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Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr

16 novembre 2015 Info +

La vigne et le réchauffement climatique : comment s'adapter?

Certains imaginent déjà un paysage viticole bouleversé par le changement climatique, et des zones de culture déplacées sous des latitudes plus propices. Une vision alarmiste à laquelle les viticulteurs de la coopérative Plaimont, dans le Gers, n’adhèrent pas. Ils préfèrent se mettre au travail et développer des stratégies pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Parmi celles-ci, la redécouverte de cépages locaux oubliés.

Près de la commune de Pouydraguin, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Mont, dans le Gers, le conservatoire de la coopérative Plaimont producteurs abrite 37 cépages différents. Plantés sur un sol sableux, moins propice aux maladies, protégés d’une haute grille, qui empêche les animaux de venir grignoter les raisins, ces cépages sont précieux. Jugés peu productifs, trop peu sucrés, ou trop sensibles aux intempéries par les générations précédentes, on les avaient peu à peu oubliés. Retrouvés sur les parcelles des viticulteurs de la coopérative, ils sont aujourd’hui étudiés de près.

Certains pourraient se révéler cruciaux dans l’adaptation des vignes au réchauffement climatique, un enjeu primordial pour la coopérative de 800 producteurs, dont une grande partie de la production est sous appellation d’origine contrôlée. Davantage de soleil, des températures plus élevées, et c’est tout l’équilibre du vin qui s’en trouve affecté : « L’acidité diminue, et le sucre, donc le taux d’alcool, augmente », explique Nadine Raymond, coordinatrice technique chez Plaimont. « Un des cépages le plus important chez nous est le tannat. S’il prend quelques degrés supplémentaires, son taux d’alcool sera trop élevé pour le marché. » Olivier Bourdet-Pees, directeur général de Plaimont explique : « Certains viticulteurs feront le choix d’adopter des cépages non autochtones, plus adaptés au nouveau climat. Nous ne pourrons pas faire cela : notre projet est lié au territoire pyrénéen, c’est une question d’ identité. »

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© Cheick.Saidou / Min.Agri.Fr

Des cépages locaux plus tardifs

La coopérative cherche à sélectionner des cépages locaux mais plus tardifs, aux cycles végétatifs plus longs. « Pour certains cépages, il faut repartir de zéro : c’est un travail de bénédictin ! », s’exclame Olivier. L’institut français de la vigne et du vin leur prête main forte, notamment pour les mini-vinifications de cépages prometteurs. Etudié depuis plusieurs années, le manseng noir a passé toutes les épreuves : il est prévu d’en planter 80 hectares d’ici 5 à 10 ans. « Génétiquement très proche du tannat, il nous intéresse par sa typicité et son goût un peu épicé. Peu élevé aujourd’hui, son taux d’alcool devrait rester modéré. »

Au-delà du choix des cépages, un travail de qualification des parcelles a été initié en 2010 : terroir, nature du sol, paramètres du paysage… tout est répertorié. « L’objectif est d’arriver à dire : sur ce terroir, il vaut mieux tel cépage planté à tel moment, telle culture, tel profil de vin …», explique Nadine. « En adaptant précisément le terroir au vin, on pourrait aussi amoindrir les effets du changement climatique. »

En trente ans, les vendanges ont été avancées de trois semaines

Des effets qui se font déjà sentir sur le terrain : en trente ans les vendanges ont été avancées de presque trois semaines. « Le réchauffement climatique n’est pas la seule explication car les techniques viticoles ont évolué, précise Joël Boueilh, viticulteur et président de la coopérative. Mais on voit bien qu’il y a un resserrement et que la maturité arrive plus tôt. » Sur les parcelles, les viticulteurs adaptent leurs pratiques. Ainsi comme l’explique Olivier : « On ne pratique plus systématiquement l’effeuillage, qui consiste à enlever les feuilles protégeant les raisins du soleil pour leur permettre de mûrir. On revient aussi sur l’enherbement intégral, qui impose une contrainte hydrique moins acceptable aujourd’hui. »

Sélection des cépages, choix des parcelles, adaptation du travail viticole… Pour Olivier, « il s’agit de prendre le problème le plus en amont possible. » Et le plus tôt possible : « Quand on plante un vignoble, il faut 20, 30, 40 ans pour qu’il donne le meilleur de lui-même. C’est maintenant que notre avenir se prépare

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