Comment protéger la biodiversité ?
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L'agriculture dispose d'un vaste panel d'actions et de techniques pour protéger la biodiversité et les écosystèmes : maintien des prairies et des haies, baisse de l'utilisation des intrants, outils de biocontrôle, agroforesterie...
La biodiversité est l’ensemble des espèces vivantes qui peuplent la planète (plantes, animaux, champignons, micro-organismes), leur diversité génétique et leurs interactions. Depuis 1960, l’intensification des modes de production agricole et la spécialisation des territoires et des assolements ont eu un impact négatif sur la biodiversité des écosystèmes agricoles. Les surfaces en prairies permanentes, les linéaires de haies, le nombre de mares, mais aussi les populations d’insectes pollinisateurs ont fortement baissé sur cette période. En parallèle, l’utilisation des intrants chimiques, notamment celle des produits phytosanitaires, a progressé.
L'agroécologie au service de la biodiversité
La défense de la biodiversité est désormais un enjeu majeur pour l'agriculture française. Pour enrayer son déclin, il ne suffit pas de limiter les pollutions ou pratiques néfastes, il faut aussi repenser les systèmes agricoles dans le sens de l’agroécologie : limiter l’artificialisation et la dégradation des sols, déspécialiser et désintensifier les exploitations, réduire l’usage des intrants (pesticides et engrais azotés), maintenir des prairies permanentes, des terres en jachère, des bandes non-cultivées, planter des haies… Autant de pratiques encouragées par les différents mécanismes de la Politique agricole commune (PAC) comme le nouvel éco-régime et la conditionnalité. L’encouragement à la transition vers l’agriculture biologique et l’agriculture Haute valeur environnementale (HVE), qui limitent fortement l’utilisation de pesticides de synthèse, va dans la même direction.
Biocontrôle : des outils pour les agriculteurs
Les nombreuses techniques de biocontrôle et de lutte biologique facilitent la préservation et même le renforcement de la biodiversité en milieu agricole. Les infrastructures agro-écologiques (haies, arbres, bosquets, etc.) favorisent la présence d’êtres vivants variés, faisant souvent office d’auxiliaires de culture pour lutter contre les parasites et les ravageurs. Les pollinisateurs, comme les abeilles, permettent d’assurer le rendement de nombreuses productions végétales : leur protection est donc une nécessité impérieuse pour tous les acteurs du monde agricole.
L’agroforesterie, une pratique vertueuse
L’agroforesterie est un mode d’exploitation des terres agricoles associant arbres et cultures ou pâturages. Contrairement à certaines idées reçues, la cohabitation entre arbres et cultures au sol ne nuit pas à la productivité des terres ; au contraire, elle l’améliore en augmentant leur fertilité et la biodiversité environnante. Il s’agit donc de pratiques très productives puisqu’elles utilisent au maximum le potentiel des sols.
Observer la biodiversité pour mieux la protéger
Créé en 2009 à l’initiative du ministère en charge de l’agriculture, l’Observatoire agricole de la biodiversité (OAB) a pour objectif de combler le manque d’indicateurs de suivi de l’état de la biodiversité en milieu agricole et de rendre les agriculteurs plus sensibles à ses enjeux. Initié dans le cadre de la stratégie nationale pour la biodiversité, il s’agit d’un programme de sciences participatives qui implique à ce jour près de 1 800 exploitations agricoles avec plus de 3 500 parcelles inscrites. De nombreux organismes, variés (chambres d’agriculture, lycées agricoles, associations locales) animent des réseaux régionaux. Les agriculteurs participants utilisent différents protocoles (sur les papillons, les invertébrés terrestres, les vers de terre et les pollinisateurs) puis transmettent leurs observations au muséum national d’histoire naturelle, qui assure l’animation nationale en lien avec les Chambres d'agricultures et le ministère en charge de l’agriculture.
La biodiversité, c’est aussi dans le sol !
On appelle biodiversité du sol l'ensemble des organismes vivant dans le volume du sol, la litière et les bois morts en décomposition en surface. La plupart des espèces se retrouvent dans les premiers centimètres de sol, où l'oxygène est le plus disponible et où les concentrations en matières organiques et en racines sont les plus élevées. Certains des organismes du sol peuvent être facilement observés – termites, fourmis, larves d'insecte... ou vers de terre, qui représentent le groupe dont la biomasse est le plus importante. D'autres organismes sont visibles à la loupe (acariens, collemboles...), mais la plus grande partie de la biodiversité n'est visible qu'au microscope (protozoaires, nématodes, bactéries, champignons, algues). Ces organismes invisibles sont les plus nombreux et les plus diversifiés. Il existerait ainsi plus de 2 millions d'espèces de bactéries et de champignons, dont seulement 1% aurait été identifiés.
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17 mai 2023Production & filières