#11Novembre : les paysans au front et au ravitaillement
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À la fin de 1914, la guerre de mouvement se transforme bientôt en guerre de position. Les belligérants doivent élaborer de nouveaux plans pour faire face à une situation inédite et imprévue. L'un des enjeux majeurs : la question de l’approvisionnement.
Après la bataille de la Marne du 6 au 9 septembre 1914, les troupes allemandes se replient sur l’Aisne puis réussissent à se fixer en s’appuyant sur les massifs de l’Argonne. C’est l’échec du plan Schlieffen. La course à la mer débute alors entre les armées allemande, française, britannique et belge. Il s’agit pour les alliés d’interdire l’accès des ports de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et Calais aux Allemands, que ces derniers cherchent à atteindre pour couper les Anglais de leurs bases d’approvisionnement.
C’est à ce moment qu’apparaissent les premières tranchées de la guerre qui, à la fin de 1914, sont creusées sur toute la longueur de la ligne de défense, sur près de 800 km, de la mer du nord à la frontière suisse. C’est le début de la guerre de position.
Comment approvisionner le pays et le front pendant quatre ans ?
Alors que la France compte quelque 5 400 000 actifs agricoles à la veille du conflit, la guerre en mobilise durablement près de deux millions. Avec la fixation du front, 2 500 000 hectares de terres agricoles sont perdus. Ce sont les plaines du Nord et du Nord-Est qui avaient des rendements supérieurs à la moyenne nationale et fournissaient avant-guerre 20% du blé, 25% de l’avoine et 50% du sucre.
Sur le reste du territoire national, si les surfaces en plantes fourragères sont réduites, les surfaces en blé n’en diminuent pas moins de près de 40%, de même pour l’orge et l’avoine, en raison de la pénurie d’engrais. Seule la culture de pommes de terre reste à son niveau de 1913. Il faut donc importer massivement afin de nourrir l’ensemble de la population. En six mois de guerre, l’approvisionnement décime le cheptel français.
En ce qui concerne l’élevage, à la perte immédiate d’une part substantielle du cheptel s’ajoute la réquisition d’animaux de trait. Mais c’est surtout l’approvisionnement des populations mobilisées – troupes et auxiliaires – qui met d’emblée en péril le troupeau bovin lui-même. En cinq mois, 735 000 bovins, soit 5% du total, sont abattus. À ce rythme, l’existence même du troupeau bovin français est menacée. Le gouvernement décide alors de recourir à des importations, notamment de viandes congelées, à hauteur de 20 000 tonnes par mois, qui couvrent 60% des besoins. Ainsi, le prélèvement annuel sur le cheptel national se réduit à seulement 540 000 têtes, et les effectifs remontent à 12 millions de têtes en 1918, trois millions de moins toutefois qu’en 1913.
20% des paysans français morts ou blessés au sortir de la Grande Guerre
À l’issue de la guerre, plus de deux millions d’hectares sont dévastés ou abandonnés. Mais le plus tragique demeurent les pertes en hommes. Au sein de la population agricole, ces dernières sont évaluées entre 500 et 700 000 morts, auxquelles il faut ajouter près de 500 000 blessés, soit quelque 20% des paysans qui ont fourni le gros de l’infanterie, l’armée la plus exposée.
Sources : Dictionnaire de la Grande Guerre, sous la direction de Jean-Yves Le Naour (2008).
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