Recherche : l’arbre fourrager, une solution pour nourrir les chèvres en temps de sécheresse ?
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Nourrir les chèvres grâce aux feuilles de murier : cette expérimentation est conduite à la ferme du Pradel, une ferme expérimentale, totalement intégrée au lycée agricole Olivier de Serres d’Aubenas (Ardèche). L’objectif est d’aider les éleveurs à s’adapter au changement climatique.
« Ce n’est pas une nouveauté, on sait que les ruminants peuvent manger les feuilles d’arbres. Le murier blanc pourrait par exemple être une bonne source nutritionnelle, tout comme le frêne ou le noisetier », explique Claire Boyer, cheffe de projet de la ferme du Pradel.
En Ardèche, avec le réchauffement climatique et les étés de plus en plus secs, l’herbe peut manquer dans les prairies. C’est pourquoi la ferme du Pradel décide d’expérimenter le pâturage d’arbres fourragers sur une parcelle de 2 hectares de muriers blancs anciennement utilisés pour élever des vers à soie. « Ces arbres, laissés à l’abandon, sont une belle opportunité de tester une nouvelle source d’alimentation pour les chèvres, car en pleine période estivale, leurs feuilles restent bien vertes et charnues malgré la chaleur », indique Claire Boyer.
Tester, observer et transmettre des techniques nouvelles
Est-ce que les chèvres en mangent ? En quelle quantité ? La production de lait est-elle impactée ? Est-ce que le fromage change de goût ? Comment entretenir les arbres ? Le rôle de la ferme du Pradel est de répondre à toutes les questions que l’éleveur pourrait se poser.
« L’exploitation offre un cadre propice pour comparer l’effet du murier blanc par rapport à un fourrage ordinaire. Elle permet de mettre en place différents protocoles et de relever différentes données, mesures et observations qu’un élevage classique ne pourrait pas faire, faute de temps », détaille Claire Boyer.
Grâce à sa salle de traite adaptée aux expérimentations, la ferme du Pradel peut traire séparément différents groupes de chèvres afin de réaliser plusieurs échantillons d’analyse du lait.
Des solutions adaptées aux réalités professionnelles
À l’instar de nombreux élevages professionnels français, la ferme du Pradel, composée de 228 chèvres, produit 220 000 litres de lait par an dont 135 000 sont transformés sur la ferme en Picodon AOP (fromage). « Notre travail de recherche se rapproche des réalités de terrain, ce qui permet d’offrir des solutions rassurantes clés en main aux éleveurs, et compatibles, notamment, avec les contraintes d’un cahier des charges d’une production certifiée AOP. Ce que l’on peut déjà leur dire, c’est que les chèvres raffolent du murier blanc. Il faut même les empêcher de dévorer tout l’arbre ! », conclut Claire Boyer.
Les projets, qui durent en moyenne trois ans, permettent d’obtenir des résultats fiables qui sont ensuite transmis aux élèves du lycée agricole Olivier de Serres et aux éleveurs via la filière caprine et lors de journées techniques.
- La ferme du Pradel -
Un lieu d’expérimentation pour faire avancer la filière caprine
Sa création est le fruit d’un partenariat entre l’enseignement agricole, la profession et les instituts techniques. L’Institut de l’Élevage en est l’un des acteurs majeurs depuis 1989. L’association Cap’Pradel regroupe l’EPLEFPA Olivier de Serres, l’Institut de l’élevage (Idele), la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec) et la Chambre d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ensemble, ils décident du choix des expérimentations à réaliser afin de répondre aux problématiques rencontrées dans les élevages et aux attentes sociétales.
Par exemple, pour le projet FASTOChe, le Pradel étudie l’intérêt de faire pâturer les chèvres dans des prairies de sainfoin pour les prémunir des parasites et éviter l’utilisation d’un traitement chimique.
Le troupeau est composé de 228 chèvres laitières, une partie de la production est transformée en fromages (Picodon AOC) et le reste est livré à la coopérative. La ferme caprine dispose d’une quarantaine d’hectares pâturés constituée essentiellement de surfaces fourragères et d’une fromagerie pilote. L’équipe de la station compte 8 personnes et accueille tous les ans 5 à 6 stagiaires d’études.
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