Ces agriculteurs qui ne veulent plus toucher leurs sols
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Engagé depuis quatre ans dans l’agriculture de conservation pour faire face à l'érosion de leur sol, le Gaec del Claous, au nord d'Albi dans le Tarn, ne touche plus son sol, désherbe au minimum et sème directement dans un sol couvert. Témoignage.
« Le jour où nos sols n’ont plus de matière organique, nous n’aurons plus qu’à cultiver des dattes, comme au Sahara ! » s’emporte Jérôme Rivière, polyculteur-éleveur dans le Tarn et passionné par le sol et sa matière organique « notre capital et outil de travail ». Avec son associé Francis Granier, ils se sont lancés il y a quatre ans dans le semis-direct avec couverture des sols. « En 2011, un gros orage a emporté une partie de nos sols. Nous souffrions beaucoup de l’érosion : les premiers centimètres les plus riches et les plus nourriciers finissaient dans le barrage Roucarié quelques centaines de mètres plus bas, grande retenue qui fournit 45% de l’eau potable du Tarn. Cela appauvrissait nos sols et polluait le barrage en terres, matières actives, azote, phosphore… » Le Gaec del Claous abandonne charrue, dents, disques, ces outils qui travaillent la terre… « En retournant le sol, le labour perturbe son écosystème et l’appauvrit. Cette vie du sol est essentielle pour sa structure, sa fertilité et sa résistance à l’érosion. « Les cailloux remontent » remarquent les agriculteurs lorsqu’ils labourent… C’est faux ! C’est leur sol qui se barre ! » ironise Francis.
2 tonnes de vers c'est 3 labours
Ces agriculteurs engagés ne veulent plus toucher au sol. Ils les couvrent en permanence d’un mélange d’espèces sur lesquels ils sèment leurs blés, tournesols, maïs… Ils expérimentent, se plantent, tâtonnent, testent une plante puis une autre, puis un mélange d’espèces. « Trouver la bonne espèce qui couvre bien le sol, qui capte l’énergie du soleil et des éléments de l’air pour les restituer au sol, qui structure le sous-sol avec la forme particulière de ses racines est un vrai challenge ». Les associés du Gaec del Claous réfléchissent beaucoup, débattent entre eux… Mais au fond, tout au fond, ce ne sont pas eux qui bossent. Dans chacun de leurs hectares, deux tonnes de vers aèrent, dégradent et mangent les racines mortes et les résidus des cultures ! « Il y a cinq ans, nous n’avions que 800 kilos de vers par hectare. Avec l’arrêt du labour, les vers et les autres bestioles ont proliféré. Ceux sont eux qui travaillent la terre, qui remplacent la charrue ! Deux tonnes de vers c’est l’équivalent de trois labours ! La vie du sol est notre véritable outil de travail…»
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