Pourquoi sortir du glyphosate ?
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Conformément à l'engagement du président de la République, le Gouvernement a présenté un plan d’action global pour la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires dès lors que des alternatives existent, tout en précisant que les agriculteurs ne seraient pas laissés sans solutions.
Qu'est-ce que le glyphosate ?
Le glyphosate est un désherbant utilisé pour détruire ce que l'on appelle communément les mauvaises herbes. Il s’agit d’un herbicide total. Utilisé depuis plus de 40 ans, il est commercialisé pour la première fois pour les particuliers et les professionnels par l’entreprise Monsanto sous le nom commercial de « Round Up ». Depuis les années 2000, le glyphosate est fabriqué par un grand nombre de sociétés qui commercialisent de nombreux produits contenant cette substance. Chaque année, ce sont ainsi 700 000 tonnes de matière active de glyphosate qui sont vendues dans le monde dont 9 100 tonnes en France (chiffre 2016).
En analysant ses seuls aspects économiques et agronomiques, le glyphosate combine de nombreux atouts que l’on peut résumer à une palette élargie d’efficacité, alliée à un faible coût et une facilité certaine d’utilisation. Des atouts mis à profit dans de nombreuses situations où le glyphosate a permis d’intervenir dans des terrains difficiles, s’est substitué à du travail manuel pénible, a permis de dévitaliser les plantes vivaces et pérennes en fin de cycle, a remplacé du travail mécanique visant à garantir un bon désherbage. Le glyphosate a ainsi accompagné au cours du 20e siècle les développements d’une partie importante de l’agriculture.
Le glyphosate a été par ailleurs largement utilisé dans certains pays en combinaison avec des plantes OGM, résistantes à cet herbicide. En France, la culture de plantes OGM est interdite et le glyphosate n’est autorisé qu’en inter-culture (interdiction d’utilisation sur les plantes cultivées).
Le glyphosate est-il nocif pour la santé et l’environnement ?
Le 10 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), placé auprès de l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le glyphosate devait désormais être classé cancérogène probable pour l’homme. L’agence estime qu'il existe des preuves démontrant une association entre l'exposition au glyphosate et le développement de cancers tels que le lymphome non hodgkinien et le cancer du poumon.
L’évaluation menée par les agences européennes (Autorité européenne de sécurité des aliments et Agence européenne des produits chimiques) a conclu pour sa part à l'absence de caractère cancérogène ou perturbateur endocrinien du glyphosate.
Sur la base des avis des agences européennes, la Commission européenne a proposé en 2017 de renouveler l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne pour une durée de 10 ans. La France s’est prononcée contre cette proposition, avec d’autres États membres. Sous l’impulsion de la France, la durée de renouvellement a été réduite à 5 ans.
Comment sortir du glyphosate ?
En 2017, l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) a remis aux ministres concernés son rapport sur les usages et les alternatives au glyphosate dans l’agriculture française. Ce rapport répond à plusieurs objectifs : analyser les usages du glyphosate, identifier les alternatives possibles avec leurs incidences économiques et organisationnelles ainsi que les difficultés spécifiques à certaines filières ou modes de production. Il propose enfin des mesures d’accompagnement de la transition vers des systèmes de production sans glyphosate.
Selon INRAE, « l’adaptation à un arrêt du glyphosate passe et passera par des changements profonds. Le déploiement des pratiques nouvelles doit être envisagé sur toutes les exploitations » . Toujours selon INRAE, « La sortie du glyphosate ne se fera pas par l’utilisation d’une option unique pour tous, ni même d’une option technique unique pour une exploitation agricole ou un système de culture donné. C’est donc plutôt vers l’identification de combinaisons techniques adaptées localement que s’orientent les recommandations. Ceci contribue à la complexité apparente et à la charge mentale, en particulier pendant la phase de transition. »