Florent Guhl : « Une bio pour tous et rémunératrice pour l’agriculteur »
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Florent Guhl, ancien adjoint au chef du service du développement des filières agroalimentaires et de l’emploi au ministère de l’agriculture, est depuis le 1er juillet nommé directeur de l’Agence Bio, groupement d’intérêt Public qui développe et encourage l’agriculture biologique française. Il partage sa vision de l’agriculture bio et de ses missions à l’Agence Bio.
Vous arrivez à la tête de l’Agence Bio au moment où les conversions des agriculteurs bio s’accélèrent et où la consommation n’a jamais été aussi dynamique… Quel impact pour votre mission ?
L’agriculture biologique est portée par une dynamique exceptionnelle : des consommateurs en demande de produits sains et des producteurs à la recherche d’un métier en accord avec leurs valeurs. Cette tendance s’accélère et nécessite une importante coordination entre l’amont et l’aval pour le développement harmonieux de la filière bio. Cette structuration est d’autant plus nécessaire que nous vivons de grandes disparités entre régions et filières : une production bio (céréales, fruits et légumes…) peut plafonner à 2% de la surface agricole utile (SAU) dans un département et dépasser les 20% dans un autre. Le développement d’une production donnée sur un territoire nécessite d’organiser l’ensemble de la filière : l’agriculteur, le collecteur, le transformateur et le distributeur. Nous les accompagnons pour répartir au mieux la valeur au sein de la filière et stabiliser les prix. C’est un beau challenge !
L’Agence Bio existe depuis 15 ans. En quoi son existence a-t-elle été déterminante pour l’agriculture biologique française ?
L’Agence Bio fédère l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement de la filière biologique. Groupement d’intérêt public, notre mission est de mettre autour de la table professionnels, associations et syndicats pour organiser au mieux la filière biologique française. Notre neutralité et notre connaissance du terrain via notre observatoire de l’agriculture biologique confèrent du poids à nos décisions.
L’Agence pilote le fonds Avenir Bio doté 4 millions d’euros pour soutenir des projets structurant la filière et ses acteurs. C’est un vrai levier d’actions pour accélérer le maillage territorial de l’agriculture bio : construction de silos de stockage, moulins, boulangeries… Ces projets sont généralement cofinancés avec les conseils régionaux et les agences de l’eau.
Quelles sont vos ambitions pour l’Agence Bio ?
Nous pouvons viser une augmentation significative des surfaces agricoles en bio, avec un objectif de 10 % de la SAU dans quelques années. De même la consommation doit continuer à progresser. Certains professionnels du secteur tablent sur un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros à un horizon 2020. Ces objectifs ne pourront se réaliser qu’en intégrant au maximum tous les acteurs dans la filière.
Je veux lever les craintes en matière de prix pratiqués par la grande distribution : la grande distribution est impliquée dans notre réseau et a une vraie envie de produits bio, français, local pour retrouver du sens. Mais je souhaite également que les produits biologiques se démocratisent et qu’ils soient accessibles à tous. C’est en se reposant sur des économies d’échelle et en intégration au maximum des producteurs dans la répartition de la valeur que nous y arriverons.
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