25 octobre 2021 Publication

Parangonnage sur la lutte contre les pertes agricoles et le gaspillage alimentaire

  • Charles Gendron
  • François Le Gall
  • Élisabeth Mercier

Le CGAAER a été chargé de réaliser une étude de parangonnage sur la lutte contre les pertes agricoles et la gaspillage alimentaire à l’échelle internationale.

Beandeau de la lettre d'octobre 2021 du CGAAER
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Rapport de mission de conseil et d’expertise n°19078

Mai 2021

Mots-clés : pertes agricoles, gaspillage alimentaire, pertes et gaspillage de nourriture, ODD 12.3, systèmes alimentaires, sécurité alimentaire, politiques publiques, parangonnage, France, Union européenne, pays en développement, monde

Enjeux

La réduction des pertes agricoles et du gaspillage alimentaire constitue un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire mondiale, la bonne gestion des ressources naturelles, l’atténuation des effets du changement climatique et la lutte contre la précarité alimentaire. Les estimations publiées en 2011 par la FAO ont mis en exergue qu’un tiers de la nourriture mondiale serait perdu ou jeté, générant inutilement 8 % d’émissions de gaz à effet de serre ainsi que des utilisations indues de terres et d’eau.

En 2015, l’objectif de développement durable 12.3 (ODD) a été adopté à l’horizon 2030. Il vise, à l’échelle mondiale, la réduction du gaspillage alimentaire (de moitié du volume par habitant aux stades de la distribution et de la consommation) et des pertes agricoles (concernant l’amont de la chaîne alimentaire à partir du stade post récolte sans quantification). La France a adopté des objectifs encore plus ambitieux à atteindre d’ici 2025.

Par ailleurs, il y a urgence et des opportunités à saisir dans le contexte d’élaboration et de lancement de nouvelles programmations des politiques européennes avec des instruments financiers mobilisables dès maintenant.

Le CGAAER a été chargé de réaliser une étude de parangonnage sur la lutte contre les pertes agricoles et la gaspillage alimentaire à l’échelle internationale.

Méthodologie

La mission a été menée sur la base d’un recueil de données à partir d’une bibliographie et des entretiens, ainsi que sur l’établissement d’une grille d’analyse transversale.

Elle s’est également appuyée sur des échanges avec des personnalités qualifiées et des dispositifs de veille internationale pour prendre en compte la riche actualité sur le sujet depuis l’automne 2021.

Elle a participé à de nombreuses visioconférences organisées au plan international et européen (notamment dans le cadre de la plateforme européenne).

Résumé

La lutte contre les pertes et gaspillage alimentaires occupe une place croissante à l’agenda international. Le processus d’harmonisation des concepts n’est pas terminé. Néanmoins, les initiatives se multiplient pour « mesurer, cibler, agir ». Les dernières estimations publiées font état de 14 % de pertes en amont de la chaîne alimentaire (FAO 2019) et de 17 % de gaspillage alimentaire en aval (PNUE 2021). Un processus a été engagé récemment en vue de la création de normes volontaires dans le cadre ISO et AFNOR.

Dans de nombreux pays, des stratégies ont été lancées au cours des deux dernières années pour mobiliser les acteurs publics et privés en vue d’atteindre l’objectif de développement durable 12.3.

L’implication des pouvoirs publics est variable d’un pays à l’autre. Mais, partout, des besoins de coordination et de synergies sont exprimés. Il y a encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs d’ici 2030.

Engagée depuis 2012 dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, la France s’est distinguée en s’appuyant à la fois sur des démarches volontaires et des dispositions législatives, avec l’adoption en 2013 de son premier pacte national et en 2016 de la première loi contre le gaspillage alimentaire. Elle s’est fixée des objectifs très ambitieux allant au-delà de l’ODD 12.3, à savoir par rapport à 2015, une réduction de moitié du gaspillage alimentaire aux stades de la distribution et de la restauration collective d’ici 2025, et aux autres étapes de la chaîne alimentaire d’ici 2030. L’expérience acquise, le renforcement du dispositif législatif au fil des années, l’implication croissante des acteurs publics/privés sur l’ensemble du territoire, le développement de démarches innovantes et de partenariats et les opérations témoin constituent des atouts pour atteindre les objectifs, mais ne peuvent suffire.

Les recommandations présentées dans ce rapport découlent des analyses menées aux plans international, transnational ou national, ainsi que du bilan d’ensemble réalisé pour la France.

Deux d’entre elles visent à une prise en compte optimale de l’objectif de lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires lors des grands événements internationaux, dans les politiques publiques et par les bailleurs de fonds dans le cadre de l’aide au développement.

Les cinq autres recommandations visent à doter la France d’atouts pour atteindre les objectifs par :

  • une nouvelle impulsion mobilisatrice (un Pacte III et un événement annuel fédérateur),
  • un portage politique fort et une gouvernance renouvelée et bien identifiée,
  • la création d’un observatoire (pour mesurer notamment le chemin restant à parcourir),
  • la mise en place d’une plateforme nationale (pour donner de la visibilité, développer des synergies, permettre l’essaimage des bonnes pratiques et une meilleure connaissance des possibilités de soutien),
  • un renforcement et d’une optimisation des moyens d’animation et d’appui aux acteurs économiques et associatifs, ainsi que des travaux de recherches.

Les recommandations présentées visent à franchir une nouvelle étape décisive en s’appuyant sur l’expérience acquise avec une mobilisation renouvelée de l’ensemble des acteurs concernés, en se dotant d’outils d’intérêt commun d’une manière participative et ancrée dans la vie quotidienne.

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