Filière algues : le savoir-faire français intéresse l'Arabie saoudite
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Les Saoudiens souhaitent développer leur propre filière de production et de valorisation des algues. Ça, c'est la demande. Les entreprises françaises ont un certain savoir-faire en la matière. Ça, c'est l'offre. Comment faire se rencontrer les deux ? C'était la mission de Wilfrid Fousse, conseiller aux affaires agricoles à l'ambassade de France en Arabie saoudite de 2014 à 2018. Il a travaillé pendant 2 ans sur ce projet dans lequel notre pays a une belle carte à jouer !
Pourquoi l'Arabie saoudite s'intéresse-t-elle à la filière algues ?
Les Saoudiens ont bien compris que leurs principales ressources naturelles étaient la mer, le soleil et leur littoral peu développé. Ce sont des conditions idéales pour développer l'aquaculture. Et autant les Saoudiens sont déjà présents sur la production de poissons et de crevettes – avec des fermes aquacoles parmi les plus grandes du monde –, autant ils ne le sont pas du tout sur la production d'algues. Ils cherchent donc des partenaires ayant le savoir-faire – comme la France – et qui seraient intéressés pour investir en Arabie saoudite. Ils me l'ont fait savoir à plusieurs reprises.
Racontez-nous les coulisses d'un tel projet. Quel a été votre rôle ?
C'est un travail permanent et sur le long terme de veille et de relation avec les autorités locales. Cela passe par des contacts directs, des réunions régulières… J'ai par exemple profité des trois dernières visites ministérielles saoudiennes en France pour leur faire rencontrer, à chaque fois, des entreprises impliquées dans ce secteur. L'étape suivante était de faire venir des entreprises françaises en Arabie saoudite. C'est ce que nous avons fait dans le cadre d'un séminaire sur la filière algues co-organisé par le gouvernement saoudien et l'ambassade de France, avec l'appui du ministère de l'Agriculture, à Riyad le 16 juillet 2018. Une dizaine d'entreprises françaises ont fait le déplacement.
Les entreprises ont-elles été difficiles à convaincre ?
Non, cela a été relativement facile. D'abord parce que nous avions déjà rencontré un certain nombre d'entre elles en France, mais aussi parce qu'il s'agit d'un secteur innovant et dynamique, encore en devenir, qui cherche à se développer. Les entreprises ont bien vu l'opportunité qui se présentait...
Quel était l'objectif de ce séminaire franco-saoudien ?
Permettre aux entreprises françaises de nouer des liens avec de partenaires saoudiens potentiels. Concrètement, le séjour a commencé par une conférence qui permettait aux Saoudiens de présenter leur politique aquacole, ce qu'ils voulaient faire. Et, réciproquement, chacune des entreprises françaises a pu ensuite présenter son savoir-faire et son projet. Le lendemain, nous avons organisé des visites de terrain, notamment sur le littoral, afin que les entrepreneurs français rencontrent leurs partenaires potentiels et découvrent, dans le même temps, les installations aquacoles saoudiennes.
Qu'en est-il ressorti et quelle est la prochaine étape ?
Tout s'est très bien passé. À l'issue de la visite, les entreprises françaises ont décidé de monter un consortium afin de pouvoir mieux répondre à la demande des Saoudiens et proposer un projet pilote d'ici fin 2018. Le projet le plus avancé à l'heure actuelle étant la production de macro algues en vue de fabriquer du bioplastique. Pour les entrepreneurs, c'est autant une opportunité d'accéder à un nouveau marché que d'acquérir de nouveaux savoir-faire en mettant en place une production d'algues à grande échelle. Bien sûr, la France n'est pas la seule sur ce dossier, mais nous sommes plutôt bien placés...
Le point de vue d'une des entreprises engagées dans le projet
Philippe Michon, co-fondateur d'Eranova,
start-up spécialisée dans les bioplastiques à base d'algues
« L'action du ministère de l'Agriculture et des conseillers aux affaires agricoles a été primordiale pour nous permettre d'accéder aux autorités saoudiennes et leur proposer une offre globale, cohérente. L'événement organisé à Riyad le 16 juillet 2018 a été un véritable catalyseur : non seulement il nous a permis de présenter notre technologie aux Saoudiens, mais aussi d'être en contact avec d'autres acteurs français du secteur algues. Et, in fine, de réfléchir, ensemble, à une stratégie de groupe afin de valoriser les compétences de chacun dans le cadre du consortium en cours de création. L'offre française a ainsi gagné en crédibilité. Eranova était déjà en contact avec des entreprises privées saoudiennes ; mais aujourd'hui, nous avons accès à un projet plus ambitieux, national. Une chose que nous n'aurions pas pu faire sans le soutien de l'Ambassade de France. »
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