcte et le nettoyer régulièrement.
- Une cuisson suffisante à coeur est recommandée (température supérieure à 65°) ; la consommation de viande de volaille crue doit être proscrite ; lors de la cuisson au barbecue, et en règle générale, vérifier que la chair du poulet n'est pas rosée et qu’elle ne présente pas de trace de sang.
- Respecter les recommandations de conservation prescrites sur l'étiquetage notamment la date limite de consommation.
- Déclarer les cas de toxi-infections alimentaires collectives auprès de son médecin.
En savoir plus :
- "Campylobacter, la bactérie du poulet ", ministère en charge de l'Agriculture
- Recueil de recommandations de bonnes pratiques d'hygiène à destination des consommateurs, ministère de l'Agriculture
- Fiche de danger "Campylobactériose", Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
- Fiche « Hygiène domestique », Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
- Guide à l'usage des voyageurs sur la sécurité sanitaire des aliments organisation mondiale de la Santé
- "Cinq clés pour des aliments plus sûrs", organisation mondiale de la Santé
Recommandations aux médecins
- Diffuser des recommandations générales de bonnes pratiques d'hygiène alimentaire.
- Déclarer systématiquement les cas de toxi-infections alimentaires collectives.
Voir aussi
Les zoonoses, ces maladies transmissibles entre l'homme et l'animal
24 août 2017sécurité sanitaire des aliments
La listériose
24 août 2017Santé / Protection des animaux
La salmonellose non typhique
24 août 2017Santé / Protection des animaux