Publication des données provisoires des ventes de produits phytopharmaceutiques en 2020
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Les ventes des produits phytopharmaceutiques sont déclarées chaque année par les distributeurs au titre de la redevance pour pollutions diffuses et versées dans la banque nationale des ventes des distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNVD). Les données provisoires des ventes agrégées à l’échelle de la France entière pour l’année 2020, issues des déclarations réalisées début 2021 sont désormais disponibles. Elles font notamment apparaître :
- qu’en 2020, les ventes se sont élevées à 44 036 tonnes (hors produits utilisables en agriculture biologique et produits de biocontrôle) soit 20% en dessous de la moyenne 2012-2017 ;
- cette diminution se confirme en tendanciel: la moyenne triennale est la plus faible depuis 10 ans, elle diminue plus récemment de 5,7% entre 2017-2019 et 2018-2020 ;
- la poursuite de la diminution prononcée des substances les plus préoccupantes (CMR1) qui ont été réduites de 93% par rapport de leur niveau de 2016 ;
- les évolutions sur le glyphosate montrent qu’une baisse des usages est enclenchée, mais ne font pas encore apparaître les principaux résultats des travaux engagés sur ce produit (révision des autorisations de mises sur le marché par l’Anses fin 2020 et début 2021). Ces travaux devraient en effet conduire à une baisse des usages à partir de 2021, baisse qui pourra alors être observée en 2022.
Les efforts doivent se poursuivre pour réduire encore davantage l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
Ces données provisoires ont été obtenues à l’aide des référentiels les plus récents pour qualifier les données (classification des substances, fléchage du domaine d’usages, utilisation possible en agriculture biologique, etc.) Les données consolidées seront publiées en fin d’année après la collecte exhaustive des déclarations et la réalisation de contrôles de qualité des saisies.
Les 4 indicateurs présentés ci-dessous sont exprimés en quantités de substances actives contenues dans les produits phytopharmaceutiques. Ils n’ont pas vocation à se substituer aux indicateurs du plan Écophyto basés sur le nombre de doses unité (aussi appelé NODU). Le NODU 2020 sera déterminé après publication des données consolidées.
Enfin, il est nécessaire de souligner que les quantités de substances actives vendues ne reflètent ni les quantités effectivement appliquées ni la période d’application des traitements. Ainsi, la hausse de la redevance pour pollutions diffuses au 1er janvier 2019 a vraisemblablement conduit une partie des agriculteurs à stocker des produits phytopharmaceutiques fin 2018 afin d’anticiper cette hausse, générant une hausse marquée des ventes en 2018 suivie d’une baisse particulièrement importante en 2019. Ce phénomène peut aussi s’appliquer au glyphosate sur la fin de l’année 2021, où les annonces du Gouvernement ont pu conduire à un accroissement des ventes pour stockage.
Indicateur 1 : évolution des quantités totales de substances actives vendues par type d’usages
Cet indicateur rend compte de l’évolution des ventes en distinguant :
- d’une part les substances dites conventionnelles dont la réduction est recherchée ;
- d’autre part, les substances utilisables en agriculture biologique et les produits de biocontrôle dont l’usage est amené à progresser. Cette évolution s’explique par le fort développement de cette filière et de la substitution progressive des substances conventionnelles vers le biocontrôle.
Traitements : ministère de la Transition écologique (MTE/SDES), 2021
Note : AB = agriculture biologique.
Produits hors agriculture biologique et biocontrôle :
Après avoir diminué de 43% entre 2018 et 2019, les quantités de substances actives vendues n’entrant pas dans les usages de l’agriculture biologique ou dans le cadre du biocontrôle ont augmenté de 23% entre 2019 et 2020, s’établissant à 44 036 tonnes en données provisoires 2020, soit 20% en dessous de la moyenne 2012-2017.
La moyenne triennale, qui permet de mieux apprécier les tendances, poursuit sa baisse :
- - 5,7% en 2018-2020 par rapport à 2017-2019 ;
- - 9,1% en 2018-2020 par rapport à 2009-2011, premier triennal du plan Écophyto.
Cette moyenne triennale elle est la plus faible observée depuis 10 ans.
Produits utilisables en AB et produits de biocontrôle :
Les ventes de produits utilisables en agriculture biologique et les produits de biocontrôle confortent leur augmentation tendancielle : les données provisoires pour 2020 en font la seconde année la plus élevée après 2018 et la moyenne triennale est la plus élevée enregistrée, avec une progression de 20% par rapport à la moyenne triennale 2015-2017.
