« J’élève des moutons pour désherber l’herbe au pied de mes arbres fruitiers »
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Agriculteur à Mayotte, Laurent Guichaoua utilise des moutons pour désherber dans ses vergers. Il limite aussi les produits phytosanitaires en cultivant en serre. Viandes, fruits et légumes, toute la production de l’exploitation est vendue sur l’île.
Dans l'Océan indien, au rythme de la saison sèche et de la saison des pluies, des hommes cultivent sur un bout d’île volcanique : Mayotte. Il y a 12 ans, Laurent Guichaoua s’y installe avec sa conjointe pour pratiquer de la polyculture-élevage. « Le conseil général nous a permis de louer 4 hectares de terre. Dès le départ, nous avons souhaité combiner l’élevage de moutons avec du maraîchage et de la culture fruitière », explique-t-il.
Des moutons utiles pour l’équilibre du verger
Sur l’exploitation, 40 moutons vivent paisiblement, « ils se prélassent sous les papayers, les caramboliers, les bananiers et les pommiers cannelle ». Dans ce verger paradisiaque de 3,5 hectares, ces ongulés « ruminent ». Ils ne broient pas du noir, mais bien de l’herbe sous les arbres, ce qui évite à l’agriculteur d’utiliser du glyphosate. Pourquoi enlever ces herbes ? « Elles absorbent l’eau et les nutriments de la terre qui sont nécessaires pour le développement des fruits. Mon travail est d'éviter cette concurrence entre la végétation et mes arbres fruitiers », détaille l’agriculteur.
Son élevage repose sur une triple valorisation : pour se nourrir les animaux désherbent, en retour ils produisent du fumier pour fertiliser la terre, puis fournissent de la viande de qualité aux habitants de l’île.
Cultiver en serre pour réduire les produits phytosanitaires
« Les moutons dans les serres ? Ce n’est pas concevable », indique Laurent Guichaoua qui cultive aussi en hydroponie, des salades, des tomates, des courgettes, des poivrons et des aromates. « Dans ce milieu contrôlé où les légumes poussent au-dessus du sol, il y a moins de problèmes de maladies ». L’agriculteur a investi dans la culture sous serre en raison d'un pathogène, le flétrissement bactérien, qui a commencé à s’accumuler dans les sols.
Lorsque les serres seront amorties, il envisage de revenir au maraîchage de plain-pied, notamment pour passer en agriculture biologique qui n’autorise pas le hors-sol. « Quand je reviendrai à la pleine terre, je chercherai des solutions pour réguler la population du flétrissement bactérien. Par exemple, faire se succéder différentes cultures sur la même parcelle, peut permettre que la bactérie ne s’installe trop longtemps dans le sol et prolifère. »
Des légumes appréciés du consommateur mahorais
Dans ses serres, Laurent Guichaoua lutte contre les nuisibles comme les champignons, insectes, ou bactéries, avec des moyens biologiques. « Même s’il y a de la perte, les légumes peuvent aussi se défendre par eux-mêmes. Je choisi des variétés adaptées au climat. En saison des pluies, nous cultivons des tomates thaïlandaises, habituées à l’humidité et la prolifération des micro-organismes. Par contre, en saison sèche, lorsque le climat est plus clément, nous cultivons des variétés du sud de la France ». Récoltées mûres et vendues via une coopérative locale, ces tomates sont très appréciées des Mahorais en recherche de fruits et légumes frais.
La plateforme EcophytoPIC - Cultures tropicales
La plateforme EcophytoPIC - Cultures tropicales propose des applications concrètes de réduction des produits phytosanitaires adaptées aux cultures en milieu tropical dont la canne à sucre, la banane, les cultures fruitières, légumières et vivrières ainsi que les PPAM (Plantes à parfum, Aromatiques et Médicinales).
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