Solidarité Paysans, une association aux côtés des agriculteurs en difficulté
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« De la solidarité pour surmonter les difficultés ». C’est le credo de l’association Solidarités paysans qui depuis plus de vingt ans accompagne les agriculteurs en difficulté. A leur côté pendant quelques mois voire quelques années, bénévoles agriculteurs et salariés de l’association leur apportent un soutien moral et une aide juridique et technique pour surmonter leur situation. Reportage en Haute-Vienne où un jeune éleveur a pu relancer son exploitation grâce au soutien de Solidarité Paysans.
« En agriculture, ça se passe rarement comme prévu », constate Olivier Hamelion, parcourant du regard le bocage limousin d’où s’élèvent les bêlements de brebis. Salarié depuis dix ans de l’association Solidarité Paysans, il sait combien un accident technique, climatique ou personnel peut être fatal pour la survie d’une exploitation. « Histoire, parcours, bâti, cheptel, taille, âge… Il n’y a pas de typologie d’exploitations fragiles, explique-t-il. Il suffit de peu de choses parfois pour que l’agriculteur devienne insolvable ». Et c’est dans ces moments difficiles, qu’il faut être capable de prendre du recul…. et ne pas hésiter à faire appel à un regard extérieur bienveillant.
Thibault Balageas en sait quelque chose. C’est un client véreux - et son ardoise de 13 000€ - qui fait basculer ce jeune éleveur de chevaux dans le rouge. Jeune cavalier professionnel, il s’installe en 2008 sur l’exploitation de ses grands-parents à Saint-Bonnet-de-Bellac dans la Haute-Vienne. Il signe un crédit de 220 000€ pour transformer cet ancien élevage de brebis en centre de reproduction et de pension de chevaux. Les trois premières années, Thibault ne roule pas sur l’or mais la génétique de ses poulinières est bonne : certains de ses poulains gagnent des concours internationaux. La côte de son élevage progresse. Jusqu’au jour où un client part avec un poulain et lui laisse un cheval en pension. Sans payer. Pour une jeune exploitation, le coup est rude, et les difficultés s’accumulent. Les annuités bancaires deviennent difficiles à honorer. Son courrier s’entasse dans son entrée pour former un tas « épais comme ma main ». Pour payer ses factures, l’agriculteur vend ses chevaux et du coup perd les primes PAC… Dépression, divorce, solitude, l’éleveur sombre.
Vers un nouvel élevage à l’herbe
Parce qu’il met en vente son exploitation, sa banque lui accorde un report d’annuité d’un an et demi... Il renonce alors à vendre et se lance dans un nouvel élevage de brebis, comme ses grand-parents. Il achète ses brebis une à une, en vendant le bois de ses haies. En 2013, l’éleveur entre en procédure de sauvegarde et découvre l’association Solidarité Paysans. Une rencontre décisive. Olivier Hamelion raconte : « On a mis ensemble les chiffres sur la table pour analyser la viabilité économique de son troupeau de brebis. Pour gagner en autonomie et réduire les frais d’alimentation du troupeau, on a proposé à Thibault une formation gestion de l’herbe et du pâturage ». Parfois les bénévoles ou salariés de l'association font appel à un bénévole paysan ou fait venir des spécialistes pour conseiller l’exploitant. « Un vétérinaire avec qui on a l’habitude de travailler peut venir estimer la santé du troupeau. Selon lui, 80% des problèmes de santé du bétail sont dû au bâti et à la nutrition !»
Pour Thibault, c’est la qualité de l’écoute qu’il apprécie. « Un œil extérieur qui ne juge pas, cela fait du bien quand les difficultés nous font perdre confiance ». Avec 70 hectares supplémentaires loués par la Safer, l’autonomie alimentaire de ses bêtes devient possible. « Je suis passé de 25 à 90 hectares. J’ai pu agrandir progressivement mon troupeau. Cela m’a redonné de l’herbe sous le pied ! Mes factures sont payées avec six mois de retard, mais payées ! Mes fournisseurs me font confiance », explique ce gros bosseur qui revient de loin .
Ne pas rester seul face aux difficultés
Dans notre métier d’agriculteur, c’est tellement mal vu d’arrêter, que beaucoup d’agriculteurs se débattent longtemps dans les difficultés sans demander de l’aide, avant de se laisser couler », raconte Thibault. En Limousin, Solidarité Paysans suit 200 agriculteurs. « Nous sommes là essentiellement pour apporter un soutien moral, et l’accompagner dans ses démarches administratives et juridiques. On réalise ensemble un échéancier sur les dettes », détaille Olivier. « Aux difficultés financières, s’ajoutent les démarches administratives. Les procédures collectives sont assez complexes et difficiles à maîtriser. Quand ils affrontent seuls une procédure de redressement judiciaire ils ne sont que 20% à s’en tirer. Aidés par notre association les agriculteurs s’en sortent à 80% ».
Télécharger l’outil d’autodiagnostic de l’association pour évaluer la santé de son exploitation.
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