Installation en agriculture : « La bonne entente entre le cédant et le repreneur est capitale »
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En 2019, Hubert de Pomyers a repris une exploitation céréalière à Airoux, dans le Lauragais audois. À 35 ans, il exploite aujourd’hui plus de 200 hectares de protéines végétales et céréales : blé et féverole, orge et féverole, mais aussi soja, maïs, tournesol, ou encore lentilles et lin, en agriculture biologique. Pour ce jeune agriculteur, installé hors cadre familial, les échanges avec ses cédants ont été primordiaux dans la réussite de son projet.
« Mon grand-père paternel faisait de l’élevage de brebis dans l’Allier, et mon grand-père maternel était pied-noir en Algérie, où il avait un vignoble. Je pense que la passion me vient de là. » Malgré cet héritage paysan, Hubert de Pomyers n’a pas tout de suite envisagé de faire de l’agriculture un métier. Sorti diplômé d’HEI, une école d’ingénieurs lilloise, il a d’abord travaillé en start-up, avant d’être rattrapé par l’appel des champs. S’en sont suivis des stages en Australie, « pour être sûr de mon coup », puis l’obtention d’un BTS agricole ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) à distance, puis un passage dans une ferme Iséroise.
Deux ans plus tard, fraîchement installé dans le Lauragais, un territoire vallonné entre Toulouse et la Méditerranée, il entend parler d’une exploitation à reprendre dans la région : c’est le déclic. « Ça m’intéressait : j’ai toujours eu envie d’être mon propre patron, d’avoir ma propre affaire. J’ai dit oui. » En février 2018, il commence à monter son projet : il faut, de front, solliciter tous les soutiens possibles (Pass Installation de la région Occitanie, dotation Jeunes Agriculteurs, autres aides nationales ou régionales), obtenir un emprunt auprès d’une banque, créer sa propre société et en monter la trésorerie…
Les premières années sont les plus délicates
Financièrement, les premières années de la reprise sont les plus délicates. Les dépenses sont élevées : il faut payer les fermages, le carburant, et dans le cas de Hubert de Pomyers, des machines adaptées au travail en bio. Dès son arrivée, il a lancé une double transition de toute l’exploitation vers l’agriculture biologique et vers plus de protéines végétales. « À la fin de la première année, malgré les aides de la PAC (Politique agricole commune), on se retrouve très vite à zéro. Difficile de trouver de la trésorerie pour avoir un peu d’avance. » Pour surmonter les difficultés qui se présentent, le jeune agriculteur souligne l’importance de demander des conseils autour de soi. « J’ai eu beaucoup de chance, précise-t-il, j’ai été très bien accueilli par le réseau du CETA local (Centre d’étude technique agricole, voir encadré), qui m’a permis de rencontrer pas mal de monde et d’être accepté tel que j’étais, avec ma vision des choses. » Pour assurer le suivi administratif, il a trouvé des appuis auprès de la Chambre d’Agriculture Occitanie et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de l’Aude.
Il n'hésite pas à solliciter régulièrement les anciens exploitants
Pour lui, la qualité de sa relation avec ses prédécesseurs a été l’une des clés principales de la réussite de son projet. « La bonne entente entre le cédant et le repreneur est capitale ! », s’exclame-t-il. « C’est important de prendre en considération tout le travail qui a été fait auparavant, ça donne des indications sur la nature des sols, sur la biodiversité de l’exploitation, sur la bonne conduite agricole à tenir. Il y a des notions agronomiques qui sont sur la durée, qu’on ne peut pas déceler juste en visitant une parcelle. » Il n’a donc pas hésité à solliciter régulièrement les anciens exploitants, pour leur demander conseil ou pour comparer leurs anciennes pratiques avec les siennes.
Depuis son installation en 2019, Hubert de Pomyers bénéficie de plusieurs dispositifs de la PAC : les aides à l’agriculture biologique, le droit au paiement de base, la dotation jeune agriculteur, ou encore les aides couplées en faveur des protéagineuses. « Les aides PAC peuvent avoir une incidence sur le choix de culture, précise-t-il, mais on prend avant tout des décisions d’un point de vue agronomique, pour le bien de nos parcelles. »
Les Centres d’études techniques agricoles, des appuis au quotidien
Un CETA est un groupe local d'agriculteurs qui mettent en commun leurs expériences pour essayer d'améliorer techniquement, économiquement et durablement leurs exploitations. Le premier CETA a été créé dans les Yvelines en… 1944 ! Par groupes de 10 à 30, souvent encadrés par un référent, agricultrices et agriculteurs travaillent sur des points précis (itinéraires culturaux, machinisme, réglementation) en fonction du contexte local, ainsi que sur la mise en place de systèmes de production innovants : agriculture de précision, agriculture de conservation, conversion en bio... La plupart des CETA concernent le végétal, mais il existe aussi des CETA d’élevage, surtout en Bretagne et en Normandie.
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