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27 avril 2016 Actualité

Retrouvance®, pour randonner autrement

Les maisons forestières ont perdu leur vocation première, héberger les agents de l’Office national des forêts (ONF). Pourquoi ne pas reconvertir ces bâtisses en gîtes pour randonneurs ? C’est le pari tenu par l’ONF avec le projet Retrouvance® qui propose aux amateurs de grands espaces des circuits, avec un guide forestier et la logistique assurée. Reportage dans les Hautes-Alpes, dans le massif du Buëch Dévoluy.

©Laurent Frisch/Min.Agri.Fr

Douze marcheurs, 8h30. Des Français, des Allemands et leur accompagnateur, engagés dans une randonnée itinérante de six jours, jettent un dernier regard sur le gîte où ils ont passés leur première nuit. Ce bâtiment du XVI-XVIIe siècle est, avec le clocher, le seul vestige du village des Agnielles. Lorsque les derniers habitants désertèrent définitivement le village, après la Grande Guerre, la bâtisse servit de maison forestière avant d’être transformée en gîte d’étape par l’ONF, il y a une dizaine d’années. « Recours, le prochain gîte d’étape, sera moins spacieux », prévient Jean-Luc Rouquet, chef de produit touristique à l’ONF. Mais tout est relatif. Les Agnielles, Recours, Rabioux, les Sauvas, Chaudun, partout les randonneurs trouveront dans ces anciennes maisons forestières confort et réconfort après une journée de marche. De vraies chambres avec de vrais lits, des douches chaudes grâce aux mini-turbines qui fournissent l’électricité, une salle à manger et de détente, spacieuse et conviviale... Il est bien loin le temps des dortoirs communs, des hors-sac [1] frugaux et de la randonnée “à la dure”.

Randonnée et patrimoine

Pourquoi et comment l’ONF, dont la mission première est de gérer les forêts publiques, en est-elle arrivée à proposer, sous la marque “Retrouvance®”, des circuits de randonnée sur plusieurs jours, avec accompagnateur, hébergement et logistique compris, dans le Buëch Dévoluy, mais aussi dans les Alpes, en Ardèche, en Ariège, dans la Drôme et dans le Limousin ? « Chef de secteur dans le Dévoluy dans les années 90, se rappelle Jean-Luc Rouquet, je me suis vite rendu compte que l’ONF détient un patrimoine important et riche d’histoire qui était en train de disparaître. Beaucoup de maisons forestières avaient été aménagées à la grande époque du service de Restauration des terrains de montagne (RTM) entre 1878 et 1920. » La priorité était alors de lutter contre l’érosion en reboisant et en aménageant des ouvrages d’art. De nos jours, l’utilité de ces maisons est moindre. Les agents, pour des raisons familiales évidentes, vivent dans les communes et se déplacent en voiture. « Au début, on s’est contenté de restaurer quelques-unes de ces maisons forestières abandonnées, pour les louer comme gîtes de groupes. Puis, sous le regard bienveillant de la direction de l’ONF, un poste de chargé de communication et du tourisme a été créé à l’agence de l’ONF à Gap. J’ai eu ensuite l’idée de proposer des circuits de randonnée sur plusieurs jours avec des étapes dans ces anciennes maisons forestières reconverties en gîtes. Il y a des savoir-faire et des métiers qui ne s’improvisent pas. J’ai donc suivi une formation d’ingénierie touristique en milieu rural à l’ENITEF [2]. Nous avons délaissé la culture des “gros mollets”, en matière de randonnée, pour s’orienter vers des produits hauts de gamme plus sophistiqués. C’était une époque charnière pour le tourisme de randonnée. »

Une randonnée tout confort

Au fil des ans, la clientèle des randonneurs a eu tendance à vieillir et à réclamer plus de confort. Outre les nuitées, Retrouvance® assure par voiture le transport des bagages, de gîte en gîte. C’est une des missions du logisticien qui veille également aux différents repas et assure toute l’intendance en amont et au cours de la randonnée. Le randonneur ne porte que son pique-nique – à moins que le groupe ne fasse étape dans une ferme auberge – et des vêtements pour se protéger, le cas échéant, de la pluie et de la fraîcheur montagnarde. Les randonnées itinérantes proposées par Retrouvance® sont accessibles à toute personne en bonne santé ayant pratiqué un minimum de balades pédestres. En moyenne, les étapes journalières n’excèdent pas six heures de marche, sans forcer le pas. Elles sont entrecoupées de longues pauses. Le dénivelé total varie entre 500 et 800 mètres. Les randonnées pédestres du Buëch Dévoluy portent aussi un certain nombre de valeurs éthiques sur lesquelles l’ONF, établissement public, ne pouvait faire l’impasse. « Dans le Buëch Dévoluy, c’est l’ONF, avec son projet Retrouvance®, qui a initié la randonnée pédestre, constate Marco, enfant du pays, géographe de formation, logisticien et accompagnateur de moyenne montagne à la belle saison. Auparavant, Veynes, ville située au pied du massif, accueillait des vacanciers attirés par le plan d’eau, mais pour qui cette montagne était déjà trop difficile. Les randonneurs eux, négligeaient ce massif qui n’avait pas le prestige des zones de hautes montagne comme la Vanoise ou l’Oisans. Cette région ne manque pourtant pas d’intérêt avec sa flore, sa faune, ses paysages où Alpes et Méditerranée se mélangent. »

Pour en savoir plus, consulter le site de l'ONF.


[1] Le hors-sac dans le langage des randonneurs est un repas que l’on porte dans son sac à dos et que l’on consomme à couvert, dans une auberge où un gîte en le faisant réchauffer le cas échéant.

[2] ENITEF : École nationale des ingénieurs des travaux des eaux et forêts