Retenues de substitution d'irrigation dans les Deux-Sèvres
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Le CGAAER et le CGEDD ont été chargés d'expertiser le projet de réserves d'eau de substitution envisagées pour l'irrigation dans le département des Deux-Sèvres.
Marais-poitevin.fr Rapport de mission interministérielle de conseil n°18074
Juillet 2018
Mots-clés : irrigation, retenue, réserve
Enjeux
Un important projet de réserves d'eau pour poursuivre l'irrigation de 9 600 ha dans le département des Deux-Sèvres a fait l'objet d’une contestation des milieux associatifs environnementaux.
Une mission du CGAAER et du CGEDD a été chargée de proposer des éléments de médiation susceptibles d'être utilisés par la préfecture du département pour rapprocher les parties et apaiser les tensions.
Méthodologie
La mission était composée de Hugues Ayphassorho du CGEDD et de Roland Renoult du CGAAER.
Après examen des études d'impact élaborées pour les enquêtes préalables aux autorisations du projet, la mission a procédé à l'audition des services techniques concernés et des différents acteurs de l'eau s’étant prononcés sur ce projet.
Ses travaux se sont déroulés en mai et juin 2018, la mission ne disposant que d'un mois pour présenter ses conclusions.
Résumé
Sur les bassins de la Sèvre Niortaise amont et du Mignon, situés majoritairement dans le département des Deux-Sèvres, 9 600 ha sont irrigués dans 230 exploitations agricoles.
L'eau utilisée actuellement provient pour l'essentiel de pompages estivaux utilisant des forages en nappe, ce qui a des conséquences sur le milieu naturel. Ce dispositif ne pourra être maintenu à moyen terme, car l'application de la réglementation sur les volumes prélevables implique que ces prélèvements ne pourront être maintenus à ce niveau.
La Société coopérative anonyme de l'eau des Deux-Sèvres a été autorisée à réaliser 19 retenues à remplir en hiver pour un volume de 8,65 millions de m³. Ces réserves permettraient de remplacer le prélèvement actuel d'été par un pompage d'hiver à une période où la ressource en eau est nettement plus abondante.
Ce projet de création de retenues a suscité des contestations et des manifestations. D'une part, les volumes des retenues sont jugés excessifs. D’autre part, les opposants au projet craignent que ces retenues favorisent une forme d'agriculture intensive « industrielle » susceptible de dégrader les milieux aquatiques et notamment la qualité de l'eau des cours d’eau et des nappes.
Suite aux entretiens qu’elle a réalisés et aux données qu’elle a exploitées, la mission a proposé des éléments de médiation portant sur :
- le volume des retenues ;
- l'usage de l'eau, des pratiques culturales et de l’occupation des sols,- la biodiversité du territoire ;
- la gouvernance de gestion des retenues et des prélèvements.
Dans le court laps de temps qui lui était accordé, la mission n'a pu présenter, au-delà de la question des volumes, que des pistes d’actions. Les approches inventoriées nécessiteront appropriation, approfondissement et formalisation par les acteurs locaux. Le résultat final doit être le fruit d'une œuvre collective, reprenant ainsi l'esprit des projets de territoires. Au vu des acteurs en présence, un rôle très actif de l'échelon départemental de l’État sera nécessaire pour élaborer et cautionner un accord entre les parties.