Nouvelles tendances des comportements alimentaires des Français
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Céline Laisney (cabinet AlimAvenir) a publié, dans les colonnes de Futuribles, une analyse de l’alimentation en France et de ses perspectives d’évolution. Elle est venue en exposer les résultats lors d’une réunion mensuelle du CGAAER, en juillet dernier.
Cette étude consacrée aux tendances lourdes des comportements alimentaires des Français, a été complétée par un article s’intéressant aux tendances émergentes et aux ruptures possibles susceptibles de modifier le modèle alimentaire français dans les années à venir.
« Végétarisation » des pays développés, baisse de la consommation de viande et des produits laitiers d’origine bovine
Cette première tendance est le fait des « flexitariens », qui réduisent leur consommation de viande pour des raisons de santé, tandis que les végétariens le faisaient en tant que militants.
Ces comportements sont davantage le fait des femmes et des classes sociales supérieures, ainsi que des jeunes. Ils s’accompagnent d’une défaveur des produits laitiers d’origine bovine (versus la brebis et à la chèvre), ce qui laisse une place importante aux « laits » alternatifs d’origine végétale.
Cette tendance s’appuierait sur la reconnaissance de la sensibilité des animaux, qui, à terme, pourrait modifier profondément les modes d’alimentation, au-delà du phénomène très réduit en nombre des « vegan ».
L’essor des labels, notamment le bio, en cours de démocratisation
Cette seconde tendance se caractérise par une évolution d’actes militants en actes d’achats intermittents, accompagnée d’une diffusion en grande distribution à une clientèle à moindres revenus.
Les magasins spécialisés se multiplient, même dans les petites localités, ainsi que des rayons en grande distribution.
Produits locaux et circuits courts
Cette tendance peut, dans certains cas, éclipser le bio, car la proximité rassure le consommateur et le conforte du fait qu’il a le sentiment d’agir en faveur de l’économie et de l’emploi local. Par ailleurs il s’agit souvent de produits saisonniers.
Les circuits courts représenteraient 7 % de la consommation et sont très divers, des AMAP à « La ruche qui dit oui » qui propose des prestations plus souples et fait appel au commerce électronique.
Des supermarchés en circuit court tels que « O Terra » ou « Frais d’ici » qui commencent à s’implanter, jouent un rôle important dans la mesure où ils offrent aussi tous les autres produits mais pas forcément locaux.
L’agriculture urbaine
Les fermes de haute technologie (en particulier hydroponiques) sont déjà développées en Amérique du Nord et leur production devient significative. L’intérêt est double : elles contribuent à l’économie d’eau et d’intrants, ce qui leur permet dans certains pays d’accéder au label Bio.
Cécile Laisney conclut que ces comportements émergents ne sont pas forcément exclusifs les uns des autres, et ne signeront sans doute pas la fin du modèle français. Ils sont plutôt le signe d’une multi-appartenance identitaire qui devrait se traduire, à terme, par un certain éclatement.