Vallée du Rhône : des insectes protecteurs des fruits et légumes
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Eric Veyret protège ses cultures de fruits et légumes grâce aux organismes vivants et aux substances naturelles. Explication de ses méthodes de biocontrôle.
Dans la Vallée du Rhône, à Albon (Drôme), un véritable jardin d’éden donne naissance à une diversité de fruits et légumes. « Sur mon exploitation, avec mon épouse, nous produisons, des fraises, des abricots, des cerises, des pommes et des poires, du raisin de table, des kiwis, des figues, des noisettes et des amandes. Mais aussi des légumes, toute l’année, comme des épinards, de la mâche, des navets, des blettes et du panais, du persil et des aubergines, des tomates, des radis noirs et des betteraves, des carottes, du chou et des poivrons. Des fruits et légumes de toutes les couleurs et de toutes les formes : rouge, orange, jaune, violet, longs, carrés, ronds », énumère Éric Veyret.
Ce maraîcher et arboriculteur vend sa production de plein vent, été comme hiver, sur 42 hectares et dans un périmètre de 120 km. Mais encore faut-il que ces précieuses denrées ne soient pas convoitées par des « gourmands » de la nature, les insectes et autres organismes vivants (champignons, bactéries). Ainsi, Éric Veyret protège ses cultures, mais pas n’importe comment. « Je pratique le biocontrôle, c’est-à-dire que j’utilise des mécanismes naturels plutôt que des traitements chimiques », explique-t-il. Depuis que l’agriculteur s’est installé en 1997, il pratique cette technique pour diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires sur son exploitation.
De la chenille à la nymphe, tout est une question de timing
Dès l’apparition des premiers pucerons, Éric Veyret recourt à la gestion des auxiliaires. Des larves de chrysopes, un autre insecte, sont par exemple dispersées sur les feuilles des plantes colonisées. « Dans quelques jours, ces larves deviendront chenilles et se nourriront des pucerons », dit-il. « Il en va de même pour l’anthocoris nemoralis, une sorte de punaise qui se nourrit du psylle, un insecte qui adore la sève du poirier ! Et puis, il y a aussi le macrolophus, c’est un peu mon couteau suisse ! Il se nourrit du thripse, et de plein d’autres choses. »
Dans l’agriculture, il y a des insectes ravageurs et des insectes protecteurs (les auxiliaires). Tout l’art de l’agriculteur réside dans la gestion d’un équilibre propice entre ces différentes populations d’insectes, afin de préserver la culture. Ainsi, tout comme ses haies, Éric Veyret « taille au cordeau » ses méthodes de biocontrôle. « Un auxiliaire installé trop tôt n’aura rien à manger. Il faut trouver le bon moment pour qu’il ait suffisamment d’insectes ravageurs à se mettre sous la dent. Tout cela me demande une observation hors pair. Je parcours régulièrement mes 9 hectares de vergers, mes 2500 m² de serre, et mes 2 hectares de maraîchage afin de repérer toutes les éventuelles anomalies. »
Les macro-organismes accueillis en grande « ponte »
Différentes utilisations d’insectes sont envisageables. La chrysope est par exemple utilisée ponctuellement lorsqu’une menace se présente. En revanche, pour d’autres insectes, le « gîte » et le « couvert » leurs sont offerts, afin qu’ils s’installent et défendent l’exploitation au fil des saisons. « Les haies et les nichoirs qui entourent les vergers sont un garde-manger pour les anthocoris nemoralis. Quand ils n’ont plus de psylles à consommer dans les poiriers, ils vont aller se rabattre sur ceux qui se trouvent dans les haies alentour », raconte Éric Veyret. « Pour les macrolophus qui protègent les tomates, lorsque la culture est terminée, ils vont aller se réfugier dans des soucis que nous avons plantés à côté, en attendant la nouvelle saison. »
Les micro-organismes sont aussi de la partie
Des micro-organismes peuvent aussi être utilisés pour protéger les cultures, comme des virus, des minéraux ou des phéromones. « J’utilise par exemple de l’huile essentiel d’orange, qui a des propriétés desséchantes, afin d’éviter le développement des champignons. J’applique aussi des huiles blanches sur les feuilles des arbres fruitiers, afin de recouvrir les œufs d’insectes nuisibles. J’utilise des substances naturelles pour préserver une biodiversité protectrice pour mes cultures », conclut Éric Veyret.
Les substances utilisées en biocontrôle
Le biocontrôle consiste à utiliser des organismes vivants ou des substances naturelles pour réduire les dommages causés par d’autres organismes vivants, mais nuisibles (insectes ravageurs, plantes, virus, bactéries, etc.). On distingue 4 catégories d’organismes :
- les macro-organismes (insectes, nématodes) ;
- les micro-organismes (virus, bactéries ou champignons) ;
- les médiateurs chimiques (phéromones) ;
- les substances naturelles d’origine minérale (argile, phosphore), végétale (huile) ou animale.
Ces organismes vivants ou ces substances naturelles peuvent avoir différentes fonctions :
- être l’ennemi naturel d’un insecte ravageur, d’une plante, d’un virus, ou d’un champignon ;
- être une substance attractive ou répulsive pour désorienter les insectes (phéromones) ;
- être des stimulateurs capables de déclencher des mécanismes de défense chez les plantes (SDP).
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