Indicateur 2a : évolution des quantités vendues de substances classées CMR1 au 1er janvier 2017
Cet indicateur rend compte de l’évolution des ventes de substances actives classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction avérées ou présumées (CMR 1) telles que classées à la date du 1er janvier 2017. L’évolution des quantités de ces substances figure en rouge sur le graphique ci-dessous.
Note : les substances CMR1 classées au 1er janvier 2017 correspondent aux substances CMR1 autorisées au 1er janvier 2017 et dont la classification harmonisée est CMR1 (cf. règlement (CE) 1272/2008 modifié, dit règlement CLP, relatif à la classification, l'étiquetage et l'emballage des substances et des mélanges).
Ainsi, la baisse des quantités de substances classées CMR1 au 1er janvier 2017 s’est fortement accentuée depuis 2018. En 2020, ces substances ont été réduites de 93% par rapport de leur niveau de 2016.
Indicateur 2b : évolution des proportions des substances CMR1 et CMR2 dans les ventes de substances actives contenues dans les produits phytopharmaceutiques
Cet indicateur rend compte de l’évolution de la proportion des substances les plus préoccupantes dans les ventes de produits phytopharmaceutiques, c’est à dire identifiées à ce jour comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction avérées ou présumées (CMR catégorie 1) ou suspectées (CMR catégorie 2).
Entre 2019 et 2020, la proportion de substances actives classées CMR1 parmi l’ensemble des substances diminue sensiblement, passant de 3,8% à 1,6%, tandis que celle des substances actives classées CMR2 reste plutôt stable à 10,6%.
Indicateur 3 : sortie du Glyphosate
Cet indicateur rend compte de l’évolution nationale des ventes nationales de glyphosate.
Après une diminution de 37% entre 2018 et 2019, les quantités de glyphosate vendues augmentent à nouveau de 42% entre 2019 et 2020. En moyenne triennale, le niveau des ventes s’établit à 8 151 tonnes/an pour 2018-2020, en légère diminution par rapport à la moyenne 2017-2019. Les travaux du Comité Scientifique et Technique du plan Écophyto devront permettre d’objectiver les facteurs sous-jacents de cette évolution.
Cette évolution ne reflète pas les mesures entreprises dans le plan de sortie du glyphosate : la France s’est en effet saisie de la possibilité de conduire une évaluation comparative des usages du glyphosate. Confié à l’Anses, ce travail a abouti à la mise en place début 2021 de nouvelles restrictions d’usages. Le glyphosate ne peut désormais être utilisé que dans les situations où il n’existe aucune alternative. Les effets sont donc attendus en 2021 (et pourront être observés en 2022) et devraient à terme permettre d’atteindre une baisse de 50% des utilisations de glyphosate par rapport au début du quinquennat.
Indicateur NODU : une baisse marquée en 2019
Afin d’apprécier les avancées du plan Écophyto et les évolutions des usages des produits phytosanitaires, un indicateur de suivi du recours aux produits phytopharmaceutiques a été défini avec l’ensemble des parties prenantes, c’est le NODU : « NOmbre de Doses Unités ». Calculé à partir des données de vente des distributeurs de produits phytopharmaceutiques (issues de la Banque Nationale des Ventes des Distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNV-d), le NODU correspond à la surface qui serait traitée annuellement aux doses maximales homologuées (hors produits de biocontrôle). Rapporté à la surface agricole utile française, il correspond au nombre de traitements appliqués à pleine dose sur une surface d’un hectare. Il s’affranchit des substitutions de substances actives par de nouvelles substances efficaces à plus faible dose puisque, pour chaque substance, la quantité appliquée est rapportée à une dose unité (DU) qui lui est propre.
Après une hausse de 23% entre 2017 et 2018, le NODU 2019 s’établit à 78,8 Mha, en baisse de 37% par rapport à 2018 et de 12% depuis 2009. La forte hausse du NODU 2018 est due une combinaison de facteurs parmi lesquels nous retrouvons :
- des conditions climatiques 2018 favorables aux maladies fongiques au printemps et aux insectes durant l’été et ;
- une hausse de la redevance portant sur les produits phytosanitaires au 1er janvier 2019 qui a sans doute conduit à des achats anticipés fin 2018 (effet stock).
Aussi, la baisse du NODU 2019 peut s’expliquer par la consommation des stocks accumulés en 2018.
L’utilisation de produits phytosanitaires étant très dépendante, notamment, des conditions culturales subies dans l’année, la moyenne triennale du NODU permet de lisser les effets conjoncturels. Le NODU triennal 2017-2019 s’établit à 101,9 Mha en baisse de 9% par rapport à la moyenne triennale 2016-2018. Il s’agit de la plus faible moyenne triennale depuis la période 2011 – 2013 (95,9 Mha).