Évaluation des deux premiers plans Ecoantibio et préparation du troisième
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Le CGAAER a été chargé de faire l’évaluation des deux premiers plans Ecoantibio et de participer à la préparation du prochain plan.
Rapport mission d’évaluation et de conseil n° 21064
Mai 2022
Enjeux :
L’antibiorésistance résulte du développement de bactéries résistantes ou multi-résistantes faisant obstacle au traitement antibiotique des pathologies infectieuses. Ce phénomène impacte fortement la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes. Elle est responsable, dans tous les pays, d’impasses thérapeutiques, de hausses du taux de mortalité, de pertes économiques et de la diffusion de résistances dans l’environnement.
En France, le ministère a organisé le dispositif de lutte contre ce danger, pour ce qui concerne la santé animale, dans le cadre des plans Ecoantibio-1 (2012-2016) et Ecoantibio-2 (2017-2022).
Le CGAAER a été chargé de procéder à l’évaluation des deux premiers plans Ecoantibio et de participer à la préparation du troisième. Celle-ci nécessite d’identifier les marges de progrès encore possibles et les moyens de maintenir la motivation des acteurs.
Méthodologie :
La mission a étudié la documentation règlementaire, administrative et scientifique. Elle a mené, de juillet 2021 à mars 2022, sur la base de questionnaires, des entretiens avec plus de 80 interlocuteurs, notamment pilotes et porteurs de projets Ecoantibio, et également acteurs de terrain.
Résumé :
Les deux premiers plans ont permis des progrès substantiels en termes de baisse d’utilisation des antibiotiques, de diminution d’antibiorésistance constatée sur certaines bactéries pathogènes ou zoonotiques, et de changements de pratiques chez les professionnels. Les succès obtenus ont été rapides et importants avec Ecoantibio-1. Ils se sont poursuivis avec Ecoantibio-2 mais à un rythme cependant un peu moins soutenu ; la moitié des projets initiés sont encore en cours de réalisation.
La réussite des plans résulte d’un fort investissement de la DGAL et de la volonté d’associer largement l’ensemble des parties prenantes de la santé animale à tous les stades de la procédure.
Les principaux progrès concernent la sensibilisation et la formation des acteurs, la promotion des mesures de prévention et de biosécurité dans les élevages, la mise en œuvre d’importantes mesures règlementaires de portée nationale ou européenne, les dispositifs de suivi de l’antibiorésistance et la maîtrise de l’usage de la colistine.
Certaines mesures ont donné des résultats partiels : outils d’autoévaluation, adaptation de la quantité d’antibiotiques délivrée au traitement, maintien de l’arsenal thérapeutique, encadrement de la prescription hors examen clinique, promotion des vaccins, traitements alternatifs, contrôles sur le terrain et étude des impacts environnementaux.
Des insuffisances sont toutefois avérées. Elles concernent la recherche de nouveaux antibiotiques, la communication à destination du grand public, l’évaluation des impacts sociaux, économiques, environnementaux des plans, ainsi que le développement de tests rapides d’orientation diagnostique.
Dans l’objectif d’optimiser la prescription d’antibiotiques dans le respect du bien-être animal et de faire progresser l’usage raisonné des antibiotiques au sein des secteurs de production, filières ou élevages ciblés, la mission formule les recommandations suivantes :
- Construire Ecoantibio-3 sur la base d’une gouvernance partagée, maintenir des moyens humains et financiers suffisants, et construire une plateforme de travail collaboratif ;
- Renforcer la relation vétérinaire-éleveur en préservant le maillage vétérinaire, favoriser le renouvellement des AMM des antibiotiques anciens, le développement d’outils d’auto-évaluation (Calypso) et d’outils d’aide au diagnostic vétérinaire ;
- Maintenir la motivation des éleveurs, valoriser leurs produits, communiquer sur leurs efforts ;
- Poursuivre la promotion des mesures de prévention et faciliter le recours à certaines alternatives en lien avec la prescription et le conseil vétérinaires ;
- Encourager la recherche sur la diffusion de l’antibiorésistance entre secteurs humain, animal et environnemental, ainsi que dans l’industrie agroalimentaire, et étudier l’impact des biocides ;
- Simplifier la réglementation, renforcer l’action des inspecteurs en pharmacie vétérinaire ;
- Porter les positions françaises sur la scène européenne et internationale.
Ecoantibio-3 déclinera en mesures opérationnelles pour le domaine de la santé animale, de l’agro-alimentaire et de la santé végétale les axes et objectifs de la nouvelle « Feuille de route interministérielle de maîtrise de l’antibiorésistance » qui entrera en vigueur en 2023.