Valérie Dermaux, chargée de mission climat et agriculture
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Chargée de mission climat et agriculture au sein du ministère en charge de l’Agriculture, Valérie Dermaux participe en tant que négociatrice à la COP25, Conférence internationale sur le climat, qui se tient du 2 au 13 décembre 2019 à Madrid, en Espagne, sous la présidence du Chili. Parcours d’une fonctionnaire passionnée.
Lorsque Valérie voyage, c’est en train, en bateau et en bus. Des transports sobres en émissions de carbone. Elle décline cet engagement jusque dans son métier de chargé de mission climat et agriculture au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Depuis quatre ans, Valérie Dermaux s'est familiarisée aux négociations climatiques. Ses mots d’ordre ? Négocier, mais surtout comprendre et se faire comprendre ! Échanger les points de vue entre négociateurs de différents pays, multiplier les contacts pour faire tomber les barrières, trouver des vocabulaires communs est primordial ! « Au-delà de l'aspect technique, des discussions sur les émissions de méthane agricoles ou sur le potentiel de stockage de carbone dans les sols, nous trouvons petit à petit des positions communes. Les dissensions, les gros blocages de ces dernières années disparaissent. L’Accord de Paris de novembre 2015 est une avancée fantastique, grâce au nouveau principe, dit « bottom-up », pour lequel chaque pays présente ses ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et d’adaptation au changement climatique. »
Une pierre pour le climat
Le hasard n’existe pas. Elle rêve de ce poste de chargé de mission climat et agriculture depuis des années. « Pour comprendre et apporter ma pierre à l’édifice ». Rien que ça ! L’environnement, c’est son credo. Vétérinaire, elle passe les concours de la fonction publique et se lance dans des postes en hygiène de l'alimentation, tout en candidatant à des postes en environnement, surtout destinés aux diplômés en agronomie. Un Master 2 sur « l’anthropisation des écosystèmes » repeint son CV en vert agro. Embauchée au ministère de l’Écologie en 2006 sur la réglementation des produits chimiques, Valérie s’attelle à l’inventaire des pesticides à usage domestique et industriels pour en harmoniser la mise sur le marché. Elle continue sur sa lancée à l’Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (alors Afssa) en 2009 en tant qu’agent de coordination de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques : « Je présentais la dangerosité – le profil toxicologique, écotoxicologique, établis par des spécialistes – d’un produit versus son efficacité en agriculture à une assemblée d’experts qui débattait de leur mise sur le marché ».
Une pierre pour l’agriculture et l’environnement
La fonctionnaire poursuit son chemin, et parvient au ministère de l’Agriculture sur le sujet des biocarburants. Polémique, les biocarburants, pour une fonctionnaire « écolo » engagée ? « Oui et non, il faut quand même garder en tête que 1,5% des terres agricoles mondiales sont utilisées pour faire des biocarburants, alors qu’on gaspille 30% de notre alimentation... Les biocarburants à eux seuls ne sont pas responsables de la faim dans le monde, même si, au niveau local, une vigilance est nécessaire ! Et n'attaquer que les biocarburants, c’est se tromper de cible : nous devons d’abord améliorer notre sobriété énergétique (c’est la part comportementale), puis notre efficacité énergétique et enfin produire de l’énergie renouvelable ». Dans le cadre de ce poste, Valérie avait ainsi pour mission de proposer, chaque année lors des discussions au Parlement sur les lois de finances, des réponses aux amendements parlementaires sur la fiscalité des bioénergies.
Après la production d'énergie par l'agriculture, sa consommation ! Un poste sur la performance énergétique des exploitations agricoles au ministère en charge de l’agriculture l’amène à de nouveaux sujets comme les certificats d'économie d'énergie (CEE), la performance économique et environnementale des exploitations agricoles (PCAE). Plus de 12 000 projets d’exploitations ont ainsi été aidés depuis 2009 à réduire leur consommation d’énergie. Les économies réalisées en bâtiments d'élevage atteindraient les 60 GWh/an.
L’environnement, l’affaire de tous
Dans son nouveau poste au bureau « du changement climatique et de la biodiversité », d’autres collègues s’investissent tout autant, pour une agriculture sobre en carbone et plus résiliente au changement climatique. « Aujourd'hui, il y a une prise de conscience globale sur les sujets environnementaux : les acteurs non étatiques, dont les collectivités, tiennent maintenant chaque année leur sommet mondial sur le climat (climate chance), les ratifications de l'Accord de Paris se sont faites en un temps record… L'agriculture française s’engage aussi. L'agroécologie est un vrai projet d’avenir ; l'agroforesterie est un bel exemple d'actions bénéfiques pour le climat aussi bien en termes d'atténuation du changement climatique (diminution des émissions de gaz à effet de serre et augmentation de la matière organique des sols) que d'adaptation à ses effets, avec un impact positif sur la biodiversité et les paysages ! »
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