Quelle interprofession pour la pêche maritime ?
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Le CGAAER a été chargé d'engager un processus de réflexion et de consultation portant sur la structuration interprofessionnelle du secteur des pêches maritimes.
Rapport de mission d’appui, d’expertise et de conseil n° 21107
Mai 2022
Enjeux :
Les acteurs de la filière des pêches maritimes se sont trouvés en première ligne dans le processus de mise en œuvre du Brexit au 1er janvier 2021. Cette filière était également malmenée par les conséquences de la crise Covid.
La déstabilisation des marchés, les difficultés à pêcher, à s’approvisionner et à commercer ont constitué autant de défis à relever en urgence. À cela, se sont ajoutées les difficultés liées à la crise des carburants, aux conséquences du réchauffement climatique, à la gestion des captures, à l’orientation de la recherche et au développement… autant de sujets qui appellent une réponse d’organisations structurées qui fait encore défaut.
Dans ce contexte, les ministres chargés de la mer et de l’agriculture ont répondu favorablement à la demande d’accompagnement qui leur était faite par les représentants professionnels des pêches maritimes, en confiant au CGAAER le soin d'engager un processus de réflexion et de consultation portant sur la structuration interprofessionnelle du secteur des pêches maritimes.
Méthodologie :
La mission a séquencé son travail en quatre étapes : une analyse du contexte, une analyse du cadre juridique imposé par l’organisation commune des marchés (OCM spécifique du secteur de la pêche), une consultation de chacun des acteurs représentatifs de la filière des pêches maritimes et l’établissement de scénarios d’organisation possibles ainsi que d’un calendrier.
Résumé :
Conduite dans un contexte où la plupart des acteurs professionnels de la filière imaginait « un champ de contraintes » qui les limiterait dans leurs projets, l’analyse des textes a permis de mettre en exergue, au contraire, « un champ des possibles » très ouvert.
La mission a ensuite engagé la consultation de tous les acteurs de la filière, partant toujours des projets et des actions qu’il conviendrait de conduire collectivement et analysant les manques et les fragilités de la filière. Un large consensus s’est dégagé sur l’ambition de porter collectivement des actions précises au bénéfice de l’ensemble de la filière. La quasi-totalité des actions susceptibles d’être mises en œuvre par une interprofession a fait l’objet d’un a priori favorable, voire extrêmement favorable, tout particulièrement celles relatives à la promotion des produits et à la connaissance des marchés. Celles concernant la recherche et la gestion de crise ont également été plébiscitées. Cela signifie que tous les acteurs du secteur considèrent que ces actions sont indispensables et qu’il y a matière à les conduire dans un cadre interprofessionnel.
En prenant en compte les craintes liées aux difficultés de gouvernance ou de financement, tout en veillant à ne jamais succomber au « mythe de l’outil », la mission a élaboré trois scénarios possibles d’organisation : « statu quo », « inachevé » et « abouti ». Ce troisième scénario est le seul en mesure de combler, pas à pas, la totalité des manques identifiés par les acteurs. Il est aussi celui qui nécessitera le plus la mobilisation de l’ensemble des maillons de la filière.
En matière de gouvernance la mission recommande d’articuler la future organisation interprofessionnelle autour de France filière pêche (FFP) mais en y incluant une forte participation de l’amont et des régions, au moyen de statuts rénovés dont elle a proposé une formulation.
S’agissant du financement, la mission suggère de saisir l’opportunité des retombées financières de l’éolien offshore pour accompagner l’action interprofessionnelle sans affecter la chaine de valeur des produits.
Il convient de rappeler que la construction d’une interprofession, quel que soit le secteur, résulte de la volonté des acteurs de toute une filière à qui il revient désormais d’agir.