#11Novembre : Grande Guerre et évolution du monde paysan
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En 1914, la France est encore à majorité agricole. Les quatre ans de conflits engendre des pertes humaines sans précédent. La Grande Guerre a-t-elle introduit une rupture dans l’évolution du monde paysan français ?
Depuis les années 1880, la valeur vénale des sols n’a cessé de baisser. Durant cette période, le prix d’un hectare de terre a chuté en moyenne d’un tiers. Les régions les plus touchées sont le Languedoc et le Midi méditerranéen, ainsi que l’Aube et la Champagne, alors que la Bretagne est bien orientée. Dans l’ensemble, c’est donc la déroute des rentiers du sol, dont profitent les paysans qui achètent massivement des terres dont la valeur locative s’effondre.
Une évolution amorcée avant les conflits
Ce vaste mouvement d’achat de terres par la paysannerie se confirme à partir de 1919. La guerre est à l’origine d'une reprise des transactions foncières : de nombreuses exploitations se trouvent disponibles à la suite de la mort au front de leur propriétaire.
Les tendances lourdes observées avant guerre perdurent et n’entraînent pas un véritable dynamisme économique dans les campagnes. Si le paysan place désormais volontiers ses économies au Crédit Agricole, crée en 1920 par Louis Tardy, c’est plus par souci d’épargne en vue d’acheter des terres que pour moderniser son exploitation. Cele-ci demeure dans un cadre traditionnel, peu ouvert aux innovations et encore moins concerné par le machinisme agricole qui fait seulement son apparition.
L’exode rural, amorcé avant guerre, dépeuple les villages qui, pour un grand nombre, passent sous le seuil des 100 habitants. Alors qu’un rural sur cinq habite une commune de moins de 500 habitants, la hantise de la dislocation de la société villageoise devient un thème très présent dans le cinéma des années trente et l’objet de fantasmes politiques.
Singulière fraternité d’armes
Avec l’expérience des tranchées est apparue la singulière fraternité d’armes. L'une de ses conséquences : nombre de chefs d’exploitations n’entendent plus être traités en inférieurs et obéir sans réagir. Une nouvelle couche paysanne apparaît, principalement dans le Bassin parisien, qui entend bousculer les hiérarchies traditionnelles et prendre des responsabilités sociales.
Dans l’Ouest, un mouvement syndical original est créé : les « cultivateurs-cultivants », conduit par des abbés bretons républicains.
Une sorte de préfiguration du mouvement qui, après le second conflit mondial, va entraîner l’agriculture française vers de nouveaux horizons !
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