24 juillet 2024 Publication

Produire de l’alternative en protection des cultures : retour d’expérience de plans d’action sur les alternatives non chimiques aux substances actives retirées

  • Janique Bastok
  • Michel Larguier

Le Gouvernement a souhaité passer d’une gestion de crise a posteriori des retraits de substances phytosanitaires à une gestion raisonnée par anticipation. La méthode proposée dans ce rapport a contribué à la conception du Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures (PARSADA).

Bandeau de la Lettre du conseil général de l'alimentation de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) n°186 juillet 2024. Ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire

Rapport de mission de conseil n° 22031-P

Mai 2023

Enjeux

« Il faut produire de l’alternative plutôt que de l’impasse » a déclaré le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire à propos de la décision d’accélérer la recherche, le développement et le déploiement des solutions alternatives aux substances actives visées par un retrait. Pour répondre à cet objectif, dans l’optique du développement de l’agroécologie, la mission a été chargée de proposer un mode opératoire et de formuler des recommandations.

Méthodologie

En vue de réaliser un retour d’expérience sur les plans précédents et de proposer un mode opératoire, la mission a conduit plus de 30 entretiens avec les acteurs des plans d’action sur la sortie du glyphosate, des néonicotinoïdes et du phosmet, soit près de 80 personnes. La mission a assisté et participé aux comités de pilotage des actions en cours sur la recherche d‘alternatives aux solutions chimiques.

Résumé

Le retour d’expérience réalisé sur les précédents plans d’action, a permis un diagnostic des obstacles et des conditions de réussite. Des recommandations et un mode opératoire sont proposés pour accompagner la conception et le déploiement de plans nationaux sur les alternatives aux substances pivots susceptibles de disparaître. Ainsi, la méthode de travail suggérée pour les prochains travaux dans le cadre du PARSADA, est la suivante :

  • s’organiser en mode de résolution de problèmes et s’accorder sur une vision commune pour construire un projet collectif et cohérent,
  • structurer le projet en quatre séquences : établir un diagnostic avec une vision à 360 degrés des solutions envisageables, concevoir un plan d’action cohérent, installer un dispositif de gouvernance de la mise en œuvre du plan, effectuer un suivi de sa mise en œuvre,
  • structurer le diagnostic et le plan d’action selon quatre axes : la connaissance des bioagresseurs et des antagonistes, les solutions à l'échelle de la plante, les solutions à l'échelle de la parcelle et du paysage, le transfert et le déploiement auprès des agriculteurs.

Cette approche est fondée sur l’engagement des filières et la définition des priorités de travail à partir d’une cartographie des usages critiques. En raison de la durée de mise au point des alternatives, le lancement des plans d'action devrait être engagé plusieurs années en amont des retraits.

Les recommandations proposées portent sur l’adaptation du pilotage général de la protection des cultures, le portage politique des plans identifiés comme majeurs, l’articulation entre les grands plans d’action et les besoins des cultures mineures, l’élaboration de plans transversaux, ainsi que les synergies à trouver au niveau européen.

Le recours aux alternatives non chimiques implique souvent la combinaison de plusieurs solutions à effets partiels cumulatifs pour retrouver une efficacité acceptable. A ce titre, un dispositif normalisé d’évaluation de ces alternatives est recommandé pour favoriser la confiance des utilisateurs.

La communication à destination des citoyens sur le déploiement des alternatives non chimiques est nécessaire. En vue de renouer le lien avec les populations, l’aide à ce déploiement pourrait en priorité être donnée aux zones à proximité de riverains, de cours d’eau et d’espaces protégés, avec des mesures d’accompagnement des agriculteurs par l’information, la formation et l’appui pour faire face aux surcoûts.

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