Observer les captures accidentelles de mammifères marins : le récit d'un observateur maritime
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Timothée Julien, 24 ans, est observateur scientifique. Son métier consiste à embarquer à bord de navires de pêche professionnelle pour observer les captures et les conditions de pêche, tout en préservant l’anonymat des navires et des pêcheurs. Eric Guyniec, pêcheur pendant près de 30 ans et aujourd’hui directeur de l’armement APAK, a accepté la présence d'observateurs l’hiver dernier sur ses 7 navires, basés au port de pêche de Keroman à Lorient. Tout deux témoignent de leur amour de la mer et de leur métier.
Timothée Julien a choisi le métier d'observateur maritime après une formation d’ingénieur en halieutique à Agrocampus ouest, à Rennes : « Partager le quotidien des pêcheurs et découvrir les techniques de pêches, est ce qui me plaît. J’exerce ce métier principalement dans les zones de Saint Gilles Croix de Vie et de l’île d’Yeu. J’ai aussi embarqué sur un des navires de l’APAK. Cet hiver, j’ai pu participer au programme lancé et mis en place par le ministère en charge de la pêche, qui avait pour objectif d’améliorer la connaissance sur les interactions entre les chaluts pélagiques (filet remorqué qui évolue en pleine eau, entre la surface et le fond, sans être en contact avec lui) et les populations de cétacés. J'ai également observé la prévention des captures avec l'utilisation de pingers (outil acoustique mis au point pour éviter les captures accidentelles) par les pêcheurs. Malgré la présence de dauphins autour du navire, je n’ai observé aucune capture de cétacé dans les chaluts. L'utilisation des pingers pour prévenir les captures accidentelles est d'ailleurs l'un des sujets de discussions que j'ai régulièrement avec les professionnels.
Lors de mes embarquements, j’ai été toujours bien accueilli par les pêcheurs qui sont très volontaires. Ils sont dans une vraie démarche de transparence et sont conscients qu’il est nécessaire d’apporter des solutions efficaces pour éviter les captures accidentelles des mammifères marins. »
Pour Eric Guyniec, la présence d'observateurs, personnes neutres et professionnelles, sur ses navires a été bénéfique : « C'est grâce au travail des observateurs maritimes que les pêcheurs pélagiques ont été "sauvés". Nous, pêcheurs, on trouve inadmissible de voir autant d’échouages de cétacés ! C'est pourquoi il faut embarquer un maximum d’observateurs pour comprendre tous les paramètres qui provoquent ces échouages. Une partie des échouages peuvent être éventuellement provoqués par d’autres phénomènes, inconnus à ce jour. Ces observations permettront de mettre en place des actions comprises pour limiter les captures accidentelles liées à l’activité de pêche. »
Qu'est-ce qu'un observateur scientifique ?
Issus d'une formation scientifique, ils embarquent toute l’année sur les navires d’un secteur et observent la capture et en prenant soin de ne pas gêner l’équipage.
Ils veillent à la confidentialité des informations collectées.
Ils sont les interlocuteurs privilégiés des pêcheurs professionnels concernant le programme Obsmer.
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