Du petit maraîchage en Île-de-France, c’est possible !
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Wilma Van den Broeck et sa fille, Cécile Némorin, cultivent des légumes en agriculture biologique sur 1,4 hectare de terre à Périgny-sur-Yerres (Val-de-Marne). Avec une ligne directrice forte : préserver la nature et transmettre à d’autres leur amour de la terre.
Ancienne professeure spécialisée en littérature néerlandaise, Wilma Van den Broeck s’est lancée en 2011 dans un BPREA(1) en maraîchage biologique au lycée agricole de Bougainville (Seine-et-Marne). C’est une rencontre qui a tout changé pour cette fille de maraîchers. « Jamais je n’aurais imaginé que mon passé pouvait revenir à la surface en région parisienne. C’est une histoire de rencontre. Le directeur de la ferme de Gally m’a mise en lien avec une cueillette près de chez moi et j’ai retrouvé la terre, les réflexes. C’est quelque chose qui m’était très familier. Je n’imaginais pas que ça pouvait se faire ici. »
Elle décide donc de se lancer, dans un premier temps, en installant des jardins partagés au cœur de zones urbaines à Épinay-sous-Sénart avant de s’installer sur une exploitation à Périgny-sur-Yerres, dans le Val-de-Marne. « L’agriculture, c’est quelque chose de nécessaire, basique, concret affirme l’agricultrice qui a pu entreprendre comme [elle] le souhaitait ».
« Le bio était une évidence pour moi »
Sur son exploitation de 1,4 hectare, Wilma cultive principalement des légumes – une quarantaine de variétés environ – en bio, sous serre ou en plein champ. « L’agriculture biologique était une évidence pour moi, assure-t-elle. J’ai cinq tunnels et cela fonctionne très bien, économiquement c’est intéressant. Les abris me permettent de mieux gérer les aléas climatiques ». Elle utilise également des filets anti-insectes pour certaines cultures comme les carottes, le chou ou les poireaux ainsi que des toiles de paillage tissées afin de limiter le désherbage qui s’effectue de façon manuelle ou à l’aide d’un pousse-pousse, appelé aussi houe de maraîchage. « Sous serre, nous mettons des cultures sous bâche d’occultation, cela permet aux micro-organismes de travailler le sol. Je passe ensuite la grelinette. » Cette technique permet de lutter contre les mauvaises herbes en évitant de retourner entièrement le sol. La consommation en eau est elle aussi maîtrisée car l’ensemble des tunnels est irrigué par aspersion ou goutte à goutte. Afin de favoriser la biodiversité et de lutter de façon naturelle contre les insectes ravageurs, l’exploitation se compose également d’un verger et de haies qui servent de corridors écologiques. « S’il y a une technique pour la prévention, c’est que le jardin soit équilibré et diversifié. C’est le côté à la fois esthétique et utile de l’exploitation. » explique Wilma.
Faire en sorte que les gens aient envie de se reconnecter à la ferme
Parmi les objectifs de l’année 2023, Wilma et Cécile espèrent pouvoir pérenniser l’exploitation et l’emploi d’un salarié. Pour cela, elles ont trouvé un nouveau débouché, en plus de la vente à la ferme. « La moitié de la production sera vendue à une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) chaque mois à partir du 1er mars. Elle est située à moins de 10 km de l’exploitation. Nous vendons également dans une épicerie locale », détaille Wilma. Un nouveau projet qui s’intègre parfaitement dans la philosophie de l’exploitation : « Sur ma petite surface, j’arrive à créer un emploi et tout est consommé à proximité de la ferme. » Le duo veut aussi continuer à développer la conserverie, notamment pour les tomates, et la partie ferme pédagogique. Pour cette agricultrice reconvertie, l’aspect transmission est essentiel. « Le rendement est important pour l’économie et pérenniser l’exploitation et les salariés. Mais ce qui me rend heureuse, c’est le partage. Une personne s’est souvenue de la ratatouille que nous avions cuisinée ensemble : c’est le genre de petites choses qui me motivent dans mon activité. »
Focus PAC – Soutenir le petit maraîchage
À partir de 2023, une nouvelle aide couplée à l’hectare est mise en place pour soutenir les petites surfaces cultivées en maraîchage, produisant des légumes ou des petits fruits rouges. L’objectif est de favoriser l’implantation du petit maraîchage sur tout le territoire, et d’encourager la diversification des petites exploitations vers la production de légumes. Cela répond à une demande forte des consommateurs, souvent associée à des exigences en matière de réduction des pesticides. Par ailleurs, les surfaces modestes de ces productions et leur dispersion dans les territoires permettent de développer la mosaïque de cultures, favorable à l’eau et à la biodiversité. Afin d’être éligible, le demandeur doit exploiter au minimum 0,5 hectare de légumes ou de petits fruits rouges, et exploiter une surface agricole utile (SAU) inférieure ou égale à 3 hectares.
(1) Brevet professionnel responsable d'entreprise agricole.
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