CIVAM de l’Oasis : quand agroforesterie rime avec partage de connaissances et pépinière locale

Quelle est la genèse de ce projet ?

Igor Cocci-Muffato : À l’origine du projet, le CIVAM souhaitait construire une pépinière collective entre les adhérents. Le projet a ensuite évolué. Depuis 2020, nous organisons chaque année plusieurs chantiers participatifs pour collecter des graines : agriculteurs et grand public y prennent part. En 2020, nous avons reçu le label collecteur de végétal local. Ce label a été créé par l’Office national de la biodiversité (OFB).

Quelles sont les spécificités des essences locales ?

Le point de départ a été ce constat : plus une essence est adaptée au contexte pédoclimatique, plus elle a de chance de se développer avec efficacité. Quoi de mieux qu’une graine récoltée, puis plantée et cultivée dans un même territoire ? Sa résilience face au changement climatique est ainsi décuplée et les interactions avec la biodiversité renforcées. Le sol de notre territoire, dans la Champagne crayeuse, est caractérisé par un sol peu profond et avec de la craie. Il est essentiel que les essences soient adaptées à ce type de terrain.

Lors de la dernière récolte qui a eu lieu au mois de septembre, nous avons collecté des graines d’aubépine, de poirier, de nerprun purgatif (arbuste rustique)… Pour la saison de collecte 2022, nous avons collecté au total 35 kilos de graines de 20 essences d’arbres différentes.

Quels exploitants agricoles font appel au CIVAM ?

Ils sont principalement dans le secteur des grandes cultures. Quelques maraîchers et un éleveur ont également bénéficié de l’accompagnement du CIVAM. En 2020, nous avons accompagné cinq fermes adhérentes lors de leurs projets agroforestiers. Le CIVAM de l’Oasis compte également avec l’adhésion des citoyens et d’autres associations liées aux monde rural.

Quelles sont les différentes étapes de cet accompagnement très complet ?

L’idée est de favoriser la réussite du projet agroforestier coconstruit avec l’agriculteur. Tout d’abord, nous établissons un diagnostic sur l’exploitation afin d’étudier le contexte de l’agro-écosystème et les pratiques déjà mises en place.

Le CIVAM apporte un appui technique et administratif, il encadre également les chantiers participatifs de plantation. Grâce à la mutualisation des connaissances de ses membres, un outil d’aide à la décision a été élaboré. Nous aidons les agriculteurs à choisir les essences dans les haies et les arbres intra-parcellaires. Enfin, nous proposons des formations tout au long de l’année, comme « planter une haie cohérente avec mon agrosystème » et « comment entretenir ma haie pour atteindre mes objectifs ». L’idée est d’acquérir les bases de la conception d’une haie, d'assurer sa durabilité et son rôle sur la biodiversité locale, de comprendre les impacts du changement climatique sur les agrosystèmes et de pouvoir entretenir cette haie de manière correcte.