#EGalim : Stéphane Travert présente ses objectifs stratégiques pour l'agriculture française
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Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation a présenté au cours de sa conférence de presse de rentrée les grands objectifs de sa stratégie et de son action.
"Nous nous engageons dans une réforme sans précédent de l’agriculture française, qui vise à :
- permettre aux agriculteurs, quel que soit leur modèle de production, de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes ;
- assurer la pleine prise en compte par l’agriculture des enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux.
Cette transformation profonde va prendre du temps, susciter inquiétudes et résistances. Elle sera peut-être critiquée, aussi, par ceux qui trouveront qu’elle n’est pas assez rapide. Mais je suis convaincu qu’elle est indispensable et possible, si les agriculteurs se sentent soutenus et reconnus dans leur travail et s’ils trouvent davantage de stabilité et d’autonomie économique.
Pour porter cette réforme structurelle, je ne suis pas seul, tous les membres du Gouvernement sont mobilisés car les enjeux sont très importants :
- au plan économique, les filières doivent se moderniser et se structurer, afin de rééquilibrer les rapports de force vers l’amont, c’est-à-dire vers le producteur, et apporter une réponse aux marchés à la fois de niche et de masse, par une meilleure segmentation des productions ;
- ce positionnement stratégique permettra à l’agriculture et à l’agroalimentaire français de conforter leurs parts de marché à l’export et d’en conquérir de nouvelles ;
- la transition écologique de l’agriculture, dont la nécessité est indiscutable, ne se fera dans de bonnes conditions que par la définition d’une trajectoire acceptable et acceptée par tous, avec notamment une mobilisation de la recherche pour surmonter les impasses techniques actuelles et, surtout, avec du pragmatisme ;
- il importe également de travailler en direction des consommateurs, pour consolider leur confiance dans la qualité et la sécurité des produits français, ce qui exige notamment réactivité, rigueur et transparence dans la gestion des alertes qui les concernent qu’elles soient sanitaires ou non. C’est de cette façon que je gère, sous l’autorité du Premier ministre et en liaison étroite avec mes autres collègues concernés, au premier rang desquels Bruno Le Maire et les services de la répression des fraudes, la crise européenne du fipronil depuis son commencement ;
- l’agriculture de demain, c’est aussi un secteur qui doit être créateur d’emplois, non délocalisables et essentiels à la nation (souveraineté alimentaire), à la mise en valeur des territoires et à la préservation des paysages et des écosystèmes de la France ;
- agriculteurs et industriels de l’agroalimentaire doivent miser sur la qualité car elle correspond aux attentes des consommateurs quel que soit leur niveau de revenu, elle est créatrice d’emplois en France et elle peut et doit s’exporter. Inversement, l’emploi, la formation et l’innovation sont aussi au service de la qualité de notre alimentation ;
- enfin, cette agriculture doit donner envie à nos jeunes : il faut donc aussi mieux faire connaître ses métiers, les rendre plus attractifs et adapter l’enseignement, l’enseignement supérieur et les formations agricoles en conséquence et faciliter l'installation de nouveaux jeunes agriculteurs.
Dans les transformations à conduire, nous devons entraîner tous les modèles agricoles. L’agriculture française ne peut pas être une collection de petites fermes produisant pour chacune pour son village, pas plus qu’elle ne peut être composée d’un nombre restreint d’exploitations, de très grande taille et fortement concentrées.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire et je tiens à le réaffirmer : loin d’opposer les modèles agricoles, nous devons trouver l’équilibre le plus harmonieux et la meilleure complémentarité entre eux et les faire évoluer pour qu’ils concourent tous au développement de l’alimentation toujours plus saine, sûre et durable que nous appelons de nos vœux pour nous-mêmes, pour nos concitoyens, pour les consommateurs européens et pour l’ensemble de la planète.
Cette complémentarité des modèles et cette exigence croissante de performance sociale, environnementale et sanitaire en plus de la performance économique sont aussi les gages de la préservation du modèle alimentaire français et de notre capacité à promouvoir ce modèle à l’international.
Enfin, toutes ces évolutions, nous devons les réaliser en gardant à l’esprit le sens de ce que nous faisons et le fait que nous travaillons pour tous nos concitoyens, qui sont à la fois des consommateurs, des personnes qui ont besoin de travailler pour faire vivre leurs familles et souvent, des parents.
Notre pays ne compte pas que des familles aisées, pour lesquelles quelques centimes de plus sur un produit courant ne pèsent presque rien. La France du quotidien, c'est la famille aux revenus modestes qui doit nourrir convenablement ses enfants, les former, les éduquer, les cultiver avec des barrières parfois infranchissables : moyens, mobilité, infrastructures, chômage.
C'est d'abord à ces familles, ces hommes, ces femmes et ces enfants que nous devons apporter des réponses, afin notamment que les parents soient en capacité d’éveiller le goût, l’odorat, tous les sens de leurs enfants autour du plaisir d'une alimentation saine et durable, partagée dès le plus jeune âge.
États généraux de l'alimentation et future PAC
Pour réussir la refondation de la politique agricole, nous avons deux défis principaux que nous devons collectivement relever : les États généraux de l’alimentation et la future PAC.
S’agissant de présenter la position de la France pour cette future PAC, les scenarii de la Commission ne seront connus qu'en 2018 et seront intimement liés au futur cadre financier pluriannuel, lui-même dépendant des négociations sur le Brexit. Pour autant la voix de la France est très attendue et devra peser fortement sur les orientations à donner à la future PAC. Les propositions qui émergeront dans le cadre des EGA pourront pour certaines nourrir utilement la position que la France tiendra dans ces négociations qui vont s'ouvrir.
Ces États généraux, essentiels pour l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation française, ont vocation à être un temps de réflexion partagée et de construction collective de solutions nouvelles, selon un mode permettant à chaque partie prenante d’être gagnante, et autour des quatre axes mis en exergue le 20 juillet :
- relancer la création de valeur et en assurer l’équitable répartition ;
- permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes ;
- accompagner la transformation des modèles de production afin de répondre davantage aux attentes et aux besoins des consommateurs ;
- promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation toujours plus saine, sûre et durable.
Dans ces États généraux, la méthode est presque aussi importante que le fond. Nous avons fait le choix de la co-construction, de la participation citoyenne, parce que les enjeux sont majeurs et parce que le sujet de l’alimentation parle à chacun d’entre nous : nous mangeons tous, par nécessité vitale bien sûr, mais aussi avec une dimension de plaisir pour notre vie sociale et pour nos papilles et avec la préoccupation que notre alimentation s'inscrive dans les objectifs de développement durable."
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