Mettre en place une veille économique dans la filière forêt-bois
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Mettre en place une veille économique dans la filière forêt-bois
© Sotransbois.fr
La filière forêt-bois française est complexe, tout le monde en convient. Et chacun convient aussi que les activités économiques de production, de transformation et de commercialisation au niveau de chacun des maillons de cette filière, nécessitent un suivi afin de fonder l’efficacité des décisions des acteurs, publics ou privés.
La mission interministérielle de 2013, dans son rapport « Vers une filière intégrée de la forêt et du bois », a consacré un chapitre spécifique à la création d’un observatoire de la forêt et du bois. Elle considérait que l’idée même de filière suppose une conception partagée des objectifs, contraintes et modalités de coopération entre acteurs, ainsi qu’une traduction dans la définition, la qualification, le partage et la valorisation des informations nécessaires au pilotage de la filière.
Or, si cette vision générale est partagée par tout le monde, les modalités de mise en œuvre le sont moins. Les multiples initiatives prises pour faire aboutir ce projet d’observatoire économique de la forêt et du bois ont toutes échoué.
Cependant, grâce à la ténacité de certains acteurs dont le ministère, le projet a été repris dans le plan national d'action pour l'avenir des industries de transformation du bois, puis dans le contrat de filière signé un an plus tard par les professionnels et l’État. Si la création d’un véritable observatoire a été considérée comme hors de portée dans un premier temps, un projet de veille économique mutualisée a été retenu sous la forme d’une mise en commun des données économiques dont disposent les acteurs.
Dans ce contexte, l’administration (DGPAAT, devenue DGPE depuis) a piloté en 2014 un groupe de travail, réunissant l’ensemble des acteurs publics et privés, qui a élaboré un projet de protocole d’accord. Le texte porte essentiellement sur :
- la gouvernance de la veille économique,
- le principe d’en confier la mise en œuvre à un opérateur unique,
- le financement qui repose pour les 2/3 sur les professionnels (CODIFAB et FBF à égalité) et pour 1/3 sur les administrations partenaires (ministères en charge de l’agriculture et de l’écologie).
Malheureusement, les livrables n’ont pas été suffisamment définis, de même que le cahier des charges de l’opérateur. Lorsqu’il s’est agi de s’entendre sur le choix de l’opérateur, les vieux démons de la division ont ressurgi et le protocole n’a pu être signé.
Une mission de médiation a alors été confiée au Président de la section « Forêts, eaux et territoires » du CGAAER, Guy Fradin.
Dans un tel projet, les questions du choix de l’opérateur et du cahier des charges sont étroitement liés. Soit on désigne l’opérateur sur la base objective du cahier des charges, soit on choisit l’opérateur et on construit le cahier des charges dans le cadre d’un dialogue partenarial. Mais la construction d’un cahier des charges suppose une convergence de vues sur les objectifs et les modalités de partage.
Comme il semblait difficile de s’entendre au préalable sur un cahier des charges, la mission de médiation a d’abord privilégié la deuxième voie en essayant de dégager un consensus sur le choix de l’opérateur pour avancer ensuite de façon concrète sur la constitution de la veille économique mutualisée.
Plusieurs organismes étaient susceptibles d’exercer la fonction d’opérateur : FCBA, IGN, GIP Ecofor, laboratoire d'économie forestière, et, bien entendu, l'interprofession France Bois Forêt. Toutefois, pour des raisons relatives à l’étendue des compétences, à la connaissance de la filière dans sa partie aval et à des divergences entre les acteurs, aucun de ces organismes n’a recueilli l’unanimité.
Un autre organisme, FranceAgrimer présentait pourtant les atouts de la compétence, de l’expérience et de la neutralité. Mais certains acteurs ont estimé que cet établissement sous tutelle du ministère était trop éloigné des secteurs de la forêt et du bois et que sa neutralité ne compensait pas sa méconnaissance de la filière.
La médiation n’ayant pu aboutir sur la base du choix de l’opérateur, l’autre option, celle de la rédaction du cahier des charges, a alors été remise en avant. La profession s’est donc attelée à la préparation d’un prototype qui a été transmis à l’administration pour examen, avant l’été.
En définitive, il semble que la maîtrise d’ouvrage de l’ensemble soit confiée d’un commun accord à l’interprofession France Bois Forêt, ce qui a le mérite de la logique et constitue un signe encourageant sur la volonté collective des acteurs de la filière d’aboutir.