Laurence Gauthier : « Il faut croire en son projet et être tenace »
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En 2015, Laurence Gauthier décide de quitter sa vie d'ingénieure agronome à Paris pour devenir éleveuse dans le Poitou, sa région natale. Elle s’installe à Nouaillé-Maupertuis, dans la Vienne, sur une ferme de 60 hectares qu’elle convertit en agriculture biologique. La Folie Bergère, qui réunit vergers, maraîchage et élevage, grandit depuis grâce à des rencontres et à un solide sens du collectif.
Dans sa précédente vie, Laurence Gauthier a côtoyé de nombreux agriculteurs qui lui ont donné envie de franchir le pas. « Je voulais faire du bio, du circuit court, de la vente directe et créer du lien avec les consommateurs ». Avec son mari, elle consulte le « Répertoire départ installation » et trouve une ferme, non loin de Poitiers, qui cherche un repreneur. La coquille est un peu vide : il n’y a plus d’animaux ni d’équipements sur la ferme. Le choix est risqué, mais cette page blanche est l’occasion idéale de créer une exploitation à son image. « Alors, on s’est retroussé les manches ». Avec l’aide de la Safer (Société d’aménagement et d’établissement rural) et du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, elle signe une convention pour bloquer la ferme et les terres agricoles le temps de se former. Elle entame alors le plan de professionnalisation personnalisé (PPP) qui lui permettra de solliciter l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs.
Confronter son projet à la réalité
Malgré sa formation et sa connaissance du milieu agricole, il lui manque de la pratique. Elle effectue plusieurs stages « pour mettre les mains dans du concret » et affiner son projet. « Les expériences et les échanges que j’ai eus avec les professionnels ont été essentiels pour moi. J’avais imaginé faire de la volaille et finalement j’élève des moutons ! Je me suis sentie plus à l’aise avec ces animaux et ils sont plus adaptés à notre territoire ». Elle s’installe un an plus tard et sollicite plusieurs dispositifs de la PAC (aides à l’agriculture biologique, soutien aux pratiques de verdissement, dotation aux jeunes agriculteurs…) ainsi que des aides à l’investissement comme le PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) qui lui permettent de moderniser ses bâtiments d’élevage, de faciliter la commercialisation et la transformation à la ferme.
Chaque rencontre est une opportunité
Aujourd’hui, quatre autres personnes ont rejoint l’aventure de la Folie Bergère. Son mari, Benoît, a développé le maraîchage en vente directe. Amélie, ingénieure en génie des procédés, a créé un verger de fruits rouges, transformés et vendus à la ferme. Depuis l’automne 2022, deux nouvelles personnes ont intégré l’équipe pour consolider les ateliers et développer l’accueil et l’animation du public.
Le plan de professionnalisation personnalisé (PPP) :
Grâce à un diagnostic personnalisé, chaque porteur de projet établit un plan d’action adapté à ses besoins. Ces actions doivent lui permettre d’affiner son projet et de développer les compétences et les connaissances nécessaires à la réussite de son installation (formation professionnelle, stage en exploitation…).
Le PPP a une durée maximale de trois ans. L’installation doit intervenir dans les deux années suivant sa validation pour pouvoir bénéficier de la dotation jeunes agriculteurs ou de certaines aides régionales.
Portrait de Mélissa Marguerite, en contrat de parrainage sur l'exploitation
Diplômée d’un master en sociologie, Mélissa Marguerite a quitté le monde associatif pour commencer une nouvelle vie en phase avec ses aspirations. Elle rejoint la ferme de la Folie Bergère en novembre 2022.
Après deux stages en production laitière (lait d’ânesse) et en maraîchage, elle découvre la ferme de la Folie Bergère et c’est le déclic. « J'ai tout de suite adhéré à ce projet : il y a une vraie complémentarité entre l'élevage, le maraîchage et le verger. C'est un environnement dans lequel je me sens bien, je m’y projetais, j'avais envie de m'y investir ».
Depuis novembre 2022, Mélissa a rejoint l’exploitation en contrat de parrainage pour monter un projet de diversification autour de l’accueil du public. Ce dispositif doit lui permettre de tester en condition réelle son projet d’animations et d’ateliers autour des activités de la ferme (production de laine et maraîchage).
Contrat de parrainage :
Ce dispositif permet de découvrir son futur outil de production et de mettre à l’essai, en conditions réelles, son projet d’installation. Il permet également de renforcer les contacts entre le preneur et le cédant ou entre les futurs associés.
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09 janvier 2023Agricultrices et agriculteurs