Photo d'un capricorne asiatique
Michael Bohne, USDA Forest Service, Bugwood.org

21 juin 2024 Info +

Les capricornes asiatiques, de dangereux ravageurs pour les feuillus

Le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis) et le capricorne asiatique des agrumes (Anoplophora chinensis) figurent parmi les ravageurs des feuillus les plus dangereux au monde : ils sont qualifiés d’organismes nuisibles de quarantaine1 prioritaire par l’Union européenne (UE). Ces grands coléoptères s’attaquent à de nombreuses espèces de feuillus vivants : érable, orme, peuplier, bouleau, saule, pommier, poirier, agrumes, frêne, hêtre, etc. Ces insectes entraînent l’affaiblissement des arbres, leur dépérissement et leur mort. Comment contribuer à leur surveillance et à leur éradication ? Toutes les informations dans cet article.

L’infestation commence généralement par la ponte au cours de laquelle les œufs sont insérés sous l'écorce des arbres par la femelle. Immédiatement après l’éclosion, les larves commencent à creuser des galeries dans les tissus ce qui perturbe le transport de l'eau et des nutriments dans le végétal. Cela entraîne rapidement le dépérissement de l'arbre le rendant sensible aux maladies et éventuellement sa mort.

1 Organisme nuisible qui a une importance potentielle pour l’économie de l’Union européenne et qui n’est pas encore présent sur le territoire européen, ou bien qui y est présent mais n’y est pas largement disséminé et fait l’objet d’une lutte officielle.

Les capricornes asiatiques sont-ils présents en Europe ?

Oui, le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis) est présent en Europe depuis 2001. Depuis, des interceptions et des foyers d’infestations isolés ont été signalés en Allemagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, au Royaume Uni ou en Suisse. En France, un premier foyer a été détecté en 2003 à Gien dans le département du Loiret en région Centre-Val de Loire. D’autres foyers de capricornes asiatiques ont été déclarés dans différentes régions (Auvergne-Rhône-Alpe, Corse et Grand Est). Tous ont été éradiqués avec succès excepté celui du Loiret pour lequel des mesures d’éradication sont mises en œuvre par les services phytosanitaires de l’État.

Le capricorne asiatique des agrumes (Anoplophora chinensis) est beaucoup moins répandu dans le monde que le capricorne asiatique. Sa première colonisation en Europe a été découverte en Italie en 2000. Ce ravageur a ponctuellement été détecté aux États-Unis, dans d’autres régions d’Italie et en Suisse. Un foyer de ce capricorne découvert en juillet 2018 a récemment été éradiqué grâce au travail des services de la protection des végétaux avec l’aide de la commune de Royan. La France est à nouveau indemne de cet organisme nuisible depuis le début de l’année 2024.

Comment les identifier ?

Les capricornes asiatiques sont de grands coléoptères dont la taille varie de 20 à 37mm. De couleur noire, ils présentent entre 10 et 20 taches blanches pouvant aller parfois jusqu’à 60. Les mâles sont plus petits que les femelles et leurs antennes noires striées de gris bleu clair sont particulièrement longues.

La période d’envol des capricornes asiatiques s’étend d’avril à octobre, et culmine de juin à août. Ils ne vivent que 1 à 2 mois. Les symptômes observables sur les végétaux sont les suivants :

  • Présence de sciure à la base du tronc ou dans les fourches des arbres.
  • Incisions et encoches de ponte.
  • Trous d’émergences parfaitement circulaires (diamètre 10-15 mm).
  • Suintements de sève au niveau des encoches de ponte.
  • Écorce décapée sur les jeunes rameaux.
  • Dépérissement et dessèchement de certaines branches voire de l’arbre entier.

La localisation des quatre premiers types de symptôme varie selon l’espèce : au niveau de tronc et du houppier pour A. glabripennis et au niveau de la base du tronc ou des racines affleurantes pour A. chinensis.

Que faire en présence du coléoptère ? Qui contacter ?

En cas d’observation de symptômes de la présence du ravageur, il est indispensable de contacter rapidement le Service régional de l’alimentation (SRAL) de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) du lieu de découverte du capricorne. Il est important de capturer l’insecte ou le cas échéant qu’une photo soit transmise au SRAL/DRAAF en précisant le lieu de l’observation et la plante concernée. Des inspecteurs de l’État ou de la structure d’appui mandatée par l’État (FREDON - Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) seront alors susceptibles de venir confirmer la suspicion et le cas échéant de coordonner la lutte qui devra être mise en œuvre.

Quelles actions pour enrayer sa propagation ?

Afin d’empêcher son installation sur notre territoire, une détection précoce de la présence de capricorne asiatique permet de prendre des mesures de lutte appropriées et préconisées par la réglementation européenne.

Mesures préventives

La principale mesure préventive consiste à empêcher l’introduction d’organismes de quarantaine en respectant les dispositions en matière d’importation et de contrôles. Dans le cas présent, il s’agit des :

  • Dispositions d’importation pour les emballages en bois : Norme internationale pour les mesures phytosanitaires n°15 (norme NIMP15). Le bois d’emballage comme les palettes notamment doit être soumis à un traitement thermique afin d’éliminer tous les organismes nuisibles puis être marqués selon cette norme.
  • Dispositions d’importation pour les plantes vivantes :

- L’importation en provenance de pays situés en dehors de l’Union européenne de tous végétaux est soumise à une règlementation stricte. En particulier, certaines espèces végétales sont interdites d’entrée dans l’UE, toutes celles autorisées doivent être accompagnées d’un certificat phytosanitaire qui sera exigé à l’entrée dans l’Union européenne.
- À l’intérieur des frontières de l’UE, le mouvement de jeunes arbres ou de tout plant végétal ne peut s’effectuer qu’accompagné d’un Passeport phytosanitaire (étiquette officielle), émis sous couvert de chaque ministère chargé de l’agriculture en Europe.

Surveillance annuelle

Chaque année, des prospections ciblées des végétaux hôtes sur le territoire national sont effectuées par les services régionaux de la protection des végétaux. Cette surveillance consiste en des inspections visuelles des arbres potentiellement hôtes de ces nuisibles, y compris au moyen de jumelles ou de nacelles élévatrices, en cas de suspicion.

Mesures de lutte

Afin d’éviter la dissémination des capricornes asiatiques, un végétal portant des symptômes d’attaques doit être abattu dans les plus brefs délais et dans la mesure du possible être brûlé ou broyé finement. Cela est généralement précisé dans les arrêtés préfectoraux.
Aujourd’hui, dans la zone de la ville de Gien présentant un foyer en cours de gestion, les inspections visuelles sont renforcées et s’accompagnent de campagnes semestrielles de recherche du capricorne à l’aide de chiens renifleurs spécialisés. Cette lutte s’effectue sous le contrôle du service phytosanitaire régional.
La détection précoce, conjuguée à l'application rapide des mesures de lutte est un élément facilitateur de l'éradication.

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