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Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr

23 octobre 2015 Info +

Rencontre avec le référent national en apiculture du ministère de l'agriculture

Le ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt a mis en place un réseau national d’experts référents dans ses multiples domaines d’intervention : des produits de la pêche et des coquillages à la protection des animaux de compagnie, des équidés et de la faune sauvage ; des cultures légumières, pomme de terre, plantes aromatiques, condimentaires, médicinales ou à parfum, à l’abattage et la découpe de viandes….Fayçal Meziani, inspecteur en chef de santé publique vétérinaire à la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF) de Midi-Pyrénées, est le référent-expert en apiculture. Un rôle sur lequel nous avons voulu en savoir plus. Interview.

En quoi consiste la fonction de référent national dans votre domaine ?

J’ai deux sortes de missions, des missions générales et des missions spécifiques. Les missions générales sont celles confiées par la direction générale de l'alimentation (DGAL) qui est une direction du ministère de l'agriculture, il s’agit d’un apport de compétences techniques et scientifiques, d’un appui à l’élaboration des normes et instructions, et d’un rôle de relais entre l’administration centrale et les services déconcentrés, en facilitant l’action des services.

Les missions plus spécifiques sont la participation à la conception de dispositifs de surveillance dans le domaine apicole, ou l’appui en expertise technique pour la bonne utilisation et le suivi des médicaments vétérinaires en apiculture. Je travaille essentiellement avec deux sous-directions, celle de la santé et protection animale et celle de la qualité et la protection de végétaux.

Par ailleurs, je suis impliqué dans la gestion des risques des produits phytosanitaires, je suis animateur du réseau d’alerte et de surveillance des troubles des abeilles, et j’anime le groupe abeilles, de la plate-forme d’épidémio surveillance en santé animale.

Enfin, en tant que formateur, j’interviens chaque année à l’école vétérinaire de Nantes et à l’institut de formation des agents du ministère de l’agriculture (INFOMA).

Comment êtes-vous arrivé à exercer cette responsabilité ?

Je suis vétérinaire de formation, avec un parcours diversifié et plutôt atypique. J’ai également obtenu une maîtrise et un DEA en sciences fondamentales (biologie et médecine). Pendant sept ans, j’ai exercé comme chef de service santé et protection animales, végétales et environnement. Je me suis alors trouvé en charge de la question des abeilles de plusieurs façons, à la fois les aspects sanitaires liés à la protection des abeilles elles-mêmes et également celle de leur environnement. C’est un domaine qui m’a passionné de plus en plus, j’ai alors préparé un diplôme inter-écoles, en apiculture et pathologie des abeilles. Ce diplôme piloté par ONIRIS et qui se déroule entre les écoles vétérinaires de Maison Alfort et Nantes est considéré comme une référence dans ce domaine en France. J’ai également suivi une formation européenne sur les maladies des abeilles.

Lorsque ce poste de référent, avec un profil transversal santé des abeilles et environnement, a été ouvert à la mobilité, j’ai posé ma candidature, qui a été retenue, il y a maintenant presque deux ans.

Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr De quelle façon intervenez-vous sur le terrain auprès des apiculteurs ?

D’une part je réponds aux sollicitations de la DGAL pour intervenir, ce sont des interventions qui ont lieu dans le cadre de l’appui que j’apporte à l’administration centrale ; d’autre part, je suis sollicité par les DRAAF pour animer des réunions autour de la thématique abeille et leur apporter de l’appui sur des sujets allant de la mise en place de la gouvernance sanitaire dans le domaine apicole à la surveillance des maladies des abeilles.

Je suis également en charge de l’animation d’un réseau de surveillance de la mortalité des abeilles, je me déplace alors quand ma présence est nécessaire notamment sur des épisodes de mortalités avec des phénomènes complexes.

Par exemple, je me suis rendu très récemment dans les Bouches du Rhône, où un épisode de forte mortalité s’est produit. J’y pilote avec nos services les aspects opérationnels (enquêtes vétérinaires, enquêtes phytosanitaires, prélèvement et analyses) ainsi que l’exploitation des résultats et leur communication.

À titre privé, je possède quelques ruches et suis apiculteur amateur, c’est aussi une façon de rester en contact avec l’aspect pratique.

Recevez-vous aussi un appui de la part de divers partenaires ?

Oui, bien sûr. Il existe de nombreuses interactions des groupes scientifiques entre eux, laboratoires, vétérinaires, épidémiologistes de l’ANSES [1], écotoxicologues de l’Institut de l’Abeille, etc. Il y a également des interactions entre ces groupes et l’administration. Ces liens permettent de conforter l’expertise et les diagnostics, d’échanger sur les expériences, de les partager avec les autres acteurs. C’est essentiel.

Quelle est l’actualité dans le domaine apicole ?

Je peux parler de la gouvernance sanitaire apicole, qui est à finaliser. C’est une préoccupation de la DGAL. L’organisation régionale demande maintenant une mise en œuvre concrète, harmonisée et opérationnelle des organismes à vocation sanitaire dans le domaine apicole.

Aussi dans le droit fil de la construction de cette gouvernance sanitaire, l’implication des vétérinaires praticiens à travers le « mandatement » dans le domaine apicole et la création du nouveau statut de « Technicien sanitaire apicole » (TSA ), tous deux acteurs du sanitaire, sont des dossiers pilotés par la DGAL avec beaucoup d’attention.

Un autre sujet se montre particulièrement d’actualité et exige un suivi très attentif, c’est l’arrivée en Italie du Petit coléoptère des ruches, un parasite jusque-là exotique pour l’Europe. C’est très préoccupant, il s’agit d’un danger sanitaire de première catégorie. La France en est actuellement indemne. Grâce aux plans de surveillance, nous mettons tout en œuvre pour le détecter précocement et lutter contre son arrivée.

Enfin, dans le domaine de la protection des végétaux, je peux citer la révision de l’arrêté du 28 novembre 2003, relatif aux conditions d’utilisation des insecticides et acaricides à usage agricole en vue de protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs. La révision de ce texte qui encadre l’usage des produits phytosanitaires est en cours.

Pour en savoir plus :

Site de l’ANSES
Site de l’Institut de l’Abeille


[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail