Perspectives d’avenir des relations élevage et société
Partager la page
Le CGAAER a été chargé de réfléchir aux conditions qui permettraient de réconcilier la société française et les activités d’élevage.
Rapport de mission de conseil n°21100
Mai 2023
Enjeux
La société est de plus en plus préoccupée par le traitement réservé aux animaux de rente et par l’impact des activités d’élevage sur l’environnement et le changement climatique, ainsi que sur la santé, animale et humaine.
Un fossé ne cesse de s’élargir avec les éleveurs alors que ceux-ci tentent, sans grand succès à ce jour, de répondre à ces inquiétudes en dépit des difficultés économiques qu'ils traversent et de la perte d’attractivité de métiers, insuffisamment rémunérés, et dont les services rendus à la collectivité ne sont pas reconnus.
Méthodologie
La mission a fondé son travail sur une étude bibliographique et plus de 50 entretiens (administrations, organismes internationaux, chercheurs en sciences humaines, INRAE, ANSES, syndicats agricoles, interprofessions, instituts techniques, associations, CNA...).
Résumé
La mission présente les acteurs et les termes d’une situation devenue sujet de controverse et dont les ressorts relèvent de quatre registres principaux : socio-économie, environnement, santé et condition animale, eux-mêmes déclinés en sous-registres. Il apparaît rapidement que l’élevage « parfait », celui qui donnerait « satisfaction » sur tous les aspects, n’existe pas. Seul le compromis et la co-construction d’une vision d’avenir permettront la réconciliation nécessaire pour ménager une place à l’élevage français au sein de systèmes alimentaires durables.
Deux conditions préalables devraient être réunies avant l’ouverture d’un débat entre tous les acteurs prêts au compromis :
- une clarification par les sciences, y compris humaines, des termes du débat qui pourrait être confiée à un comité scientifique multidisciplinaire et transverse ;
- un dialogue inter-filières qui permette aux professionnels de mieux s’y préparer et d’élaborer des messages communs accessibles au public.
Le ministère peut être à l’initiative de ce débat inclusif et pourrait utilement s’appuyer sur les compétences d’un tiers de confiance, par exemple la Commission nationale du débat public. Sur la base d’objectifs co-construits, il reviendrait ensuite au ministère de proposer un plan d’action dont la mise en œuvre pourrait être suivie par un groupe de veille, à créer au sein du CNA. Ce groupe aurait aussi pour mission de suivre tant les conditions d’exercice des activités d’élevage, que les attentes de la société. Par ailleurs, il est indispensable que le dialogue inter-filières se poursuive afin de faciliter les transitions à venir.
En tout état de cause, plus que la communication, l’information doit être améliorée : à destination du grand public pour mieux faire connaître les activités agricoles et d’élevage, à destination des futurs éleveurs pour qu’ils appréhendent mieux les aspirations de la société et enfin, à destination des jeunes en général pour mieux appréhender la complexité du vivant.
La France, forte d’une vision retrouvée de son élevage, pourra alors aborder sereinement les évolutions annoncées par la stratégie européenne de transition vers des systèmes alimentaires durables, « Farm to Fork » et continuer à promouvoir, à l’international, un élevage durable.