Ferme des Bayottes : élevage, maraîchage, vente directe... et temps libre
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Une exploitation en polyculture-élevage résiliente, diversifiée, respectueuse de l’environnement, qui ménage à chacun du temps libre, en particulier le week-end : voici le projet imaginé puis concrétisé par les quatre associés de la Ferme des Bayottes, près de Beauvais, dans l’Oise.
En 2014, deux couples, Mélanie et Mathieu d’un côté, Olivia et Pierre de l’autre, fondent ensemble la ferme des Bayottes dans le pays de Bray, près de Beauvais, une exploitation en polyculture-élevage menée à 100% en bio. Dès le départ, les quatre associés se fixent des lignes claires : produire tout en protégeant l’environnement, être maîtres de leurs décisions… et pouvoir s’octroyer du temps libre dans cette activité, l’élevage, qui en laisse en général peu.
Si Mathieu est éleveur depuis 2006, lorsqu’il avait repris l’exploitation parentale, les trois autres l’ont rejoint après avoir eu une vie professionnelle dans d’autres secteurs. Ils ont donc connu la vie salariée… et le temps libre, comme l’explique Pierre : « Dégager du temps, pouvoir s’épanouir dans d’autres choses, trouver du plaisir ailleurs, c’était vital pour nous dès le départ ».
Pouvoir « couper », un impératif
Dans cette optique, le collectif se révèle leur meilleur atout. « L’élevage, quand on est seul, c’est sept jours sur sept et 365 jours par an. Avec une telle charge, difficile d’avoir une vie sociale », détaille Mélanie. « Être plusieurs nous permet de libérer du temps, de faire des rotations, ce qui est impossible seul, ou même en couple. » Pouvoir « couper », même un week-end sur deux, est un impératif, selon Pierre : « C’est indispensable pour tenir la distance ! Ce métier, c’est un marathon, ce n’est pas un 100 mètres. Par ailleurs, je suis persuadé que ça nous rend meilleur dans notre boulot ».
Après dix ans d’existence, la ferme des Bayottes compte 90 vaches montbéliardes, dont 10 à 15% de la production de lait est transformée sur place en fromages blancs, faisselles, yaourts et fromages frais, et dont le reste est vendue en bio à la coopérative. Elle est complétée par une activité de maraîchage diversifiée, avec environ 60 variétés de légumes produites sur l’année, et par une production de céréales destinées à l’alimentation des bêtes et à la transformation en huile et farine, le tout sur 187 hectares.
Un collectif où les individualités ont leur place
En plus d’alléger l’astreinte liée à l’élevage, le collectif prend tout son sens dans la conduite de l’exploitation : toutes les décisions sont prises en commun entre les quatre associés. Pour autant, les individualités ont aussi leur place, comme le raconte Mathieu : « On partage beaucoup de valeurs, sur la vision du métier, mais on a des compétences différentes, et des caractères propres ».
Chacun, en fonction de ses affinités, trouve sa place dans une activité très diversifiée, entre les travaux dans les champs, la gestion du troupeau, la transformation laitière, mais aussi la prise de contacts commerciaux et la vente directe à la ferme deux demi-journées par semaine, ou encore la logistique pour fournir magasin de producteur, AMAP*, épiceries et grandes surfaces, qui sont les clients de la ferme.
Produire en protégeant l’environnement
L’autre satisfaction de Mélanie, Olivia, Pierre et Mathieu, c’est de travailler en respectant leurs valeurs, comme sur la protection de la biodiversité : « C’est une garantie de stabilité pour nos cultures, autant pour le maraîchage que pour les céréales », précise Mélanie. « On replante des haies tous les ans depuis notre installation. Elles ont des rôles importants : protection contre le vent, lutte contre l'érosion des sols, abri pour les animaux… » Ils sont aussi attentifs à préserver la ressource en eau, en limitant par exemple la consommation d’eau pour le lavage des légumes.
Au bout de dix ans, les quatre associés partagent la satisfaction d’avoir construit un modèle à leur image, viable économiquement, diversifié et résilient, ce qui leur permet de salarier trois personnes en plus sur la ferme. « On en est fiers », glisse Pierre, avant de préciser : « On a trouvé un équilibre petit à petit, sans chercher à s’agrandir. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, surtout dans l’élevage où les choses sont longues à mettre en place… »
* Association pour le maintien d'une agriculture paysanne
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