Produire du carburant vert sur son exploitation, c'est possible !
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Lauréat national des premiers Trophées de la bioéconomie dans la catégorie bioénergies, Philippe Collin rêve de faire des émules avec son projet de méthanisation agricole. Il produit, sur sa ferme, du bioGNV (Gaz Naturel Véhicule), un carburant vert, distribué directement sur son exploitation, un projet unique en France.
Philippe Collin est à la tête d’un exploitation de 300 hectares en polyculture-élevage à Colombey-lès-Choiseul (Haute-Marne) conduite en agriculture raisonnée, puis en agriculture biologique. Conscient des enjeux environnementaux et soucieux d’améliorer son empreinte carbone, Philippe Collin décide d’aller plus loin et installe en 2010 une unité de méthanisation d’une puissance de 250 kW électriques, obtenus par cogénération du biogaz.
Il vend cette production d’énergie renouvelable à EDF. Quelques années plus tard, afin de mieux optimiser l’efficacité de son unité, l’agriculteur-méthaniseur pousse son projet plus loin : « Nous avions une légère surproduction de gaz que nous souhaitions valoriser », explique-t-il. Plutôt que de brûler le biogaz non consommé par la ferme, l’agriculteur souhaite en faire bénéficier les entreprises du territoire. Porté par le soutien de la Dirrecte Grand Est et de l’Ademe, Philippe Collin répond à un appel d’offres en 2016 pour la mise en place d’une unité de micro-épuration de biogaz pour produire du bioGNV (Gaz naturel Véhicule).
Le projet pilote voit le jour avec, pour partenaire, le fabriquant drômois Prodéval. L'originalité de ce projet est que le gaz vert n'est pas injecté dans le réseau de gaz de ville mais distribué uniquement sur son exploitation, ce qui rend le projet unique en France. Après deux ans de tests, les résultats s’avèrent plutôt probants : cette unité alimente la voiture au GNV de l’agriculteur et celle de son salarié et à partir du mois de juin prochain, une flotte captive d’une quinzaine de véhicules.
Parmi ses clients partenaires, l’exploitant compte un autocariste qui a investi lui-même dans un minibus pour transport scolaire au bioGNV et une laiterie pour sa collecte de lait, une première en France ! « Sur les 80 000 kg de bioGNV produits par an, environ la moitié est consommée par le camion à lait. C’est beaucoup mais le camion permet d’asseoir la rentabilité économique de la station. En parallèle, de petits véhicules légers ou utilitaires peuvent en profiter comme celui d’un boulanger ou d’une infirmière, notre volonté première », explique le méthaniseur.
Les voitures équipées d’un système GNV restent peu répandues mais le coût de ce carburant ne rejetant quasiment aucune particule fine pourrait en intéresser plus d’un. Vendu à environ 1,26 euro/kg (1 kg = 1,2 l de diesel ou 1,4 l d’essence), le prix du bioGNV de Philippe Collin est garanti pour au moins cinq ans selon le contrat établi avec ses partenaires. Pour le moment, la demande émane surtout de professionnels ou des collectivités territoriales qui roulent en « circuits courts », à moins de 50 km autour du site et prêts à s’approvisionner directement à la micro-station de l’exploitation. Diminution des émissions des gaz à effet de serre, production locale d’énergie et coût plus faible d’entretien des véhicules dû à une usure plus lente des moteurs, l’agriculteur est convaincu que cette mobilité verte peut gagner du terrain. D’ailleurs, il travaille déjà avec quatre autres fermes de la région pour installer des unités de méthanisation agricole similaires afin réaliser un maillage plus important du territoire.
Le bioGNV, c’est :
- un carburant substituable aux carburants d’origine fossile ;
- une énergie 100 % renouvelable et écologique : du biométhane carburant issu de la méthanisation de déchets organiques divers ;
- 97% de réduction des émissions de CO2 par rapport au diesel ;
- quasi 0 émission de particule fine à l’échappement.
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