Parangonnage sur la diminution des émissions de méthane de l’élevage
Partager la page
Quels leviers techniques et économiques peut-on mettre en place pour limiter les émissions de méthane ? Une mission du CGAAER a été chargée d’un parangonnage sur les approches développées dans quelques pays où le méthane constitue une part importante des émissions de gaz à effet de serre : les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, l’Irlande, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Brésil.
Rapport de mission de conseil n° 23065
Juillet 2024
Enjeux
Le méthane est un gaz à très fort pouvoir réchauffant ; ainsi une tonne de méthane peut être considérée comme équivalente à 28 tonnes de CO2 si l'on considère son impact sur 100 ans.
60% du méthane mondial est aujourd’hui produit par l’homme. Les principales sources anthropiques sont par ordre décroissant d’importance : l’élevage, la riziculture, l’extraction et la distribution de combustibles fossiles comme le gaz naturel, les décharges et sites d’enfouissement.
Pour ce qui concerne l’élevage, le méthane est essentiellement lié à la fermentation entérique des animaux. Il représente 93,6 % des émissions directes de l’élevage.
L’étude compare les engagements, les stratégies et les actions mis en place par certains États membres de l’Union européenne (Pays-Bas, Danemark, Allemagne et Irlande) et par quelques pays tiers (États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande et Brésil) pour atteindre leurs objectifs de réduction de méthane d'ici 2030.
Méthodologie
La mission a rencontré différents acteurs nationaux : organisations professionnelles agricoles, instituts de recherche (INRAe, IDELE), etc. Elle s’est appuyée sur le témoignage des conseillers agricoles en poste dans les pays étudiés et s’est rendue aux Pays-Bas et en Irlande afin de recueillir le témoignage des administrations et des chercheurs : Université de Wageningen (NL) et Teagasc (Irlande).
Résumé
Dans tous les pays étudiés, des technologies et techniques de réduction des émissions de méthane sont déployées avec une motivation souvent double : atteindre les objectifs annoncés, souvent non contraignants, mais aussi afficher à l’exportation la performance environnementale des produits laitiers et des viandes de ruminants.
Concernant les leviers techniques identifiés, le rapport souligne la nécessité de soutenir la recherche et le développement de solutions innovantes, telles que la génétique, les additifs alimentaires et la gestion des effluents. Il recommande également d'adopter une approche multicritère, prenant en compte les impacts environnementaux, économiques et sociaux des différents leviers mobilisés.
Le rapport aborde la question de la réduction du cheptel, illustrée par les démarches non abouties de rachat d’élevages aux Pays-Bas. Si le recours aux additifs alimentaires parait une solution simple et efficace, il n’existe pas de solution universelle et unique mais plutôt un ensemble de leviers à mobiliser et à adapter selon le type d’élevage, le territoire et les acteurs. Une gestion optimisée du troupeau, le développement de régimes alimentaires moins émetteurs de méthane pour les ruminants, ainsi que l'adaptation de la gestion des effluents et des installations d'élevage, sont à privilégier.
Pour des raisons d’acceptabilité et de fragilité du modèle économique de l’élevage français, les rapporteurs écartent la mise en place des dispositifs réglementaires ou financiers pour contraindre les éleveurs à réduire les émissions de méthane de leur cheptel.
Le rapport formule cinq recommandations :
- Dans le cadre de l’accompagnement des agriculteurs face au changement climatique, proposer un plan d'action pour réduire les émissions de méthane de leur élevage ;
- Se concentrer à court terme sur deux leviers particulièrement efficaces : la diminution des périodes improductives des animaux et l'amélioration de l'alimentation (qualité des fourrages, additifs, etc.) ;
- Mener une réflexion approfondie par type d'élevage sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone, en tenant compte des autres aménités de l'élevage ;
- Dans le prolongement des mesures du "Plan gouvernemental de reconquête de notre souveraineté sur l'élevage", renforcer la formation et le conseil aux éleveurs sur l’enjeu des émissions de méthane et les accompagner financièrement pour l’adaptation et la modernisation de leurs installations ;
- Enfin, faciliter l'adoption à grande échelle par les éleveurs des techniques de réduction des émissions de méthane, en renforçant les outils de marché tels que les paiements pour services environnementaux (Label Bas carbone) et les stratégies RSE (scope 3) des entreprises agroalimentaires.