Place des ingénieurs dans l’enseignement technique agricole public
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Le CGAAER a été chargé d'examiner la pertinence de la présence des ingénieurs dans l’enseignement agricole public et de proposer des recommandations d'évolution.
Rapport de mission de conseil n°21096
Juillet 2022
Enjeux :
La présence d’ingénieurs est un marqueur historique de l’enseignement agricole. Or, différentes réformes ont fortement réduit les flux entrants d'ingénieurs, que ce soit dans des fonctions d’enseignement ou d’encadrement.
Partant d'une analyse de la situation depuis dix ans, une mission du CGAAER a été chargée d'évaluer la pertinence de la présence des ingénieurs dans l’enseignement agricole public en 2022 et de proposer des recommandations d'évolution.
Méthodologie :
Après l'étude des données bibliographiques, la mission a réalisé une cinquantaine d'entretiens parmi les interlocuteurs suivants : cabinet du ministre, DGER, membres du RAPS, représentants de syndicats, directions d'EPLEFPA, enseignants, membres du CGAAER.
Résumé :
La mission a constaté une unanimité pour maintenir la présence des ingénieurs dans les établissements où leur polyvalence, leur approche systémique et leur aptitude à travailler avec les réseaux locaux (professionnels, collectivités, associations) sont valorisées.
Les ingénieurs de l’agriculture et de l’environnement constituent la majeure partie des effectifs mais, depuis 2014, il n’y a plus eu d’affectation sur des postes d’enseignants en EPLEFPA. Seuls quelques postes de chef d’exploitation ont été proposés, ce qui a contribué à réduire progressivement le vivier d’agents destinés à prendre des responsabilités d’encadrement dans les EPLEFPA.
Les emplois en EPLEFPA, y compris les postes d’encadrement qui demandent des qualités de gestionnaire polyvalent et requièrent un fort sens des responsabilités, souffrent d’un déficit d’attractivité par rapport aux autres services du ministère : moindre rémunération, accès limité aux promotions, astreintes fréquentes, mobilité difficile.
Les flux entrants d'ingénieurs dans l’enseignement technique agricole sont devenus très faibles. Ils concernent quasi-exclusivement des primo-affectations de jeunes ingénieurs et seulement très marginalement des cadres d’autres services du ministère. Les sorties, pourtant réputées difficiles en milieu de carrière, sont en revanche fréquentes.
La mission propose de mettre en place une stratégie volontariste consistant à augmenter à nouveau le vivier des ingénieurs en EPLEFPA, IPEF (ingénieur des ponts, des eaux et des forêts) et IAE (ingénieur de l'agriculture et de l'environnement). Cette stratégie, qui s’appuierait sur un suivi statistique rénové des flux d’ingénieurs dans les EPLEFPA, pourrait s’articuler autour de :
- La diversification des profils de postes proposées en sortie d’école : maintien de l’expérimentation consistant à proposer des postes de directeurs d’exploitation agricole à de jeunes IPEF, ouverture de postes de directeurs de CFPPA ou CFA pour de jeunes diplômés, maintien des postes de chargé de projet, expérimentation de postes de mi-temps d’enseignement et mi-temps de chef de projet pour des jeunes qui trouveraient à y exprimer leurs compétences d’ingénieurs ;
- L’accompagnement systématique des jeunes dans les premières années de prise de fonction : tutorat, référent, co-développement…
- La généralisation de la pratique de l’entretien professionnel annuel, quelle que soit la fonction en EPLEFPA, à des fins de guidage sur les objectifs mais aussi sur la carrière ;
- Un décloisonnement de l’enseignement agricole des autres services du ministère en communiquant sur les opportunités offertes en EPLEFPA et en offrant de meilleures propositions indemnitaires pour des ingénieurs qui viendraient prendre des fonctions d’encadrement en EPLEFPA, et ainsi faciliter la mobilisation des établissements sur les politiques publiques agricoles, alimentaires et de la forêt.