Les cloches sonnent l’heure des pâturages
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Depuis sept générations, Jean Obertino et fils façonnent, à Morteau dans le Doubs, des cloches pour les vaches d’alpage. C’est l’une des deux seules entreprises françaises à fondre des cloches de bronze. Reportage.
« Les cloches fixées à leur cou donnent le signal : les vaches partent aux estives » éclaire Yves Obertino, fondeur de cloches depuis sept générations. Jean Obertino et fils, son entreprise est l’une des deux seules en France à façonner des cloches en bronze. Mélange de cuivre et d’étain aux proportions gardées secrètes, le bronze est coulé dans des moulages réalisés manuellement avec du sable. « Chaque son de cloche est unique. La forme et son épaisseur font varier le tintement. Le son sera plus clair avec une forme évasée, plus grave avec une forme plus droite » explique Yves Obertino. Chaque année, il fournit aux éleveurs, aux touristes ou aux particuliers des cloches de toutes les tailles. Hervé Remonnay, producteur de lait au Mont Vouillot à 1100 mètres dans les montagnes du Jura, équipe, dès le printemps, ses 80 montbéliardes de cloches lorsqu’elles sortent aux pâturages. Il est capable de reconnaître certaines vaches aux tintements de leur cloche. « Mes plus belles cloches ornent mes meilleures vaches. L’utilisation de cloches dans les élevages fait partie d’un folklore, mais elles me sont utiles : lorsque je vais chercher le troupeau pour la traite, à l’oreille je devine s’il en manque une ou deux, broutant plus loin… ».
Des cloches silencieuses pour des vaches repues
La fonderie travaille le bronze mais aussi le cuir : un employé qualifié dédié à la bourrellerie découpe, perse, cout, brode et peint à la main les motifs sur les courroies des cloches. Tout un art au service d’une cloche qui peut tenir d’une génération de vache à une autre jusqu’à 200 ans ! L’entreprise fait partie des 1400 entreprises en France à recevoir le label EPV « entreprise du patrimoine vivant » qui récompense tradition et savoir-faire artisanal d’excellence.
Parfois, dans les pâturages, on ne les entend plus les cloches. Et c’est tant mieux. L’éleveur est content : « quand il n’y a plus de tintements dans les prés autour de ma ferme, je sais que mes vaches sont bien ; elles ont bien mangé, se sont couchées et ruminent ».
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