Pourquoi est-il nécessaire de vacciner aujourd’hui ?
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Les importants moyens déployés chaque année pour prévenir les épizooties d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ne suffisent plus à protéger les élevages de manière efficace.
Ces dernières années, l’IAHP s’est propagé dans le monde entier provoquant des épizooties d’une ampleur sans précédent et faisant peser une menace permanente à la fois sur les oiseaux sauvages et d’élevage, mais aussi sur certains mammifères et sur l’homme.
La campagne de vaccination lancée en France offre un bouclier additionnel totalement innovant pour protéger les élevages. Elle renforce le dispositif de prévention déjà en vigueur sur le territoire métropolitain (mesures de biosécurité, mises à l'abri des animaux, surveillance...) dont la bonne application reste impérative.
1. Faire face à un virus à la présence désormais récurrente
- Longtemps cantonné à l’Asie, le virus de l’IAHP (dont les souches peuvent varier d’une année sur l’autre) touche aujourd’hui le monde entier. L’Europe et l’Amérique du nord essuient des épizooties chaque année et certains continents longtemps restés indemnes – telle l’Amérique du sud – sont aujourd’hui touchés. Avec plus de 58 millions de volailles abattues, les Etats-Unis ont connu en 2022/2023 l’une des pires crises de leur histoire.
- En Europe, la fréquence des épizooties s’accélère depuis une dizaine d’années. Alors qu’en 2012/2013, une vingtaine de pays d’Europe étaient touchés par le virus, 34 l’étaient en 2022/2023. La France ne fait pas exception. Touchée de manière sporadique en 2006 (département de l’Ain) et 2007 (Moselle), la France enregistre une première crise importante en 2015-2016 dans le sud-ouest, qui se renouvèle en 2016-2017. A compter de 2020, les épizooties deviennent annuelles sur le territoire métropolitain. En 2020-2021, près de 500 élevages sont contaminés (15 départements touchés) et 3,5 millions de volailles abattus. La crise 2021-2022 atteint un niveau inégalé avec 1 378 élevages contaminés (principalement dans le sud-ouest et dans les Pays de la Loire), pour un total de 22 millions de volailles abattues. Si la crise 2022-2023 s’est révélée moins forte, elle a néanmoins entraîné la contamination de 402 élevages, conduisant à l’abattage 10 millions de volailles.
- La « saisonnalité » du virus, habituellement observée, tend à disparaître. Jusqu’ici le virus cessait habituellement de circuler et de contaminer des élevages entre la fin du printemps et le début de l’automne. En 2022, pour la première fois, le virus s’est installé durablement dans la faune sauvage sédentaire et parmi les oiseaux migrateurs qui passent l’hiver en France. Cette même année, le virus est pour la première fois revenu d’Afrique avec les migrations ascendantes du printemps, alors qu’il était d’habitude détecté lors des migrations automnales, lorsque les animaux quittent les régions du nord de l’Europe pour aller au sud.
2. Mieux protéger les filières d’élevage et limiter le coût des crises
La vaccination offre une ligne de défense supplémentaire dans le dispositif de protection des élevages. Elle complète les mesures déjà mises en œuvre dont le respect reste impératif : le respect des mesures de biosécurité à tous les maillons de la filière ; une surveillance sanitaire garantissant une détection précoce de la maladie ; une réduction de densité des élevages pour limiter la diffusion du virus ; la mise à l’abri des animaux pour éviter les contacts avec les oiseaux sauvages.
La vaccination étoffe l’arsenal de prévention et doit permettre de limiter le coût global (économique, humain, financier…) des crises. La répétition des épizooties a en effet fortement fragilisé les filières d’élevage, plaçant nombre d’éleveurs dans des situations économiques et psychologiques difficiles. En réponse, l’Etat a répondu présent lors de chaque crise en mobilisant fortement ses équipes et la solidarité nationale. Le coût de la crise 2021-2022 s’est élevé à 650 M€ pour les finances publiques, auquel s’ajoutent les moyens mobilisés dans le cadre du régime d’activité partielle.
La campagne vaccinale a pour objectif de renforcer la résilience globale des élevages et de limiter le coût des crises.
3. Préserver la santé publique : limiter le risque de transmission à l’homme
Les virus influenza aviaire ont la particularité d’avoir un potentiel zoonotique : certaines souches ont la capacité de transmettre la maladie de l’animal à l’homme. Cela a été le cas en Asie en 1997, en 2003 et en 2004-2005, entraînant plusieurs décès, notamment en Thaïlande et au Viêtnam. Plus récemment, des cas humains ont été identifiés, notamment en Chine. La vigilance sanitaire sur ce sujet est extrêmement forte au niveau international.
Vacciner, c’est mieux protéger les animaux, réduire la capacité du virus à circuler et à muter, et in fine, limiter les risques de transmission à l’homme.
4. Pourquoi n’a-t-on pas vacciné plus tôt les volailles contre l’IAHP ?
- L’absence d’autorisation européenne : la vaccination contre l’IAHP a longtemps été interdite par la réglementation européenne. Elle est désormais possible depuis l’adoption d’un règlement européen le 20 février 2023.
- La réticence de certains partenaires commerciaux étrangers : jusqu’à récemment encore, les techniques d’analyse ne permettaient pas de déterminer si un anticorps détecté sur un animal avait pour origine un acte vaccinal ou la contamination par un virus sauvage. Par crainte d’introduire le virus sur leur territoire, certains pays ont ainsi longtemps affiché une position de précaution en refusant d’importer des volailles ou des produits issus de volailles qui auraient été vaccinés. Procéder à la vaccination, c’était prendre le risque de voir ses flux d’exportation bloqués.
La nouvelle génération de vaccins change aujourd’hui la donne en offrant une signature biologique claire.
Ces évolutions techniques, mêlées à la nécessité de développer de nouvelles méthodes de lutte contre l’IAHP, ont progressivement levé les réticences à l’égard de la vaccination depuis 2 ans. En mai 2023, l’Organisation mondiale de la santé animale (l’équivalent de l’OMS pour la santé humaine) a adopté une résolution appelant à trouver des solutions innovantes pour lutter contre l’IAHP, au premier rang desquelles la vaccination.
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