En Guadeloupe, la renaissance de la culture du café
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Pour échapper aux crises et aux aléas, l’exploitation guadeloupéenne Vanibel a choisi de diversifier sa production agricole en relançant un segment de niche, la culture du café local qui avait quasiment disparu. Trente ans plus tard, pari gagné : d’autres producteurs l’ont suivi et 15 tonnes de café ont été produites en 2018.
« Au départ, quand j’ai eu l’idée sur 1 hectare de reprendre la culture du café, culture traditionnelle abandonnée depuis longtemps, personne n’y croyait, mis à part le parc national et la chambre d’agriculture » explique Victor Nelson. Cet agriculteur a fait le choix d’une stratégie originale : cibler les épiceries fines de métropole, puis l’export. C’est aujourd’hui un café reconnu par les amateurs comme un des meilleurs du monde. Il rivalise avec le pur arabica Blue mountain de Jamaïque, un des plus chers au monde. Le café 100% Guadeloupe de l'entreprise n’arrive plus à satisfaire la demande locale qui a explosé.
Un segment de niche ambitieux, une filière revitalisée
Fort de ce succès, une vingtaine de petits producteurs se sont lancés à leur tour dans la culture de café, jouant la carte du collectif avec la création d’un syndicat agricole, le SAPCAV (Syndicat agricole des planteurs de café, cacao et vanille de Guadeloupe), dont Vanibel fait partie. Sur les 15 tonnes produites sur l’île, Vanibel en réalise environ le tiers qui est vendu vert non torréfié à la clientèle professionnelle, à ce stade de la transformation.
Pour faire face à la demande croissante, le syndicat vise les 60 hectares de plantation d’ici 3 ans. La pousse d’un caféier prend de 3 à 4 ans, il faut auparavant planter des pois doux, une légumineuse pour fixer l’azote. Cela nécessite des investissements importants. C’est pourquoi, la région et l’Union européenne, via le Feader, participent à ce projet qui renforce la diversification de l’agriculture guadeloupéenne et soutient l’activité économique de Basse-Terre. Le caféier, une culture pérenne, permet d’échapper aux aléas des cours de la canne à sucre, à la baisse des prix mondiaux de la banane et autres cyclones dévastateurs.
Depuis les années 90, Vanibel développe aussi une production de vanille sur un hectare et demi et gère des chambres d’hôte. Ces deux activités supplémentaires lui permettent d’agrandir, d'investir et de renouveler ses plantations qui comptent 12 hectares. 3 salariés et 4 associés travaillent sur l'exploitation dirigée par Françoise Rousseau et Joël Nelson, et créée par leur père, Victor Nelson.
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