Noblia, les lettres de noblesse de l'agroécologie
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Hier, en 2008, Félix Noblia rachetait la ferme de son oncle avec une forte envie de faire autrement. Aujourd’hui, des groupes d’agriculteurs se succèdent chez lui pour observer le jeune phénomène… et ses pratiques innovantes. Moins de 10 ans pour passer d’une agriculture intensive et dépendante à une agro-écologie productive et rentable. Reportage chez l’artiste, lauréat du Prix de l'innovation des Trophées de l'agro-écologie 2016-2017.
Reprendre une ferme « hors cadre » à vingt ans, sans expérience, il faut du cran. La transformer en ferme agro-écologique d’autant plus. Passer en semis direct puis en bio, être fou ! À vingt ans, DUT de bio et une licence à peine en poche, Félix Noblia, jeune musicien de la côte basque reprend les terres de son oncle un peu par hasard, « pour ne pas les voir partir hors de la famille ».
Fermage, endettement et convictions environnementales l’obligent à concevoir autrement l’élevage intensif en quasi monoculture de maïs transmis par son oncle. Il se forme beaucoup, écoute, lit, observe et s’inspire d’exploitations innovantes. Teste et expérimente. Découvre l’autonomie « je n’achète que du gazole, des engrais organiques et quelques semences. Le reste est produit et consommé sur ma ferme ». Supprime le maïs « trop consommateur d’eau et de phytos ». Sème des mélanges de variétés et d’espèces. Allonge ses rotations. Fait pâturer ses vaches en dynamique 10 mois par an et leur donne fourrages et protéines de la ferme… Se heurte souvent avec son oncle qui habite encore sur la ferme. « Ma vision de l’agriculture et mes nouvelles pratiques bouleversaient ses certitudes ». Son oncle, Michel Lataillade, confirme : « Sa manière de produire, de transformer à la ferme, de moins travailler, d’être moins sur le tracteur, de passer du temps en formation et en voyages, d’expérimenter, tout est différent ! Félix a même changé la race du troupeau. De la ferme que je lui ai transmise, je n’y retrouve que mes terres ! ».
Quatre années passent. Félix Noblia arrête de labourer, couvre ses sols en permanence d’une dizaine d’espèces différentes, pour nourrir ses vaches et sa terre. Patouille. Bidouille. Se plante. Réussit. Du rouge, ses comptes de résultats passent au vert. Très vert. En 2016, il convertit l’ensemble de son exploitation à l’agriculture bio.
Une agriculture de conservation productive et rentable
Ses pratiques innovantes, on les regarde de loin. Puis de près. « Beaucoup de monde vient sur la ferme voir comment Félix travaille et il fait des émules : deux voisins se sont convertis à l’agriculture biologique et d’autres passent au semis direct », témoigne son oncle. « Agriculteurs, coopératives, associations, organismes de recherche viennent observer mes pratiques. J’ai lancé une plate-forme expérimentale sur mon exploitation pour tester l’agriculture biologique sans labour. Réussir à contrôler les mauvaises herbes sans herbicides ni labour nécessite d’être très technique et très rigoureux. C’est une véritable course de vitesse entre la culture et les mauvaises herbes ! » Convaincu et militant, Félix Noblia passe aujourd’hui près d’un tiers de son temps sur ses expérimentations : « Je veux prouver que l’écologie marche, qu’on peut faire de l’agriculture productive dans un système durable en amélioration permanente. L’agriculture biologique est capable de faire les mêmes rendements qu’en conventionnel ! ». Et il travaille avec le voisinage : « Je les aide à se mettre au sans labour, ils se convainquent eux-mêmes en voyant les résultats. Mon oncle aussi a accepté cette (r)évolution, il en est même fier ». Pour Michel, « Ce que Félix a envie de faire il le fait. Il se remet en cause en permanence et il avance ! ».
Les innovations agroécologique de Félix Noblia
- semis direct sous couvert végétal le plus souvent permanent (luzerne, trèfle violet) ;
- pâturage tournant doublant la productivité de ses prairies ;
- choix de vaches rustiques, les Angus ;
- valorisation de ses productions en filières courtes (blé, huile, orge, viande...).
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